Le Sang d’Aphrodite
d’honneur, au même titre que de retrouver l’auteur de ce crime affreux !
— Je ferai tout mon possible pour m’acquitter de cette double tâche lui assura Artem en se levant. J’en fais le serment !
Le droujinnik et Philippos prirent congé, laissant Edrik seul avec le prince. En sortant du palais, ils aperçurent Mitko et Vassili qui flânaient dans la cour. Les Varlets étaient déjà au courant du drame. Une permission leur avait été accordée pour toute la durée de l’enquête et ils attendaient les ordres d’Artem.
— Comment l’affaire se présente-t-elle ? s’enquit Mitko après avoir salué le boyard.
La mine sombre, celui-ci se contenta de jeter entre ses dents :
— Allons discuter ailleurs !
— Dans ce cas, déclara Mitko, je vous emmène déjeuner dans une excellente auberge que j’ai découverte récemment : Au Cochon qui danse . Suivez-moi !
1 - Héros de bylines et de contes populaires.
CHAPITRE V
Ils quittèrent la résidence princière et enfilèrent la grand-rue. Quelques minutes plus tard, Mitko s’arrêta devant une taverne dont la porte et les fenêtres laissaient échapper des odeurs fort alléchantes. Artem hocha la tête d’un air approbateur.
— Au moins ont-ils la bonne habitude d’aérer leur intérieur. Nous n’allons pas étouffer dans une salle surchauffée ! commenta-t-il en entrant, suivi des Varlets et de Philippos.
Un jeune garçon au visage parsemé de taches de rousseur, une serviette de lin nouée autour de la taille, se précipita pour les accueillir. Il les installa non loin de l’entrée, au bout d’une longue table placée le long du mur. Artem réclama les zakouski traditionnels, puis ils optèrent pour la spécialité du lieu, le cochon de lait accompagné d’une farce aux champignons et de cornichons, de galettes de sarrasin et de fromage blanc aux noix et au miel.
Tandis que les serviteurs s’occupaient à disposer écuelles et coupes, Artem promena son regard autour de lui. À quelques coudées d’eux, un couple de citadins aisés était installé à la même table. Ils avaient fini de manger, mais l’homme refusait de partir avant d’avoir vidé la carafe d’eau-de-vie qui trônait devant lui. Penchée vers son compagnon, la femme tentait de le raisonner.
Artem tourna ses yeux vers le centre de la pièce, où une dizaine de jeunes gens étaient attablés les uns en face des autres. Ils discutaient avec animation, gesticulant et lançant des plaisanteries d’une voix forte. C’est alors qu’il s’aperçut que Philippos dévorait du regard une jeune fille brune qui le dévisageait en retour, un sourire espiègle aux lèvres. Le garçon semblait fasciné par la belle et Artem aurait juré qu’ils n’en étaient pas à leur première rencontre ! Il voulut questionner Philippos mais, à cet instant, le serviteur réapparut, portant un grand plateau chargé de mets. Ils se concentrèrent donc sur la nourriture, écoutant le gai brouhaha qui régnait dans la salle.
Quand Artem eut assouvi sa faim, il se tourna vers les Varlets et leur résuma à voix basse son conciliabule avec Edrik et le prince.
— Ainsi, conclut-il, l’assassin n’est pas reparti les mains vides : il a emporté le fabuleux collier byzantin d’Olga. Il est donc probable que ce bijou soit le principal mobile du crime. Et pourtant…
— On dirait que tu hésites, boyard, observa Mitko. Y a-t-il autre chose ?
— Ce qui me rend perplexe, c’est la violence de ce meurtre.
Artem s’interrompit pour regarder Philippos à la dérobée. Celui-ci était occupé à échanger des œillades enflammées avec la jouvencelle assise en compagnie des jeunes gens bruyants. Rassuré, il fit signe aux deux Varlets de se rapprocher et murmura :
— Je n’ai pas voulu mentionner ce détail devant notre jeune ami. Il faut que cela reste entre nous, compris ? La malheureuse Olga a été tuée d’une façon particulièrement atroce. Elle a eu la gorge tranchée et les parties génitales mutilées.
Les Varlets fixèrent Artem en silence, les yeux agrandis par l’horreur.
— Qui a bien pu commettre un acte aussi barbare ? chuchota enfin Mitko. Un dément ?
— Un homme à l’esprit troublé, à coup sûr, acquiesça Artem. Voilà pourquoi il nous faut considérer ce meurtre sous plusieurs angles. Il est certain que l’assassin convoitait ce collier inestimable. En même temps, la manière dont il a mis à mort la victime prouve qu’il
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