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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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vague.
    — Venons-en au fait. Que voulais-tu raconter ?
    — Cette rumeur concernant l’assassin qui sévissait à Tchernigov il y a quelques étés. C’était bien sous le règne d’Oleg ; les filles de joie avaient alors le droit de racoler où elles voulaient. Au début, ces bruits ne circulaient que dans les quartiers mal famés, puis ils se sont répandus dans toute la ville. On dit que ce forcené a trucidé une bonne vingtaine de gueuses ! Cependant, une ou deux victimes ont survécu à ces nuits sanglantes. Elles se sont rendues au Tribunal…
    Pimène fit claquer ses lèvres et secoua la tête avec réprobation.
    — Dire que les catins avaient le droit d’aller voir le receveur de plaintes comme tout un chacun ! Bref, il y a eu une enquête, qui n’a pas abouti. L’homme était peut-être fou, mais pas bête ; il est passé à travers les mailles du filet.
    Artem réfléchit à toute allure. Quelque chose sonnait faux dans le récit de Pimène, mais quoi ? Était-ce simplement l’incongruité d’entendre cette horrible histoire de la bouche de ce vertueux personnage ? À supposer qu’il ait dit la vérité, cette information n’était sûrement pas à négliger.
    — Te souviens-tu d’autres détails ? s’enquit-il.
    Pimène eut un sourire satisfait.
    — Tu fais donc confiance à ma mémoire ? Voyons… Je crois bien que cet homme ne fréquentait que les putains de bas étage. Il les battait sauvagement. On disait qu’il ne trouvait son plaisir qu’en torturant ses amantes et en les regardant mourir. Ces crimes ont provoqué un véritable vent de panique. Les dames respectables étaient aussi terrorisées que les femmes de mauvaise vie !
    — Tu es plutôt bien renseigné sur les malheurs de ces créatures insignifiantes ! remarqua Artem en transperçant Pimène du regard. Il t’arrive donc de sortir de ta tour d’ivoire ?
    — À peine, rétorqua le chroniqueur. J’avais alors un assistant, un excellent calligraphe, bien que fainéant et ivrogne. Ses jambes se dérobaient sous lui, mais, une fois installé à son lutrin, il avait la main ferme et la plus belle plume du monde ! C’est lui qui me narrait les mésaventures de ces pauvres filles.
    — Est-ce qu’il travaille toujours pour toi ?
    — Que non ! S’il vit encore, il doit traîner dans le ruisseau.
    Tiraillant sa moustache, Artem s’accorda quelques instants de réflexion. Il devait y avoir des citadins qui se rappelaient encore les événements de cette époque. Il faudrait les retrouver et les interroger afin de comparer ces témoignages au récit de Pimène. Pour l’heure, des tâches plus urgentes requéraient son attention.
    Ils prirent congé du chroniqueur et décidèrent de se rendre au refuge des quatre sages pour s’entretenir de l’enquête. Devançant le droujinnik et les Varlets, Philippos courut jusqu’aux cuisines pour ordonner qu’on leur apporte une solide collation. Les domestiques arrivèrent à la tonnelle avant eux, si bien que les quatre amis trouvèrent la table apprêtée et les boissons servies.
    Dès qu’ils se furent installés, Mitko se jeta sur un énorme plat de viande aux concombres assaisonnée à l’huile de chènevis. Alors qu’il s’empiffrait en laissant entendre de petits gémissements de plaisir, Vassili remarqua :
    — Voilà qui est parfait ! J’ai au moins une demi-heure pour parler sans risquer d’être interrompu.
    Artem mangea du bout des lèvres, se contentant de quelques petits pâtés au chou et aux champignons. Philippos, lui, dégustait une tourte chaude à la sauce piquante, tandis que Vassili s’essuyait déjà les doigts avec une serviette de lin. Il tira de la poche de sa tunique un mince rouleau d’écorce de bouleau et reprit la parole :
    — J’ai résumé le contenu des documents que nous avons compulsés grâce au vieux Timofeï. Est-ce que tu désires y jeter un coup d’œil, boyard ?
    Artem, qui sirotait son hydromel, secoua la tête.
    — Raconte-moi plutôt ce que vous avez appris. Je pourrai ainsi me faire une idée précise de l’ensemble des informations dont nous disposons à ce jour.
    Vassili déroula précautionneusement le carré d’écorce, consulta ses notes puis déclara :
    — Une dernière chose à propos du meurtre de la jeune Oulita : la blanchisseuse comptait plusieurs courtisans parmi ses clients. À part cette affaire, nous en avons exhumé deux autres, elles aussi classées sans suite.
    — On

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