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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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attention.
    — Les Sforza de Milan sont très puissants ; et Giovanni, le neveu du More, vient de perdre sa femme. Il a accepté un mariage. Tu sais que je veux le bien de tous mes enfants. Et tu es assez grande pour comprendre que, sans ces alliances, mon règne de pape ne durerait pas. Nous serions tous en danger, et je ne peux le permettre.
    Elle acquiesça de la tête.
    Se levant, Alexandre se mit à marcher de long en large, en se demandant comment présenter au mieux ce qu’il allait dire.
    — Sais-tu comment on couche avec un homme ? Te l’a-t-on expliqué ?
    — Non, père, répondit-elle – mais avec un sourire espiègle, comme elle l’avait vu si souvent chez les courtisanes.
    Alexandre hocha la tête, surpris. Elle était sensible et émotive, comme sa mère, et pourtant pouvait se montrer subtile et joueuse, en dépit de son jeune âge.
    Il eut un geste à l’intention de ses fils. S’avançant, Juan et César s’agenouillèrent en baissant la tête.
    — Levez-vous ! dit Alexandre. Il faut que nous parlions. Nous avons des décisions importantes à prendre, car notre avenir dépendra de ce que nous allons dire aujourd’hui.
    Moins accommodant que sa sœur, César avait un vif esprit de compétition : il voulait toujours l’emporter, quel qu’en fût le prix. Juan, de son côté, était très sensible aux injures personnelles – du moins quand il en était l’objet, car il se souciait peu d’en infliger aux autres. Il avait souvent une expression sardonique qui trahissait une certaine cruauté. Il était par ailleurs dépourvu de la grâce de sa sœur, comme du charisme de son aîné. Alexandre l’aimait, pourtant ; il devinait en lui une vulnérabilité que les deux autres ignoraient.
    César jeta un coup d’œil par la fenêtre : c’était une belle journée. Il se sentait plein d’énergie et aurait préféré être à la campagne.
    — Père, pourquoi nous as-tu convoqués ? Il y a tout à l’heure un beau carnaval sur la place, nous devrions y assister…
    Alexandre alla s’asseoir dans son fauteuil préféré, placé dans un coin de la vaste pièce :
    — Venez près de moi, mes enfants.
    Tous trois obéirent et s’installèrent sur de grands coussins de soie.
    Il sourit :
    — En agissant pour la sainte Église apostolique et romaine, nous sauverons bien des âmes, et Dieu nous récompensera de tout ce que nous faisons pour Lui. Mais cela implique des sacrifices, chacun de vous le sait. Les vies des saints nous l’ont appris…
    Il se signa puis, baissant les yeux, regarda Lucrèce, assise tout près de César ; leurs épaules se touchaient. À côté d’eux, Juan contemplait une dague qu’on lui avait offerte.
    — César, Juan, je suppose que vous avez déjà fait l’amour à une femme ?
    Juan fronça les sourcils :
    — Bien sûr, père ! Pourquoi poser cette question ?
    — On ne peut prendre de décision sans s’être informé, répondit son père, qui se tourna vers César :
    — Et toi, mon fils ?
    — Oh ! À plus d’une !
    — Ont-elles été satisfaites ? demanda Alexandre à ses deux fils.
    — Comment le saurais-je ? répondit Juan en éclatant de rire. J’aurais dû demander?
    — Et toi, César ?
    Celui-ci eut un petit sourire :
    — Je suppose que oui, père ; toutes m’ont supplié de revenir.
    Alexandre se tourna vers sa fille, qui le regardait avec un mélange de curiosité et d’espoir. Puis il s’adressa à ses fils :
    — Lequel d’entre vous voudrait faire l’amour à votre sœur ?
    Juan prit un air ennuyé :
    — Plutôt entrer au monastère, père !
    Alexandre sourit :
    — Tu es bien niais !
    Lucrèce fronça les sourcils :
    — Pourquoi demandes-tu cela à mes frères, et pas à moi ? Si l’un d’eux doit me faire l’amour, ne devrais-je pas choisir ?
    César lui caressa la main pour la rassurer, puis dit :
    — Père, à quoi rime tout cela ? Ne crains-tu pas que nous nous retrouvions tous en enfer pour avoir commis un tel acte ?
    Alexandre se leva, marcha jusqu’à la porte donnant sur une autre pièce et dit :
    — Vos précepteurs ne vous ont-ils pas parlé des dynasties égyptiennes, où le frère épousait sa sœur pour que le sang de leur lignée reste pur ? Isis s’est ainsi unie à Osiris, fils aîné du ciel et de la terre ! Ils ont eu un fils, nommé Horus, avec lequel ils formaient une trinité qui a précédé celle du christianisme, celle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La seule

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