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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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épouse.
    — Vesnouchka, nous n’avons pas besoin de toi pour l’instant. Va dans mon officine et commence à préparer les ingrédients dont Mania a la liste.
    Vesna se leva docilement. Pourtant, lorsque le droujinnik croisa le regard bleu sombre de ses yeux, il y lut une certaine tristesse, comme si la jeune femme ne s’éloignait de lui qu’à contrecœur. Artem se sentait tout aussi déçu. Bien qu’il se fût interdit de rechercher la compagnie de Vesna, il appréciait de plus en plus la douceur de sa présence discrète. Quand elle fut sortie, il lança à l’adresse de Klim :
    — Au travail ! Je veux les noms de ceux qui t’ont acheté ne serait-ce qu’un seul flacon de ce funeste élixir.
    — Impossible, boyard – malgré toute ma bonne volonté ! gémit Klim. Je n’en ai jamais vendu régulièrement. Quant aux ventes occasionnelles, il y en a eu beaucoup trop pour que je puisse m’en souvenir. Mais je peux énumérer tous mes clients sans exception. Je vais commencer par les quartiers résidentiels.
    Levant les yeux au plafond, l’apothicaire fit mine de réfléchir, puis se mit à débiter d’une voix monocorde :
    — Le vénérable Efim, chef de la guilde des drapiers ; le boyard Grom, commerçant anobli ; le respecté Léon, négociant en soieries ; le jeune boyard Boris ; le vénérable Pimène, chroniqueur…
    Au bout d’un quart d’heure, Artem reposa la plume avec un soupir d’exaspération. Cette liste ne lui serait d’aucune utilité ! Klim passait des riches commerçants aux dames d’atour de la princesse, des hauts fonctionnaires aux épouses des notables, sans qu’on pût déceler la moindre logique à ce répertoire. Il attendit cependant que Klim eût terminé puis déclara :
    — Mon travail serait grandement facilité si tu acceptais de me communiquer le nom de ton ancien complice, l’homme qui t’a aidé à te procurer la recette de l’élixir.
    Le bossu resta silencieux, contemplant sa coupe avec une expression faussement navrée.
    — Je peux te prédire que, tôt ou tard, ce bon Samaritain te fera chanter… à moins que ce ne soit déjà chose faite !
    Klim frappa du poing sur la table, manquant de renverser sa coupe.
    — Je n’ai pas beaucoup d’amis, boyard, mais ceux que je qualifie de ce mot sont incapables de me trahir ! Par ailleurs, je vais te prouver que je désire réellement t’aider… Oh, ne prends pas cet air sceptique ! Écoute plutôt : depuis plus d’un an, les flacons que j’utilise pour vendre mes parfums sont fabriqués ici, à Tchernigov, dans le quartier des potiers. J’y ai découvert un jeune artisan fort talentueux, une vraie perle ! Tous ces alabastres, aryballes et lécythes que je t’ai montrés, il les réalise d’après mes croquis, et il s’en tire mieux que les potiers de Tsar-Gorod. Grâce à lui, je ne dépends plus des bateaux marchands. Et je ne parle pas des économies que je réalise !
    — J’en suis bien aise pour toi, grinça Artem. Mais qu’est-ce que j’en fais, de ton aveu tardif ? Dois-je te remercier de n’avoir point menti, pour une fois ?
    Il se leva et se mit à arpenter la pièce en tiraillant sa moustache. Soudain, il s’immobilisa devant le fauteuil de Klim.
    — Cet artisan, la perle des potiers… Reçoit-il d’autres commandes semblables à la tienne ? Je veux dire, est-ce qu’il lui arrive de fabriquer ce genre de modèles pour un autre que toi ?
    Le bossu eut un sourire madré.
    — J’étais sûr que tu me poserais cette question ! Du coup, je suis allé interroger mon gars à ce sujet. La réponse est non, et je te garantis qu’il m’a dit la vérité : je le paie assez grassement pour qu’il me soit dévoué corps et âme !… Mais ce n’est pas tout, souligna Klim en levant l’index. J’ai aussi mené ma petite enquête auprès des parfumeurs les plus connus de notre ville. Aucun d’entre eux ne vend l’élixir qui t’intéresse !
    — Autrement dit, la liste des suspects se réduit à ta clientèle… Tu es sûr d’avoir trouvé ça tout seul ? Ou est-ce moi qui ai fini par t’en convaincre ? railla Artem.
    Klim avala à la file quelques rasades de vin avant de répliquer :
    — Tu peux rire si tu veux, mais ces renseignements pourraient t’être utiles. Et voici le plus important : j’ai découvert quelque chose qui t’aidera à comprendre ce qui motive le criminel. As-tu entendu parler des fêtes rituelles appelées

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