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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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assassins aient pu agresser notre prince ! Je suis là, maintenant, tu vas pouvoir te reposer sans t’inquiéter, car je vais m’occuper de lui pour toi.
    Lucrèce était si heureuse de la voir qu’elle fondit de nouveau en larmes. Sancia chercha à l’apaiser :
    — Où est César ? A-t-il découvert quelque chose d’important ? A-t-il retrouvé les assassins ?
    Lucrèce était si lasse qu’elle ne put que faire non de la tête.
    — Il faut que je me repose pour un petit moment. Ensuite je reviendrai attendre qu’Alfonso reprenne connaissance, car je veux être le premier visage qu’il aperçoive en ouvrant les yeux.
    Elle repartit avec Geoffroi à Santa Maria del Portico, où elle vit brièvement ses enfants et Adriana, puis se laissa tomber sur son lit, épuisée. Toutefois, juste avant de sombrer dans un sommeil sans rêve, elle se souvint de quelque chose. L’expression de César en apprenant la nouvelle – ou plutôt son manque d’expression. Qu’y avait-il derrière ce masque ?
    Il fallut plusieurs jours avant que Geoffroi et Sancia ne se retrouvent, seuls, dans leurs appartements. Il avait attendu ce moment avec impatience, tout en comprenant parfaitement l’inquiétude de la jeune femme pour Alfonso.
    Comme elle se dévêtait, il s’approcha et la prit dans ses bras :
    — Tu m’as manqué. Et je suis navré de la tragédie qui a frappé ton frère.
    Nue, elle le prit par le cou, et posa la tête sur sa poitrine avec une tendresse qu’elle lui témoignait rarement.
    — Il faut que nous parlions de ton frère, dit-elle.
    Il la regarda ; jamais elle ne lui avait paru si belle.
    — César ? Qu’est-ce qui t’inquiète ?
    Elle se mit au lit et lui fit signe de la rejoindre.
    — Beaucoup de choses. Et ces masques qu’il a pris l’habitude de porter lui donnent une allure vraiment sinistre.
    — Il veut dissimuler les cicatrices de la vérole, il en est gêné.
    — Il n’y a pas que cela. Depuis son retour de France, il est enveloppé de mystère. Il a changé, je le sens. Il est ivre de son propre pouvoir, ou bien la maladie lui a attaqué le cerveau autant que le visage. Dans un cas comme dans l’autre, j’ai peur pour nous tous.
    — Il veut défendre notre famille, rendre sa grandeur à Rome, et unifier l’Italie sous la direction de l’Église.
    — Tu sais que je n’ai plus guère d’affection pour ton père depuis qu’il m’a renvoyée. Sans mon frère, je ne serais jamais revenue à Rome. Je ne fais pas confiance au Saint-Père, et tu devras revenir à Naples si tu veux être avec moi.
    — Tu es furieuse contre lui, et tu n’as pas tort. Mais peut-être changeras-tu d’avis avec le temps.
    Sancia n’en croyait rien ; mais elle préféra se taire, sachant qu’elle et Alfonso étaient en grand danger. Elle se demanda toutefois ce que Geoffroi pouvait penser de son propre père – à condition qu’il en ait l’audace, évidemment.
    Il vint la rejoindre dans le lit. Elle le regarda : il avait l’air si innocent.
    — Geoffroi, dit-elle en lui caressant la joue, je ne t’ai jamais caché que, quand nous nous sommes mariés, je te trouvais trop jeune et lent d’esprit. Mais j’ai appris peu à peu à te comprendre, et je sais quelle est ta bonté d’âme. Je sais aussi que tu es capable d’aimer, contrairement à d’autres membres de ta famille.
    — Mais Lucrèce aussi, protesta Geoffroi.
    Il fut tenté d’ajouter : « Comme César », mais se tut.
    — Oui, c’est vrai, répondit Sancia. Et c’est d’autant plus triste, car son cœur sera mis en pièces pour satisfaire l’ambition sans limites de ton père et de ton frère. Tu ne vois donc pas qui ils sont ?
    — Père croit à sa mission pour l’Église. Et César veut que Rome retrouve sa splendeur d’autrefois. Il est persuadé que sa vocation est de mener des guerres saintes.
    Elle sourit :
    — Et toi, as-tu jamais réfléchi à la tienne ? Quelqu’un te l’a-t-il jamais demandé ? Comment se fait-il que tu ne haïsses pas le frère qui accapare l’affection de ton père, ni le père qui te remarque à peine ?
    Il lui caressa l’épaule :
    — En grandissant, je rêvais d’être cardinal. Quand j’étais enfant, que père me prenait dans ses bras, l’odeur de ses vêtements m’inspirait l’amour de Dieu, le désir de Le servir. Mais avant que j’aie le choix, il m’a envoyé à Naples pour t’épouser. Et j’en suis venu à t’aimer, grâce à l’amour que j’avais pour

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