Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
Vom Netzwerk:
le prendre au piège avec ses questions. D’ailleurs, il se doutait bien qu’il serait impossible de lui soutirer plus d’informations aujourd’hui. Il s’apprêta à prendre congé. Aussitôt, Vesna se leva et, posant la baguette près de l’âtre, déclara qu’elle allait le raccompagner. Ils sortirent ensemble sur le perron. La jeune femme se tourna vers le droujinnik. Il sentit le souffle frais de sa respiration. Il plongea son regard dans le sien et devina au fond de ses iris bleus on ne sait quelle mélancolie.
    — Dame Vesna… commença-t-il d’une voix rauque, avant de s’éclaircir la gorge et de poursuivre : Je te supplie de me confier le nom du complice de ton époux. Klim est-il conscient qu’il protège peut-être un assassin ?
    — Sur ma vie, j’ignore de qui il s’agit ! Mais je suis persuadée que mon mari finira par te l’avouer. Malgré son air insouciant, cette histoire de vol le travaille. Elle pourrait ruiner l’estime que lui portent ses collègues. Songe un peu : l’œuvre de sa vie !
    Vesna s’interrompit, le regard perdu au loin. Elle soupira avant de reprendre :
    — Mon mari s’est toujours battu pour rester fidèle aux choix qu’il avait faits dans sa vie. C’est un vrai savant qui avance en refusant la facilité. Or il est bien malaisé de trouver quelque chose de nouveau sans s’écarter du chemin bien tracé !
    — Et du droit chemin, ne put s’empêcher de plaisanter Artem.
    — S’il lui est arrivé de s’en détourner, c’est pour chercher un raccourci, pas pour s’engager dans une mauvaise direction ! rétorqua Vesna. Et puis, à chemin battu, il ne croît pas d’herbe !
    Ils éclatèrent de rire tous les deux. Artem tardait à partir, envahi par une extraordinaire sensation de bien-être au contact de la jeune femme.
    — Peut-être pourras-tu m’aider d’une autre façon, reprit-il avec douceur. Tu connais les dépenses et les recettes qui figurent dans votre livre de comptes, n’est-ce pas ?
    — Hélas ! J’assiste mon mari dans ses travaux, pas dans le commerce qu’il fait de ses préparations. Je sais qu’il tient le registre des opérations les plus importantes, mais il ne m’a jamais rien montré.
    — Alors, revenons à ses clients. Tu te souviens sans doute des jeunes gens qui déjeunaient dans la même taverne que nous le jour où nous nous sommes rencontrés. À la fin du repas, ils se sont précipités pour saluer Klim comme des amis intimes : Boris, Igor, Kassian…
    Artem enchaîna encore quelques noms.
    — En effet, ils nous fréquentent tous, confirma Vesna. Quelques-uns se sont rendus à Byzance en compagnie de mon époux. Ce n’est un mystère pour personne ! Les voyageurs qui partent pour Tsar-Gorod au printemps prennent le même bateau. Par ailleurs, les jeunes courtisans raffolent des mixtures réputées pour leurs vertus, euh… revigorantes.
    — Pourquoi ces gaillards auraient-ils besoin d’aphrodisiaques ? Ce n’est qu’une lubie stupide ! s’exclama le droujinnik.
    Vesna eut un sourire embarrassé.
    — Mon époux plaisante parfois à ce sujet : en abusant de ces breuvages, dit-il, ils pèchent moins par luxure que par gourmandise ! C’est une question de mode, voilà tout. Il est plus utile pour toi de savoir que chacun de ces jeunes gens courtise plusieurs belles à la fois.
    — Je vois mal Boris conter fleurette à qui que ce soit, protesta Artem. Quant à Igor, que diable, il est marié !
    — Les apparences sont trompeuses. Boris est plus sensible à la beauté des femmes mûres qu’aux avances maladroites d’une pucelle. Ainsi, il apprécie Svetlana, laquelle n’a d’yeux que pour son époux.
    — Mais ses beaux yeux, il faut bien qu’elle les ferme sur les incartades d’Igor, non ?
    — Igor n’est pas un débauché, c’est par vanité qu’il cherche à passer pour un homme galant. Il peut déclamer odes et poèmes pour plaire à une coquette, puis il court retrouver sa femme, son foyer et ses pantoufles. Il n’a pas d’inclination au vice – peut-être parce qu’il a été marqué par l’expérience de sa sœur aînée.
    — Il a donc une sœur ? Et que lui est-il arrivé ?
    — On raconte qu’autrefois elle menait une vie dissolue. Leurs parents ont été emportés par une épidémie, et Igor a été élevé par sa nourrice. Il avait quatorze ou quinze étés quand sa sœur, plus âgée de quelques années, fut éclairée par une soudaine illumination.

Weitere Kostenlose Bücher