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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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Vanozza, le grand amour de sa vie. Il s’était senti profondément humilié qu’elle le quitte pour Rodrigo Borgia. À l’époque, il savait rire. Ce n’est qu’après le départ de la jeune femme qu’il était devenu amer, acariâtre – et animé d’un profond zèle religieux. De plus, il n’avait eu que des filles de ses autres maîtresses. Dieu l’avait vraiment soumis à rude épreuve.
    Alexandre se sentit submergé par un profond soulagement, car il comprenait désormais ce qu’il n’avait pas voulu s’avouer : il n’avait jamais été certain que César soit bel et bien son fils. S’il n’avait pas aimé et admiré Vanozza aussi passionnément, il lui aurait posé la question plus tôt et se serait épargné de grandes souffrances. Mais il n’avait pas osé : risquer de la perdre, devoir vivre sans elle, lui était un prix trop lourd à payer.
    — Je réfléchirai à ce que tu m’as dit. Et je parlerai à César de sa véritable vocation – si, bien entendu, il consent à en discuter avec moi.
    — Notre fils Juan est mort, répondit Vanozza d’une voix pleine de compassion, et les choses ne seront plus jamais les mêmes. Mais César est bien vivant, et tu auras besoin de lui à la tête de tes armées. Sinon, qui s’en chargera ? Geoffroi ? Non, Rodrigo. Il faut que ce soit César, car c’est un guerrier. Mais, pour qu’il soit à ton service, il faudra que tu le libères. Que quelqu’un d’autre soit pape !
    Alexandre se leva et, se penchant pour l’embrasser, sentit l’odeur de son parfum ; quand il partit, ce ne fut pas sans regret.
    À la porte, Vanozza le regarda s’éloigner et, souriante, eut un signe d’au revoir :
    — Regarde ses mains, et sois en paix !
    De retour à Rome, César vint immédiatement conférer avec son père et Brandao. Les trois hommes se retirèrent dans une pièce tendue de tapisseries où s’entassaient des coffres sculptés remplis des vêtements sacerdotaux du pape. Alexandre serra son fils dans ses bras, avec une chaleur qui inquiéta l’intéressé.
    — Le prophète vous a-t-il paru aussi dangereux qu’on le dit ? demanda Duarte.
    César s’assit face à ses deux compagnons :
    — C’est un orateur passionné que de grandes foules viennent écouter.
    — Et de quoi parle-t-il ? s’enquit le pape.
    — De réformes. Et de l’ignominie de la famille Borgia. Il nous accuse de toutes sortes de mauvaises actions, terrifie ceux qui l’écoutent en leur faisant croire que, s’ils obéissent au pape et à l’Église, ils iront tout droit en enfer.
    Se levant, Alexandre se mit à marcher de long en large.
    — Quel malheur qu’un esprit aussi vif soit possédé par les démons ! J’ai apprécié ses écrits, je sais qu’il admire la beauté de la Création : on dit que souvent, quand la nuit est claire, il réveille tous les frères de son monastère pour leur faire admirer les étoiles.
    — Père, il est très dangereux ! Il réclame des réformes, il s’est rangé du côté des Français, il exige qu’un homme vertueux occupe le trône de saint Pierre – et cet homme ne peut être que Della Rovere.
    Le pape frémit :
    — Il m’est pénible de contraindre un homme qui a si bien servi l’Église à avouer ses péchés, mais c’est nécessaire, dit-il à Brandao. Assure-toi qu’il existe un moyen de régler le problème rapidement, car il faut rétablir l’ordre à Florence avant qu’il ne cause davantage de dégâts.
    Brandao s’inclina et sortit.
    Alexandre s’assit sur un sofa et désigna à son fils un tabouret recouvert d’un coussin. Son visage demeurait impassible, mais son regard avait une acuité qu’on lui voyait rarement – et jamais en public.
    — Il est temps que tu me dises ce que tu as sur le cœur. Aimes-tu l’Église autant que moi ? Entends-tu lui consacrer ta vie comme je l’ai fait ?
    C’étaient les mots qu’attendait César : il avait plus d’une fois montré à son père qu’il voulait être soldat, et non cardinal. Pour autant, il lui fallait peser ses mots. Il n’ignorait pas que son père l’aimait moins que Juan – ce qui, il est vrai, signifiait qu’il l’aimait quand même, à sa façon. De surcroît, Alexandre n’hésitait pas à employer la ruse, y compris avec ses enfants. César serait donc contraint de dissimuler son plus terrible secret.
    — Père, finit-il par dire, je dois confesser que j’ai trop d’appétits profanes pour servir l’Église aussi bien que toi

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