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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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tout le monde prit congé ; César partit en compagnie de Geoffroi, de Gio et d’Ascanio Sforza. Comme ils s’éloignaient à cheval, il eut un geste de la main à l’intention de sa mère, que le garde suisse semblait ne pas quitter d’un pas.
    Les quatre hommes partirent à vive allure vers Rome. Une fois franchies les portes de la cité – au carrefour devant le palazzo Borgia –, ils discutèrent longuement de l’incident provoqué par Juan. César fit clairement comprendre qu’il n’entendait pas tolérer l’insolence de son frère. Il comptait bien en discuter avec lui, le raisonner ; mais si nécessaire, il n’hésiterait à l’affronter en duel pour régler le problème une fois pour toutes. Il était de loin le meilleur escrimeur des deux ; Juan serait contraint de se repentir de son comportement ridicule – non seulement envers son frère, mais aussi envers tous ceux qu’il avait insultés, couvrant de honte la famille Borgia.
    César savait également que le véritable couard n’était autre que Juan lui-même, en dépit de ses stupides accusations.
    Ascanio Sforza se plaignit également : quelques jours auparavant, Juan, ivre une fois de plus, avait poignardé son majordome sans raison aucune. Le cardinal en était encore furieux : il jura que s’il n’avait pas été prince de l’Église et n’avait pas redouté la vengeance du pape, il se serait chargé lui-même de venger la mort de son serviteur.
    Comme d’habitude, Geoffroi, désormais âgé de seize ans, n’eut pas le moindre mot contre son frère. Mais César savait qu’il lui en voulait, car il n’ignorait plus rien de ses relations avec Sancia. Le jeune homme était vraiment une énigme. Il avait toujours une expression un peu neutre qui lui donnait l’air d’un sot. Mais César se souvenait de cette nuit où il l’avait vu avec Cordoba, et savait qu’il n’en était rien.
    Le cardinal Sforza rentra dans son palais, Gio de Médicis se dirigea vers le sien. Geoffroi dit à son aîné :
    — Je crois que je vais me rendre dans le ghetto et passer quelques heures en compagnie d’une femme qui saura répondre à mon affection.
    César sourit et lui tapa dans le dos.
    — Je n’y vois pas d’objection, petit frère ! Passe une bonne soirée !
    Suivant des yeux Geoffroi qui s’éloignait, il remarqua soudain quelque chose qui l’inquiéta. Trois hommes à cheval sortirent de l’ombre des bâtiments environnants et se mirent à suivre le jeune homme. L’un d’eux, plus grand que les deux autres, montait un étalon blanc.
    Après avoir attendu quelques instants, pour qu’ils ne puissent entendre le bruit des sabots de son cheval, César se dirigea vers la place dominant le ghetto. Devant lui, à quelques rues de là, quatre cavaliers émergeaient à peine de la pénombre. Geoffroi était parmi eux. Ils discutaient avec animation. Convaincu que son frère ne courait aucun danger, César fit faire demi-tour à sa monture et rentra seul au Vatican.
    Il dormait depuis plusieurs heures, quand un horrible cauchemar le réveilla. Des cavaliers ? Il tenta de s’éveiller tout à fait, mais la lanterne installée dans sa chambre s’était éteinte et il faisait noir comme dans un four.
    En nage, le cœur battant à tout rompre, il voulut se raisonner, mais rien ne pouvait apaiser sa panique. Il se leva et, à l’aveuglette, s’efforça de trouver de quoi rallumer la lampe, malgré ses mains tremblantes et la terreur qui l’envahissait. Il appela son serviteur : personne ne répondit.
    Brusquement, et sans raison, la lanterne se ralluma. César se rassit sur son lit, entouré d’ombres qui semblaient quitter les murs pour venir vers lui. Il se sentait glacé et s’enveloppa d’une couverture, sans pouvoir contrôler ses frissons. La voix de Noni parut lui résonner dans les oreilles : « La mort est dans ta maison… »
    Il tenta une fois encore de se dominer, mais la peur ne le quittait pas. Lucrèce serait-elle en danger ? César se dit que non : son couvent était un endroit d’autant plus sûr que leur père y avait envoyé Don Michelotto, chargé de monter la garde – tout en restant aussi discret que possible, pour ne pas effrayer ou exaspérer la jeune femme. Alors, Geoffroi ? Mais le souvenir de sa discussion avec ses compagnons rassura César.
    Juan ? S’il y avait une justice, le savoir en danger n’aurait pas dû lui donner de cauchemars, loin de là ! Il s’inquiéta pourtant : comment

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