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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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l’escrime.
    Le pape s’efforça de se contrôler ; l’incompétence l’irritait.
    Geoffroi avait des cheveux blonds, un visage avenant. Mais il n’y avait dans ses yeux ni l’intelligence de Lucrèce, ni la ruse de Juan, ni la farouche ambition de César. En fait, on ne pouvait rien y lire, ce qui rendit le pape perplexe.
    — Je tiens à ce que tu accompagnes ta sœur à Nepi, lui dit-il. Elle aura besoin de quelqu’un en qui elle puisse avoir confiance, et qui pourra la protéger. Elle sera seule, elle va avoir un enfant, il faut qu’un homme la protège.
    — J’en serai ravi, répondit Geoffroi en souriant. Et Sancia aussi, car elle aime beaucoup Lucrèce ; de plus, cela lui permettra de changer de décor.
    Alexandre observa son fils du coin de l’œil en se demandant s’il allait changer d’expression en apprenant la suite ; mais il était prêt à parier que non.
    — Il n’est pas question que ta femme t’accompagne, car j’ai d’autres projets pour elle.
    — Je le lui dirai, soupira Geoffroi, mais je suis certain qu’elle n’en sera pas très heureuse.
    Alexandre sourit. Il n’avait jamais rien attendu de son fils cadet : de ce point de vue, ce dernier ne le décevait pas.
    L’après-midi, Sancia fut informée par son mari, et explosa aussitôt :
    — Te décideras-tu donc un jour à être un peu plus mon époux, et un peu moins le fils de ton père ?
    Il la regarda, surpris :
    — Il est le Saint-Père ! Les enjeux sont trop importants pour que je puisse refuser.
    — Il va me forcer à rester ici pendant que tu t’en iras ! s’exclama Sancia, qui se mit à pleurer de rage. J’étais furieuse de devoir t’épouser, mais en fait j’ai beaucoup d’affection pour toi, désormais. Et pourtant tu laisses ton père m’arracher à toi !
    Geoffroi eut un sourire empreint d’une malice surprenante :
    — Il y a pourtant eu des moments où tu étais plus qu’heureuse d’être loin de moi… ceux que tu passais avec Juan.
    Sancia se figea :
    — Je me sentais seule, tu n’étais qu’un enfant. Juan me réconfortait, rien de plus.
    — Tu devais l’aimer : jamais tu n’as autant pleuré que lors de ses funérailles.
    — Ne sois pas sot ! Je pleurais parce que j’avais peur. Je n’ai jamais cru que ton frère avait été tué par un inconnu.
    Geoffroi parut s’animer, son regard devint froid. Il semblait d’un seul coup plus grand, plus fort :
    — Voudrais-tu dire que tu sais qui l’a assassiné ?
    Sancia se rendit compte à ce moment que son époux avait changé : ce n’était plus l’enfant qu’elle avait connu. S’avançant, elle le prit par le cou :
    — Ne le laisse pas t’éloigner de moi ! Dis-lui que je dois être avec toi !
    Il lui caressa les cheveux et l’embrassa :
    — Dis-le-lui toi-même, répondit-il d’un ton sec – il en voulait toujours à sa femme et à Juan. Nous verrons bien si tu t’en tires mieux que tous ceux qui ont voulu discuter avec le Saint-Père.
    La jeune femme alla donc solliciter une entrevue avec le pape.
    Alexandre venait de recevoir l’ambassadeur de Venise et se sentait d’assez mauvaise humeur.
    Sancia s’abstint de s’incliner, comme de baiser son anneau. Mais vu ce qu’il comptait faire, cela n’avait pas grande importance.
    Elle parla sans attendre d’en avoir la permission : après tout, elle était fille et petite-fille de monarque. En ce moment précis, elle ressemblait tout à fait à son grand-père, le roi Ferrante. Sa chevelure noire était en désordre, ses yeux brillants, sa voix pleine de reproches :
    — Qu’est-ce que j’apprends ? Je n’accompagnerai pas mon mari et Lucrèce à Nepi ? Je dois donc rester seule au Vatican ? Le pape bâilla avec ostentation :
    — Ma chère enfant, tu feras ce qu’on te dit – chose qui, apparemment, ne t’est pas naturelle.
    Furieuse, elle tapa du pied sans pouvoir s’en empêcher : il allait vraiment trop loin !
    — Geoffroi est mon mari et moi son épouse ! Mon devoir est d’être avec lui !
    Alexandre éclata de rire, mais son regard était d’acier :
    — Ma chère Sancia, tu es vraiment de Naples ! Comme ton père, ce sot, et comme ton grand-père, cette brute de Ferrante ! Et je te renverrai là-bas sur-le-champ si tu ne tiens pas ta langue !
    — Je n’ai pas peur de vous, Votre Sainteté, car je crois à un pouvoir plus grand que le vôtre. Et je prierai Dieu pour qu’il m’exauce.
    — Prends garde à tes paroles, dit le pape d’une voix caressante.

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