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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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tous ses sujets, quels que fussent leur appartenance ethnique et le paganisme qu’ils professaient, et continua de répandre le christianisme sous la forme grecque. Malgré la conversion générale du pays, les survivances païennes demeuraient étonnamment puissantes en Russie (on en rencontre encore des traces aujourd’hui !).
    Un autre aspect passionnant de la vie dans la Russie médiévale est la législation élaborée par Iaroslav le Sage (1019-1054), fils de Vladimir I er et grand-père de Vladimir II Monomaque. Le Code de Iaroslav, intitulé Rousskaïa Pravda (« Le Droit russe »), fixe un système détaillé et précis d’amendes destinées au Trésor, et de compensations en argent destinées à la victime ou à ses proches. Ce système s’applique à tous les forfaits possibles, du menu larcin au meurtre. Le Code de Iaroslav frappe par sa modernité : ainsi, cette clause stipulant que chaque accusation doit être étayée par sept témoignages sous serment (le parjure étant sévèrement puni) ; ou encore cette autre exigeant que le plaignant comparaisse avec l’accusé devant douze « citoyens » (hommes libres) qui expriment leur point de vue sur l’affaire avant que le jugement soit rendu par le Tribunal du prince.
    Les condamnations tiennent compte, d’une part, de la gravité du forfait, d’autre part, du statut social de la victime, toujours selon le code des lois hérité des Varègues. Ainsi chacun a-t-il sa valeur pécuniaire, son wergeld. Le meurtre d’un boyard, par exemple, se solde par une compensation de quatre-vingts grivnas, mais celui d’un serf, de cinq grivnas, plus une amende de douze grivnas versée au Trésor. Par ailleurs, un membre de la famille de la victime a le droit de provoquer en combat singulier le meurtrier et de le mettre à mort. Excepté cette vengeance « légitime », la peine de mort en tant que telle n’existe pas dans le Code de Iaroslav, et les délits les plus graves sont punis par le servage à vie.
    L’exercice de la justice est entièrement soumis au Tribunal du prince (à l’exception des affaires relevant de l’autorité de l’Église) ; c’est devant cette autorité suprême judiciaire qu’on doit porter tout crime ou délit. Le plaignant le fait à des dates fixes, le plus souvent avant Noël, avant Pâques ou vers le 1 er  septembre – la Saint-Siméon, début traditionnel de la nouvelle année. Le Tribunal se compose essentiellement de trois types de fonctionnaires : les virniki 1 , les scribes et les droujinniks qui y sont rattachés par ordre du souverain. Outre ces derniers, le Tribunal s’appuie sur l’armée princière et peut solliciter son intervention à tout moment. Sa force principale est constituée par les Varlets 2 , « jeunes guerriers » qui perçoivent un salaire et vivent au palais. Pour les besoins d’une campagne militaire ou lors des périodes de tension, le prince complète son armée en recrutant des droujinniks dans tous les milieux sociaux. En temps de paix, les Varlets, également appelés « les bras du prince », sont chargés de collecter les impôts, de servir de gardes à leur souverain, de protéger certains convois marchands et, bien sûr, d’effectuer différentes missions pour le compte du Tribunal. Les hauts fonctionnaires de celui-ci appartiennent à l’aristocratie : les boyards. Ils sont souvent, mais pas nécessairement, d’origine varègue. Cette catégorie de la population comprend les riches propriétaires terriens issus de la noblesse locale, mais aussi les chefs militaires, compagnons d’armes et amis du prince. Par opposition à la droujina des Varlets, les boyards les plus puissants constituent la droujina des Anciens.
    Cinq siècles plus tard, Ivan le Terrible parviendra à se débarrasser définitivement de la plupart des boyards devenus trop dangereux pour le pouvoir central. Pour l’heure, ils aident le prince à affermir son pouvoir. Certains d’entre eux peuvent devenir les conseillers privilégiés de leur suzerain. C’est ainsi qu’Artem, lui-même secondé par les Varlets Mitko et Vassili, assiste le jeune Vladimir II Monomaque dans la résolution de certaines affaires criminelles. Ce dernier est d’ailleurs un personnage très célèbre. Il fut un chef de guerre intrépide, excellent administrateur, habile diplomate, érudit et fin lettré. Il deviendra grand-prince de Kiev en 1113 et entrera dans l’histoire comme un des hommes d’État les plus

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