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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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bien protégées.
    Pendant une journée et une nuit entières, il envoya des émissaires dans toutes les directions, afin de chercher des successeurs aux condottieri qui l’avaient trahi. Il lui faudrait des hommes d’expérience, ainsi que des mercenaires, de préférence avec des canons. Il lui faudrait aussi les fantassins des environs de Faenza, les meilleurs d’Italie… Il avait bien traité la ville après s’en être emparé, ce devrait donc être possible. Il contacta même Louis XII pour obtenir de lui des troupes françaises.
    Moins d’une semaine après son arrivée nocturne, Machiavel fit parvenir un rapport au Conseil des Dix :
    « Tout le monde est convaincu ici que le roi de France enverra des soldats à César Borgia, tandis que son père lui fournira l’argent nécessaire. Ses adversaires ont tardé à fondre sur lui, ce qui lui donne l’avantage. J’estime qu’il est trop tard pour qu’ils puissent lui faire beaucoup de tort, car il a installé des troupes dans toutes les villes importantes, et largement approvisionné ses forteresses. »
    Les conjurés ne tardèrent pas à s’en rendre compte – et à se quereller. Bentivoglio fut le premier à contacter César, réclamant son pardon et lui jurant allégeance. Puis les Orsini se montrèrent eux aussi désireux de faire la paix – au besoin en trahissant leurs complices. Guido Feltra fut le seul à se tenir à l’écart.
    César finit par rencontrer ses ennemis, envers qui il se montra généreux, leur assurant qu’ils échapperaient au châtiment. Mais ils avaient occupé Camerino et Urbino, qui devraient lui être rendus. Bentivoglio pourrait conserver Bologne, le pape ayant signé un traité avec lui à la demande du roi de France. En échange, il lui fournirait armes, hommes et chevaux pour sa prochaine campagne. Quant aux condottieri – Orsini, Vitelli, Gravina et Da Fermo, ils conserveraient leur position dans l’armée de César.
    Quand, six mois plus tard, les troupes françaises arrivèrent, César les renvoya à Louis XII avec ses remerciements. Le complot avait pris fin.
    À Rome, cependant, et sans que César le sût, Alexandre avait entrepris de lui venir en aide. Franco et Paolo Orsini ne pourraient être punis tant que leur parent, le cardinal chef de la lignée, resterait en vie : il veillerait en effet à ce que leur mort soit vengée. Inutile de risquer un nouveau décès chez les Borgia.
    Le pape l’invita donc au Vatican, en lui disant qu’il comptait nommer l’un de ses innombrables neveux à une haute dignité ecclésiastique. Le cardinal accepta en feignant l’humilité et la gratitude ; mais il se méfiait.
    On lui servit un somptueux dîner accompagné de plusieurs sortes de vin. Alexandre et lui discutèrent gaiement de questions politiques, évoquèrent en plaisantant des courtisanes qu’ils avaient tous deux fréquentées. Chacun semblait vivement apprécier la compagnie de l’autre, mais personne n’aurait pu dire quelles étaient leurs pensées respectives.
    Le cardinal, toujours aux aguets, et qui se méfiait des Borgia, refusa de boire, de peur d’être empoisonné. Remarquant toutefois que le pape faisait honneur aux mets qui leur étaient servis, il l’imita, se bornant à réclamer de l’eau – ce qui lui permettrait de voir aussitôt si elle était trouble ou non.
    Une fois le repas terminé, alors qu’Alexandre l’invitait à passer dans son cabinet de travail, Antonio Orsini éprouva soudain une brutale douleur à l’estomac, se courba en deux et s’effondra sur le sol, les yeux lui sortant de la tête, un peu comme les martyrs des fresques du Vatican.
    — Je n’ai pourtant pas bu de vin ! chuchota-t-il d’une voix rauque.
    — Mais tu as mangé de la seiche avec son encre, répondit le pape en souriant.
    Le lendemain matin, Alexandre dit la messe en l’honneur du défunt, offrant des prières pour son âme et le bénissant à l’occasion de sa montée au ciel.
    Il envoya ensuite les gardes pontificaux s’emparer des biens du cardinal – et notamment de son palais, car les campagnes militaires de César coûtaient de plus en plus d’argent. Toutefois, quand ils arrivèrent là-bas, ils y découvrirent la vieille mère d’Antonio Orsini, qu’ils se contentèrent de mettre à la rue.
    — Mais j’ai besoin de mes servantes ! s’écria-t-elle, éperdue, en s’appuyant tant bien que mal sur sa canne. Ils les chassèrent donc également.
    Cette nuit-là, il neigea

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