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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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paraît que le scélérat l’a envoûtée, purement et simplement, et cela, grâce à cette essence aromatique ! Il a pu la tenir à sa merci, le temps de satisfaire ses désirs impurs. Ensuite, il l’a sauvagement assassinée et dépouillée de son collier. Quand il l’a laissée, la malheureuse baignait dans son sang… Enfin, c’est ce qu’on raconte, se hâta-t-elle de conclure.
    Le bossu vida sa coupe d’un trait et fixa Artem d’un œil glauque.
    — Q-que le boyard veut-il savoir de plus ? hoqueta-t-il.
    — De quelle façon agit cette drogue ? Quelle est la quantité nécessaire pour qu’elle produise son effet ? Et surtout, comment les riches débauchés peuvent-ils s’en procurer dans notre ville ?
    — Allons, boyard, inutile de me cribler de questions ! répliqua Klim d’une voix pâteuse. Je ne connais point cette maudite substance. Mais puisque tu insistes… j’accepte d’effectuer quelques vérifications.
    Au prix d’un effort considérable, il se remit debout, se traîna jusqu’aux rayonnages et choisit un manuscrit à reliure de bois, volumineux mais de modeste apparence. Il alla le disposer sur sa table de travail, repoussant d’un geste impérieux rouleaux d’écorce et parchemins empilés. Mais à peine s’était-il laissé glisser dans son fauteuil que sa tête retomba sur sa poitrine. L’instant d’après, on entendit un ronflement sonore entrecoupé de sifflements réguliers.
    Artem se leva à son tour pour aller examiner le codex ouvert devant l’apothicaire. Écrit à l’encre noire, le texte était en grec, langue que le droujinnik parlait couramment, mais il avait du mal à déchiffrer les mots qui s’enchaînaient en lignes serrées. Il revint s’installer à sa place et fixa Vesna qui lui souriait.
    — N’ordonne pas de nous châtier, mais ordonne de nous pardonner ! murmura-t-elle, s’efforçant de dissimuler son embarras grâce à cette formule cérémonieuse.
    — Comment ne pas pardonner à une dame aussi gracieuse ? dit le droujinnik en lui rendant son sourire.
    Il avala une gorgée d’hydromel et fit tourner sa coupe entre ses doigts pour se donner une contenance.
    — C’est moi qui risque de manquer de courtoisie, reprit-il, le visage de nouveau grave. Je suis obligé de t’interroger sur ce dangereux élixir qui a été utilisé par le meurtrier d’Olga.
    — Je jure par Notre-Sauveur que j’ignore la nature de cette substance, répondit Vesna en posant la main sur son cœur. Et si mon époux affirme qu’il ne possède pas d’informations à ce sujet, c’est qu’il en est ainsi. Ah ! tu comprendrais mieux si tu savais combien de parfums et de liqueurs aux vertus remarquables ont disparu à jamais !
    Elle se leva et se mit à marcher de long en large dans la pièce. Son pas était souple et elle balançait légèrement des hanches ; sans être provocante, sa démarche était empreinte d’une sensualité tout animale.
    — Il arrive que les disciples des grands savants perdent les secrets de leurs maîtres, poursuivit-elle, songeuse. De même, les héritiers des brillantes civilisations des temps jadis n’ont pas toujours sauvegardé les recettes de certaines préparations. Il n’existe de par le monde qu’une poignée d’érudits qui connaissent les méthodes et les procédés de l’apothicairerie ancienne. En toute honnêteté, j’ignore si mon mari en fait partie…
    Vesna lança un regard oblique en direction de Klim qui continuait à ronfler, affalé dans son fauteuil. Puis elle secoua sa crinière rousse avec un air décidé et déclara :
    — Quoi qu’il en soit, je désire t’aider, boyard. Je crois savoir de quel type de drogue il s’agit. Depuis tout à l’heure, je pense à l’une d’entre elles : le Sang d’Aphrodite.
    Intrigué, Artem la dévisagea en silence. Vesna rapprocha son siège de celui du droujinnik et s’installa à ses côtés. Comme elle rajustait sa robe, Artem sentit son chaud parfum lui monter à la tête. Cette femme si naturelle était bien plus dangereuse que la pire des coquettes avec ses agaceries et minauderies !
    — Un mythe de la Grèce antique est à l’origine de ce nom, expliqua Vesna. Selon cette légende, Myrrha, fille de roi, prétendait égaler Aphrodite en beauté. Pour se venger, la déesse provoqua une liaison incestueuse entre le père et sa fille à l’insu du père. Dès que celui-ci prit conscience de ce qui s’était produit, il décida de tuer sa

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