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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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furieux de voir Lucrèce gouverner Nepi, s’étaient vengés sur son mari, allié à leurs ennemis, les Colonna.
    On avait d’autres inquiétudes au Vatican. Après plusieurs syncopes, le pape dut s’aliter. Lucrèce, laissant son époux aux soins de Sancia, s’en vint veiller sur son père, que sa présence semblait réconforter.
    — Père, souffla-t-elle, dis-moi la vérité : tu n’es pour rien dans l’agression contre Alfonso, n’est-ce pas ?
    Il se redressa sur son lit :
    — Ma chère enfant, jamais je ne pourrais lever la main sur celui qui t’a donné tant de bonheur. C’est bien pourquoi j’ai fait placer des gardes à sa porte.
    De telles paroles réconfortèrent Lucrèce. Au même moment, pourtant, deux Napolitains connus de Sancia entraient au Vatican pour y rencontrer Alfonso. Celui-ci s’était remis de ses blessures et, quinze jours après l’agression, se sentait à peu près bien. Il pouvait même se lever, il est vrai sans pouvoir marcher très longtemps.
    Il accueillit les deux hommes avec chaleur et demanda à sa sœur de les laisser quelques instants, qu’ils puissent converser entre hommes. C’étaient deux vieux amis qu’il n’avait pas revus depuis plusieurs mois.
    Heureuse de le voir d’aussi bonne humeur, Sancia obéit et, quittant le Vatican, s’en fut voir les enfants de Lucrèce. Cela ne prendrait que peu de temps, et elle était certaine qu’il serait en sécurité avec les deux visiteurs.
    Il régnait une forte chaleur en cette journée d’août, et les jardins du Vatican étaient en pleine floraison. César s’y promenait seul, savourant la sérénité des grands cèdres, le murmure des fontaines, les gazouillements d’oiseaux. Il avait rarement l’occasion d’apprécier une telle paix. Loin de le déranger, la chaleur lui plaisait : c’était sans doute l’effet de ses origines espagnoles. Perdu dans ses pensées – il réfléchissait à des informations que Don Michelotto venait de lui confier –, il ne remarqua pas tout de suite une superbe fleur rouge près de lui. L’apercevant enfin, il se pencha pour l’examiner – et entendit le sifflement d’une flèche d’arbalète, qui passa juste au-dessus de sa tête avant de se planter dans un cèdre voisin.
    Sans réfléchir, César se laissa tomber sur le sol tandis qu’une seconde flèche le frôlait. Appelant ses gardes à grands cris, il roula sur lui-même pour voir d’où venaient les projectiles.
    Son beau-frère était sur un balcon du Vatican, accompagné de deux gardes napolitains, dont l’un retendait son arbalète pour tirer de nouveau, tandis qu’Alfonso pointait la sienne en direction de César. La flèche se planta dans le sol, à quelques pouces de sa jambe. Appelant toujours ses gardes, César s’empara de son épée, en se demandant s’il aurait le temps de tuer son beau-frère avant d’être abattu par lui.
    Les gardes du Vatican arrivèrent en hurlant ; Alfonso disparut. César retira la flèche du sol, mais ne put arracher l’autre du cèdre dans lequel elle s’était plantée. Puis il s’en alla trouver celui qui, au Vatican, dirigeait la frappe de la monnaie. Cet homme fort instruit, qui savait tout des métaux, confirma ses soupçons : le projectile avait été trempé dans un poison mortel – une simple égratignure aurait suffi.
    César se rendit auprès d’Alfonso, dont Lucrèce soignait les blessures. Il était allongé, immobile, et la longue cicatrice rouge laissée par le stylet de son agresseur se découpait sur son torse blanc. Les deux hommes qui l’accompagnaient s’étaient enfuis, mais les gardes de César les poursuivaient.
    Alfonso leva les yeux, un peu nerveux, car il ne savait pas si son beau-frère avait eu le temps de le reconnaître. César lui sourit, se pencha et lui murmura à l’oreille :
    — Ce qui a été commencé au dîner prendra fin au souper.
    Puis il se redressa, contempla longuement le convalescent et embrassa sa sœur avant de partir.
    Quelques heures plus tard, dans la même pièce, Lucrèce discutait avec Sancia de ses projets de retour à Nepi. Elles y seraient avec les enfants tandis qu’Alfonso reprendrait des forces ; ce serait comme avant l’exil forcé à Naples de l’épouse de Geoffroi, dont Lucrèce respectait fort l’esprit indomptable ; toutes deux avaient beaucoup d’affection l’une pour l’autre.
    Elles parlaient en chuchotant, car Alfonso s’était endormi. Mais il fut réveillé par un coup violent

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