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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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de la médecine du grand Abu ibn Sinā, ou Avicenne, ainsi qu’on l’appelle en Occident. Permets-moi de te le montrer !
    L’apothicaire s’empara d’un manuscrit à reliure de cuir et argent. Une fine chaîne d’acier l’attachait à son rayon.
    — Précaution de collectionneur ! commenta Klim en souriant tandis qu’il posait le codex sur sa table.
    — Notre prince en use aussi dans le Dépôt des Livres, approuva Artem. Il a constitué ce dernier exprès pour permettre à tous ses sujets de consulter les ouvrages qui les intéressent.
    — À qui le dis-tu ! J’ai été parmi les premiers à profiter de sa générosité, renchérit Klim, avant de lancer à son épouse : Ma mie, c’est la sécheresse, ma parole ! Vite, de quoi nous rafraîchir le gosier !
    Tandis qu’Artem examinait le codex, Vesna apporta coupes, carafes et plats chargés de friandises. Ils s’installèrent tous trois autour de la table basse.
    — Ainsi que tu as eu la courtoisie de me le proposer, commença Artem, j’aimerais que tu m’aides à identifier un parfum rare et précieux.
    Il répéta fidèlement ce qu’il avait entendu de Philippos, mais aussi de Manouk le médecin. Dès qu’il se tut, l’apothicaire et sa femme échangèrent un regard entendu.
    — Tu fais sûrement allusion au parfum d’Olga, boyard, avança Vesna. Ne sois pas surpris ! Tout le monde connaissait la belle fille d’Edrik, et la nouvelle de sa mort s’est répandue comme un feu dans la steppe. On évoque ce drame affreux en parlant d’un « meurtre aux aromates » !
    Artem étouffa un juron. Comme souvent, la propension des gens à colporter des ragots risquait de compromettre l’enquête !
    — Tu as raison, dame Vesna, acquiesça-t-il. Ce sont les propriétés de cette drogue qui m’intéressent. Je crois savoir qu’il s’agit d’un puissant aphrodisiaque.
    — Dans ce cas, remarqua Klim en souriant, tu en sais plus que moi, boyard !
    — Voyons, mon époux, et si c’était ce fameux élixir dont tu…
    Vesna se mordit la langue tandis que l’apothicaire la dévisageait d’un air de reproche. Elle rougit comme une jeune fille et baissa les cils. Klim jeta un clin d’œil au droujinnik.
    — J’ai une compagne merveilleuse, mais hélas ! la femme idéale n’existe pas. Toutes les filles d’Ève ont les mêmes défauts, et plus elles sont ignorantes, moins elles savent tenir leur langue !
    Vesna bondit sur ses pieds et foudroya son mari du regard.
    — Mes défauts ne te gênent point quand tu me demandes de t’assister ! rétorqua-t-elle. Je passe mon temps à trier, doser, peser les ingrédients, mesurer le temps de cuisson, surveiller tes fichues préparations…
    Elle s’interrompit, hors d’haleine. Le bossu se releva à son tour, non sans mal, car il avait vidé à lui seul un pichet d’eau-de-vie aux airelles. Il prit tendrement les mains de Vesna et déposa un baiser sur chaque paume. Puis il l’enlaça par la taille et tenta de la faire asseoir, tout en vacillant dangereusement. Vesna céda et reprit place dans son fauteuil.
    — En vérité, je suis un ingrat ! s’exclama Klim en se laissant retomber sur son siège. Vesnouchka m’a demandé de lui enseigner la science des plantes exprès pour me seconder dans mon travail. C’était son idée, et je l’ai approuvée. L’être humain doit toujours chercher à se dépasser, n’est-ce pas, boyard ? La plupart des gens, malheureusement, laissent leur esprit s’assoupir avec le temps.
    — S’assoupir, c’est le mot ! lança Vesna. C’est ce qui risque de t’arriver si tu continues à boire, mon mari ! Tu ferais mieux de répondre aux questions du boyard sur cette potion odorante dont le meurtrier d’Olga s’est servi.
    Klim haussa ses sourcils broussailleux.
    — Pour l’heure, c’est toi qui sembles être la mieux informée grâce aux potins. Alors, dis-nous ce que tu appris ce matin au marché.
    Vesna, qui avait recouvré son calme, se leva pour s’assurer qu’aucun domestique ne se trouvait dans le couloir. Elle referma soigneusement la porte et déclara :
    — On dit que ce monstre s’est introduit dans la propriété tard dans la soirée et a réussi, on ne sait comment, à faire sortir Olga de la maison. Elle portait son fameux collier byzantin, ce qui n’étonne personne : tout le monde sait qu’elle se pavanait toute seule, affublée d’ornements comme si elle s’apprêtait à rompre le fromage… Bref, il

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