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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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frappé à la porte. Allant ouvrir, Lucrèce fut surprise de voir Don Michelotto.
    — Cousin Miguel ! dit-elle en souriant. Que fais-tu là ?
    Il se souvint avec émotion des nombreuses fois où il l’avait portée sur son dos quand elle était enfant, et dit d’une voix aimable :
    — Je suis venu voir le prince pour des affaires qui touchent au Vatican. Puis-je réclamer votre indulgence pour quelques instants ? Votre père vous réclame, et je désirerais parler avec votre époux en privé.
    Lucrèce n’hésita qu’un instant :
    — Bien sûr ! Sancia restera ici, Alfonso est encore assez faible.
    Le visage de Michelotto ne perdit rien de son expression affable :
    — C’est une conversation très privée… dit-il à l’adresse de Sancia.
    Alfonso feignait de dormir et ne dit rien, espérant simplement que l’homme s’en irait. Il n’avait aucune intention de lui expliquer ce qui s’était passé sur le balcon l’après-midi.
    Lucrèce et Sancia, quittant la chambre, se dirigèrent vers les appartements du pape, mais à peine avaient-elles fait quelques pas que Michelotto les appela à grands cris.
    Revenant en courant, elles aperçurent Alfonso, qui paraissait endormi, mais dont la peau avait déjà pris une couleur bleutée. Il était mort.
    — Il a dû avoir une hémorragie ! expliqua Don Michelotto : il s’est arrêté de respirer d’un seul coup.
    Mieux valait ne pas avouer qu’il y était pour quelque chose.
    Lucrèce éclata en sanglots et se jeta sur le corps de son époux. Poussant des hurlements, Sancia se précipita sur Michelotto, le bourrant de coups de poing. Quand César arriva, elle l’agressa à son tour, le griffant, hurlant :
    — Bâtard ! Fils du diable !
    Elle se mit à lui arracher les cheveux, à le bourrer de coups de pied.
    Geoffroi entra à son tour et fut pareillement bourré de coups jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus hurler. Il la serra dans ses bras pour tenter de la réconforter, mais elle tremblait de tout son corps. Il réussit enfin à l’apaiser suffisamment pour l’emmener dans leurs appartements.
    C’est après que César eut congédié Don Michelotto que Lucrèce, effondrée sur le corps d’Alfonso, leva la tête vers lui :
    — Jamais je ne te pardonnerai cela ! s’écria-t-elle au milieu des larmes. Tu m’as arraché le cœur et plus jamais je ne pourrai aimer ! Il ne sera plus jamais à toi !
    Il voulut s’approcher, lui expliquer qu’Alfonso avait tenté de le tuer. Mais la douleur de sa sœur était telle qu’il ne trouva rien à dire.
    Elle quitta la pièce en courant et se précipita chez son père :
    — Désormais je ne pourrai te voir comme avant ! lança-t-elle. Tu m’as fait souffrir à un point que tu ne peux même pas imaginer ! Si c’est sur ton ordre qu’on a commis cet acte infâme, c’est que tu n’as pas pensé un instant à moi ! Si c’est une décision de César, tu aurais dû l’en empêcher ! Vous avez trahi ma confiance !
    Alexandre leva la tête, l’air surpris :
    — Lucrèce, que dis-tu donc ? Que t’est-il arrivé ?
    — Tu m’as arraché le cœur et tu as tranché un lien avec les cieux.
    Se levant, il se dirigea lentement vers elle, en s’abstenant de la serrer dans ses bras, car il savait qu’elle le repousserait avec horreur :
    — Mon enfant, jamais ton époux n’aurait dû mourir, mais il a tenté de tuer César. J’ai donné l’ordre qu’on le protège, mais je n’ai pu empêcher ton frère de vouloir se protéger lui-même.
    Lucrèce vit la détresse qu’on lisait sur le visage du pape et, tombant à genoux, se couvrit le visage.
    — Aide-moi à comprendre ! s’écria-t-elle au milieu de ses larmes. Pourquoi le mal règne-t-il sur le monde ? Quel est donc ce Dieu qui permet qu’on détruise l’amour ! C’est de la folie ! Mon époux veut tuer mon frère, mon frère tue mon époux ! Ils seront damnés et leurs âmes iront en enfer ! Je ne reverrai jamais ni l’un ni l’autre ; après ce qui vient de se passer, je les ai perdus à jamais !
    Alexandre lui posa la main sur le front et tenta gauchement de la consoler :
    — Dieu est compatissant, il pardonnera à l’un et à l’autre… Sinon, il n’aurait aucune raison d’exister. Et un jour, quand la tragédie de l’existence aura pris fin, nous serons tous de nouveau ensemble.
    — Je ne veux pas attendre le bonheur pendant une éternité ! cria Lucrèce qui, se relevant, s’enfuit en courant.
    Cette fois,

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