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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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bien sûr, ça tombe sous le sens ! s’écria la jeune femme. Olga n’a point succombé à un philtre magique. Elle n’a pas été tuée par hasard – je veux dire que le meurtrier n’était nullement un quelconque vagabond. Par le Christ, qui aurait cru… La prude, la fière Olga avait un amant, et ils pimentaient leurs ébats en utilisant cet élixir !
    — Par le cul du Diable, qu’en sais-tu ? gronda Klim. Ah, les bonnes femmes, toujours prêtes à cancaner ! Voilà le genre de remarque qui donne naissance aux bruits les plus infamants.
    — La supposition de ton épouse n’a rien d’invraisemblable, souligna Artem.
    Klim claqua des lèvres.
    — Même si le meurtrier avait pu se procurer le Sang d’Aphrodite, qu’est-ce que ça prouve ? Peut-être a-t-il violenté Olga avant de la tuer et de dérober le collier byzantin.
    — Un violeur anonyme, recourir à un aphrodisiaque ? Absurde ! railla Vesna. Cela prouve plutôt que le meurtrier n’a pas prémédité son acte. Il a pu tuer Olga dans un accès de colère… Mais c’est bien son amoureux qui l’a assassinée ! J’en suis certaine, je le sens au fond de moi !
    — Allons, inutile de se disputer, intervint le droujinnik. Quelle que soit l’identité de l’assassin, il y a de fortes chances qu’il se soit servi du Sang d’Aphrodite. Ce philtre se trouve quelque part ici, à Tchernigov… Et j’ai du mal à croire que le savant apothicaire Klim n’en ait jamais détenu, ne serait-ce qu’une petite quantité !
    — Pas une goutte ! s’exclama le bossu en roulant ses yeux noirs et brillants comme des billes. Je peux te le jurer sur les reliques de saint Nicolas le Thaumaturge !
    Artem balaya ses propos d’un revers de la main.
    — Tu es bien imprudent de jurer sur les saintes reliques de qui que ce soit. Quant au fameux élixir, son nom est indissociable du mythe que dame Vesna m’a conté. C’est bien du sang de la déesse que naissent les fleurs les plus odorantes. Voilà qui fait songer à certains rites où le sang des sacrifices qu’on faisait aux dieux se mêlait aux libations parfumées… Je me trompe ?
    Le bossu s’agita sur son siège.
    — Ce sont là des pratiques fort anciennes, éluda-t-il. Quant à savoir si l’assassin d’Olga s’est livré à un rituel de ce genre, c’est à toi de le découvrir !
    — Et que penses-tu du meurtrier ? interrogea Artem en dardant sur l’apothicaire le regard aigu de ses yeux gris acier.
    Klim écarta les bras.
    — Difficile à dire ! Si c’est l’amant d’Olga qui a fait le coup, alors la malheureuse a sûrement été victime de la jalousie maladive de cet individu. Qu’il ait voulu évoquer un rite ancien ou non, c’est un homme aux humeurs viciées et à l’esprit troublé. Ou encore…
    — Ou encore ? le pressa le droujinnik.
    — Cela pourrait être quelqu’un qui s’adonne à la magie noire. Les sorciers ont toujours aimé le sang !
    Artem détourna les yeux, réprimant un frisson involontaire. La magie noire ? Non, il ne s’agissait point de sorcellerie ni de rites sataniques, mais de la perversité humaine, dont il savait par expérience reconnaître les signes. Toutes les diableries du monde ne suffiraient pas pour expliquer certaines actions qui obéissent à un penchant bestial, une force primitive et irrésistible : l’attirance du Mal.
    Après un silence, le droujinnik dit à mi-voix, comme s’il se parlait à lui-même :
    — Notre homme n’est pas un mage, ni d’ailleurs un possédé. Sa folie est d’une autre nature. Je ne vais pas m’étendre là-dessus maintenant. Ce qui compte, c’est que l’assassin connaît le mythe et qu’il s’en sert parce que ça l’arrange.
    Artem marqua une pause avant de poursuivre en fixant l’apothicaire :
    — Quoi que tu dises, vénérable Klim, cet homme utilise cet élixir que tu prétends introuvable aussi souvent qu’il en a besoin ! Il a choisi la drogue la plus efficace pour exciter les plaisirs des sens. Toutefois, il ne peut accéder à la jouissance suprême qu’en suppliciant ses victimes et en les mettant à mort. Voilà pourquoi il tient à célébrer ce rituel qui date des temps immémoriaux. Je suis persuadé qu’il a déjà commis ce genre de meurtres par le passé… Et fatalement, il continuera !
    Ayant lancé un dernier regard vers Vesna, le droujinnik remercia ses hôtes et prit congé.

CHAPITRE VIII
    Les derniers rayons du couchant filtraient à

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