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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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« Les meurtres ont été perpétrés avec une sauvagerie extraordinaire, qui rappelle de manière non équivoque le métier dégradant exercé par les deux victimes. » Mitko et moi avons pensé que cette remarque permettait de faire le lien avec l’affaire qui nous intéresse.
    Artem lança un regard discret vers Philippos. Celui-ci avait pâli et repoussé son morceau de tourte sans le finir.
    — Ainsi, le tueur du faubourg sud s’est acharné sur ses victimes de la même façon que l’assassin d’Olga, reprit Vassili. Toutefois, le premier meurtre a eu lieu il y a presque cinq étés. Est-il possible que ce même monstre puisse sévir dans notre ville depuis si longtemps ?
    — Cinq étés, répéta Philippos. Ça correspond à ce que disait le vénérable Pimène ! Le meurtrier s’en prenait justement aux filles de joie des quartiers miséreux.
    — J’ignore si nous pouvons nous fier aux souvenirs du chroniqueur, observa le droujinnik avec une mine sceptique.
    Il fit signe à Vassili de poursuivre. Celui-ci rangea le rouleau d’écorce dans sa poche, en sortit un autre et le déroula.
    — J’en viens au second dossier dont nous avons trouvé des traces. Curieusement, il s’agit là aussi d’un double meurtre. L’enquête n’a pas abouti, et tous les documents ont été détruits quinze lunes après les faits, ainsi que la loi l’autorise quand personne ne vient réclamer le prix du sang. Il ne subsiste que le rapport de l’enquêteur du Tribunal. Il est assez détaillé et paraît fiable – encore que cet homme ait l’esprit aussi borné que le fonctionnaire que j’ai cité tout à l’heure.
    — À quand ces meurtres remontent-ils ? voulut savoir Artem.
    — À deux étés. Ils ont été commis une dizaine de lunes avant celui de la blanchisseuse Oulita. Voici le peu de choses qu’on sait sur les deux victimes : Photia, une jeune Grecque originaire de Chersonès, mercière de son état, louait une échoppe sur la place du Marché. Son amie Klava était employée comme servante dans une auberge sise non loin de la même place. La première a été égorgée dans son arrière-boutique, la seconde dans la soupente où elle logeait.
    — Et aucune d’elles n’a cherché à se défendre ? demanda Philippos, incrédule.
    — L’homme du Tribunal se borne à supposer que les victimes devaient connaître leur meurtrier, répondit Vassili.
    — Elles ont été tuées le même jour et de la même façon, dit Mitko entre deux bouchées. Ça fait beaucoup de points communs ! Pour sûr que ces deux amies et voisines ont péri de la main du même scélérat.
    — Avant que tu nous fasses profiter de tes lumineuses déductions, le coupa Vassili, j’aimerais en finir avec le rapport de l’enquêteur. Il note que la mercière et la servante menaient une vie dissolue et écrit : « Les corps des victimes ont été profanés d’une façon si horrible que la bienséance ne permet pas de l’évoquer. On dirait que leur agresseur a voulu les punir par où elles ont péché. »
    — Voilà un limier tellement soucieux de la bienséance qu’il décide de classer l’affaire au lieu d’essayer d’arrêter ce fou dangereux ! s’indigna Philippos.
    — Pour notre fonctionnaire, il ne s’agit point d’un fou, souligna Vassili. Il conclut à un crime crapuleux en se fondant sur la déposition du frère cadet de la mercière grecque. Le gamin – on ignore son nom et son âge – mentionne la disparition de quelques bijoux ayant appartenu à sa sœur. C’est à cause de ce vol que l’enquêteur attribue le crime à un malandrin.
    — En tout cas, les deux belles couchaient avec ce scélérat, résuma Mitko qui, enfin rassasié, caressait sa bedaine. Elles n’avaient aucune raison de le craindre et étaient peut-être même amoureuses de lui.
    Mitko eut un hoquet sonore. Vassili lui décocha un regard noir, rangea le rouleau d’écorce dans sa poche et déclara :
    — Il y a sûrement un rapport entre ces deux doubles meurtres, malgré le laps de temps qui les sépare. Si seulement on en savait plus sur la condition de l’assassin…
    — Nous en savons bien assez, tu l’as dit toi-même ! affirma Philippos. C’est un homme aisé, peut-être un boyard, qui appartient à la belle société de Tchernigov. C’est bien sa fortune, ainsi que son rang, qui lui a facilité chaque crime. De plus, toutes les victimes ont été tuées avec la même sauvagerie…
    Philippos

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