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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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jeunes gens virent qu’églises et palais avaient été décorés à grands frais : les statues étaient même drapées de tissus d’or. Tout en bavardant gaiement avec ses compagnons, César prit soin d’examiner de près les fortifications, et de songer aux moyens de s’en emparer.
    Pérouse était gouvernée par la duchesse Atalanta Baglioni, désormais veuve. Encore belle, elle régnait sur la ville avec une férocité notoire ; son fils Netto était son capitaine militaire. Son plus cher désir était de voir son neveu Torino épouser Lavina, l’une de ses dames de cour.
    Tous les membres de la puissante famille Baglioni se réunirent donc au château. Il y eut un repas somptueux, des danses, des luttes et des joutes que César, qui se flattait de sa force physique, remporta à chaque fois.
    Quand vint le soir, les Baglioni se retirèrent dans la forteresse, tandis que Gio et César allaient retrouver Tila dans ses appartements pour boire un dernier verre.
    Il fut suivi de beaucoup d’autres, et ils étaient un peu éméchés quand, vers minuit, des cris et des hurlements se firent entendre dans le château. Tila bondit et, s’emparant de son épée, voulut se précipiter dehors, mais César l’en empêcha :
    — Tu pourrais te mettre en danger ! Laisse-moi voir ce qui se passe, je reviens tout de suite.
    César avait aussitôt soupçonné une grande traîtrise : il sortit, la main sur son épée. Les Baglioni étaient de chauds partisans du meurtre, mais ils n’oseraient pas tuer le fils du pape, et celui-ci ne l’ignorait pas. Longeant les couloirs, il se dirigea vers la chambre des nouveaux époux, d’où venaient les cris.
    Il y avait du sang partout. Les draps et les oreillers du lit nuptial en étaient inondés, comme la statue de la Vierge et le portrait de l’enfant Jésus. Les cadavres de Lavina et de Torino gisaient sur le sol, percés de coups d’épée mortels.
    Netto et quatre de ses hommes les contemplaient ; leurs épées ruisselaient de sang. La duchesse Atalanta hurlait des malédictions tandis que son fils s’efforçait de l’apaiser :
    — Mère, Torino avait acquis trop de pouvoir, sa famille complotait pour te renverser. J’ai tué tous les membres de son clan.
    Il ajouta qu’il deviendrait le maître et se verrait contraint de la déposer, mais qu’elle aurait toujours une place d’honneur.
    — Mon fils m’a trahie ! hurla-t-elle en le giflant.
    — Ouvre les yeux ! Torino complotait, et Tila aussi ! César en avait assez entendu : il repartit sans bruit vers la chambre de son ami.
    Apprenant les événements, celui-ci entra en fureur :
    — Mensonges ! s’écria-t-il. Netto, ce bâtard, veut dépouiller sa propre mère ! Et m’assassiner au passage !
    Les trois jeunes gens barricadèrent la porte puis, sortant par la fenêtre, s’aventurèrent sur les toits du palais, en prenant soin de longer les murs de pierre. César et Tila sautèrent dans une cour, avant d’aider Gio à faire de même – il n’était pas très doué pour ce genre d’exercice. Il fallut ensuite empêcher Tila de courir s’en prendre à Netto. César conduisit ses deux compagnons jusqu’aux champs où son escorte s’était installée : ses trente hommes les protégeraient. Cependant, fallait-il rester sur place pour venir en aide à Tila, ou l’emmener à Rome où il serait en sécurité ?
    Son ami refusa les deux termes de l’alternative, demandant seulement à César de l’accompagner jusqu’au palais communal, en plein centre de la ville : là-bas, il pourrait rallier ses partisans, afin de défendre son honneur et de rendre le pouvoir à sa tante.
    Quatre hommes armés, fidèles partisans de Tila, les y attendaient. Il en fit ses messagers et, à l’aube, disposait d’une bonne centaine de soldats.
    Comme le soleil se levait, Netto, commandant une troupe de cavaliers, fit son apparition sur la place. César ordonna à ses hommes de ne pas prendre part à l’inévitable affrontement : les hommes de Tila cernèrent la place et lui-même se rua sur son cousin.
    La bataille ne dura guère : Tila planta sa dague dans la cuisse de Netto, qui tomba de cheval. Puis il sauta à terre et, avant que l’autre ait eu le temps de se relever, le transperça de son épée. Les hommes de Netto tentèrent en vain de s’enfuir. Tila ordonna qu’on les lui amène. Il en restait une quinzaine, dont la plupart étaient blessés ; il ordonna qu’on les décapite, puis qu’on expose

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