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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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d’or ! Aujourd’hui, c’est l’inverse !

15
    Entrant dans la demeure de Vanozza Catanei, Alexandre songea aux années qu’ils avaient passées ensemble. Ils avaient bien des fois soupé aux chandelles dans la salle à manger, fait l’amour dans la grande chambre à l’étage, lors des nuits d’été que parfumait l’odeur des lilas montant par la fenêtre ouverte. Le corps tiède de la jeune femme contre le sien, il se sentait rempli de paix et d’amour. En de tels moments, sa croyance en Dieu était la plus forte ; il avait plus d’une fois, alors, sincèrement fait le vœu de servir l’Église.
    Vanozza l’accueillit avec sa chaleur coutumière. Le pape sourit et lui jeta un regard empli d’une admiration affectueuse.
    — Tu es l’un des miracles de Dieu, dit-il, chaque année tu es plus belle.
    Elle se serra contre lui et sourit :
    — Mais plus assez jeune pour toi, Rodrigo !
    — Je suis pape, désormais. Ce n’est plus comme avant.
    — Et c’est différent avec la Bella  ? lança-t-elle pour le taquiner.
    Comme il rougissait, elle eut un grand sourire :
    — Allons, Rodrigo, ne sois pas si sérieux ! Tu sais bien que je n’en veux nullement à Julia, ni à aucune autre. Amants, nous étions très proches, nous le sommes davantage encore maintenant que nous sommes amis.
    Elle le conduisit dans la bibliothèque et leur versa du vin.
    — Vanozza, pourquoi m’as-tu fait appeler ? Tes vignes ou tes auberges te causeraient-elles du souci ?
    Elle s’assit face à lui.
    — Certes non ! Tout va très bien ! Chaque jour, je me sens pleine de gratitude pour ta générosité. Pourtant je souhaite parfois que tu ne m’aies rien offert.
    — Je le sais, répondit-il avec affection. Mais alors, quel est ton problème, et comment puis-je t’aider ?
    — Il s’agit de notre fils, dit-elle d’une voix grave. Il faut que tu le voies tel qu’il est.
    — Je le vois parfaitement, répondit le pape en fronçant les sourcils. C’est le plus intelligent de tous nos enfants, et un jour il prendra ma place, car sinon sa vie sera en danger – comme peut-être la tienne.
    — César ne veut pas être pape, Rodrigo. Ni même cardinal. Je crois d’ailleurs que tu le sais. C’est un soldat, un amant, qui veut vivre pleinement. Toutes les richesses et les maîtresses que tu lui offres ne le satisfont pas ; il veut combattre.
    Alexandre resta un moment silencieux.
    — Il t’a dit tout cela ?
    Elle sourit et se rapprocha de lui.
    — C’est inutile : je suis sa mère. Je le sais. Et tu devrais le savoir aussi.
    Les traits du pape se durcirent.
    — Cela me serait évident aussi si je m’étais vraiment conduit en père…
    Vanozza baissa la tête un instant, puis se redressa et dit d’une voix forte :
    — Je ne te dirai cela qu’une fois, car je n’éprouve pas le besoin de me défendre. Je crois pourtant que tu as le droit de savoir. Il est vrai que Giuliano Della Rovere et moi avons été amants avant que nous nous rencontrions. Et il vrai que mon coeur s’est mis à battre en te voyant. Je ne t’insulterai pas en prétendant avoir été vierge, tu sais parfaitement qu’il n’en était rien. Mais je te jure sur mon honneur, et devant la Madone, que César est bien ton fils.
    — Vanozza, je ne pouvais en être sûr, tu ne l’ignores pas. Je ne pouvais donc savoir ce que j’éprouvais pour lui, et lui pour moi.
    Elle prit sa main :
    — Jamais nous n’avons pu en discuter auparavant. Pour vous protéger, César et toi, j’ai fait croire à Della Rovere qu’il était son fils. Mais je jure sur le Christ que c’était un mensonge. Il le fallait pour que Giuliano s’abstienne de vous porter tort, car il n’a pas ta bonté d’âme, et pour vous protéger de sa fourberie.
    Alexandre lutta contre lui-même quelques instants :
    — Et comment lui ou moi pouvons-nous savoir la vérité ? Comment pouvons-nous être certains ?
    — Regarde ta propre main, répondit-elle, examine-la de près, sous tous les angles. Ensuite, je veux que tu fasses de même avec celle de ton fils. Dès sa naissance, j’ai vécu dans la peur que quelqu’un découvre ce qui m’était évident ; tout aurait été perdu.
    Et Alexandre comprit d’un coup pourquoi Della Rovere le haïssait à ce point. Car lui-même avait reçu tout ce que son adversaire aurait désiré avoir : la papauté, mais aussi la maîtresse et le fils.
    Tous les cardinaux savaient que Della Rovere n’avait aimé qu’une fois –

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