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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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s’interrompit. Artem lui tapota la main d’un geste affectueux.
    — Il s’agit du même assassin, reprit le garçon, qui était l’amant de ces jeunes femmes. Voilà pourquoi elles n’ont pas cherché à se défendre. Seule Anna a tenté de résister, mais elle n’avait aucune chance.
    — Dire que ce monstre a déjà frappé tant de fois ! remarqua Mitko d’une voix lugubre. Les deux filles de joie, la mercière et la servante, puis la blanchisseuse Oulita… Il y a quatre lunes, la sœur de Boris, et enfin la belle Olga !
    — On devine comme une progression, avança Vassili. Ce dément a commencé par tuer et mutiler des ribaudes, et voilà que maintenant il s’attaque à de nobles jouvencelles. Y a-t-il une logique à tout ceci ?
    — Peut-être est-ce beaucoup plus excitant, à ses yeux, de semer la terreur dans les milieux respectables de la capitale ? suggéra Philippos. Avec le temps, il est devenu plus téméraire : chaque nouveau défi dépasse le précédent !
    — Il se sent d’autant plus digne d’admiration que ses exploits lui paraissent audacieux, renchérit Artem. Qu’est-ce qui peut bien se passer dans cet esprit ravagé par la folie ? Pourquoi tient-il à mutiler les corps de ces malheureuses ? Et la disparition des bijoux ? Ce détail s’explique peut-être également par le rituel auquel ce pervers se livre avec chacune de ses victimes. Mais il faut plus d’éléments pour confirmer cette hypothèse ! Dans le cas d’Olga, le vol du précieux collier a sans doute été le fruit du hasard… Qui sait pourquoi elle le portait ce soir-là ? Pour son propre plaisir ou pour se pavaner devant son amoureux ? Quoi qu’il en soit, l’assassin a vu le joyau et saisi l’occasion.
    — Il a voulu joindre l’utile à l’agréable ! commenta Mitko en claquant de la langue.
    Artem lui lança un coup d’œil de reproche avant de poursuivre :
    — Résumons : notre homme éprouve du désir pour les femmes tout en les haïssant, au point de vouloir les châtier de la manière la plus sauvage qui soit. Il y a cinq étés, il agresse deux prostituées. Près de trois ans plus tard, il s’acharne contre la mercière grecque et son amie, la servante d’auberge. Puis c’est le tour de la blanchisseuse Oulita. Notons que dans ces trois cas, il s’agit de jeunes femmes de condition modeste, mais honnête.
    — Honnête ? Chacune avait plusieurs amants, releva Mitko.
    — Nous savons ce que valent les commérages, objecta Vassili. Je parie que ces jouvencelles ont été séduites puis assassinées par le même monstre.
    — Je pense comme Vassili, approuva le droujinnik. Moins d’un an après le meurtre d’Oulita, encouragé par le fait que ses crimes restent impunis, notre homme s’attaque à une jeune fille noble, Anna, et quatre lunes après, il recommence avec Olga. Ces meurtres sont peut-être liés à une déception amoureuse. Mais il y a une question plus importante…
    Artem marqua une pause. Il fixa pensivement sa coupe vide puis reprit :
    — Pourquoi l’assassin a-t-il cessé de tuer pendant deux étés ? Bien que les archives soient incomplètes, on dirait qu’il n’y a eu aucun crime sanglant entre le meurtre des deux petites courtisanes et celui de la mercière grecque et de son amie. Il doit y avoir une raison, quelque chose qui l’a poussé à se tenir tranquille pendant cette période !
    Mitko, qui caressait les boucles blondes de son collier de barbe, laissa échapper un petit rire.
    — Peut-être qu’il avait déniché quelque parangon de vertu et qu’il voulait rompre le fromage avec elle… Mais il a fini par s’en lasser et il l’a trucidée à son tour !
    Artem se leva, l’air sombre, les sourcils froncés.
    — Nous manquons de témoignages, jeta-t-il. Mitko et Vassili, vous allez retrouver le père d’Oulita. Interrogez-le et, au besoin, amenez-le au Tribunal. Tâchez aussi de mettre la main sur quelque amie de la blanchisseuse qui serait informée de ses secrets.
    Sur ces mots, le droujinnik fit signe à ses collaborateurs que leur réunion était terminée et quitta la tonnelle. Si les Varlets lui emboîtèrent le pas, Philippos s’attarda. S’étant assuré qu’il était seul, il sortit de sa poche le flacon qu’il avait ramassé la veille au soir chez Nadia. D’environ trois pouces de hauteur, à col étroit et à panse renflée, décoré d’un motif géométrique noir sur fond rouge sombre, il ressemblait à une

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