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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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mitraillai tant que je pouvais. Je dus remettre ça un certain nombre de fois. D’après un voyageur de St Louis, plus de deux cents tirs furent échangés avant que la fusillade se calme  – ce type devait être comptable.
    Bob avait dégainé et quand il s’accroupit sous le fourgon à bagages pour dénombrer les tireurs, il les reconnut : LeFlore, assis sur une draisine abandonnée à travers le plancher de laquelle poussait de l’herbe, soutenait de la main son coude gauche, la manche de veste gonflée de sang. Nous avions aussi eu Kinney. Sa chemise blanche froissée sortie de son pantalon révélait son ventre pâle et il ressemblait à un ouvrier roupillant dans l’herbe pendant sa pause déjeuner. Sid Johnson était agenouillé dans un tas de charbon, le bras droit tendu avec raideur, un revolver au canon et au barillet fumants à la main. L’arme se cabrait chaque fois que Johnson pressait la détente, après quoi il raidissait à nouveau le bras.
    Bob se faufila sous le train en se dandinant, jusqu’à ce qu’il soit à moins de six mètres de la remise.
    « Sid Johnson ! s’exclama-t-il. Espèce de vieille canaille ! »
    Le marshal adjoint fit volte-face et l’un de ses cinq ou six meilleurs amis, celui qui était capable de tourner les pages d’une bible avec un calibre .22 à la visée faussée, lui transperça l’épaule d’un pruneau de .45 qui le renversa sur les fesses dans le charbon. Il avait des ronds noirs aux genoux. (Il paraît que quand les médecins ont retiré la chemise de Sid, son épaule pendouillait comme l’extrémité d’un bonnet de meunier. « Eh ben, mon vieux ! se serait récrié Sid Johnson. Bob va m’en reparler de celle-là ! »)
    Deux ou trois adjoints spéciaux canardaient depuis la voiture fumeurs et une flamme d’une trentaine de centimètres ponctuait chaque coup, mais ils n’avaient guère de cibles. Environ six volontaires massés sur la plate-forme de la voiture rassemblaient leur courage, le pistolet encore dans l’étui, aussi lents à la comprenette que des bovins, des moutons ou des poules d’eau. À la vue de mon frère Bob qui se relevait de dessous le fourgon à bagages, deux d’entre eux eurent la présence d’esprit de dégainer, mais Bob dégomma au jugé un bec de gaz au-dessus d’eux et ils battirent en retraite dans l’obscurité, comme des limaces.
    Quand les tirs en provenance de la remise stoppèrent, Grat et moi descendîmes de la cabine de la locomotive avec le mécano et le chauffeur, qui trimballait un pic à charbon sur l’épaule. Dick Broadwell s’en saisit et planta la pointe dans la porte, dont le bois geignit, glapit et vola en éclats. Il y eut un bruit de clé et de cadenas qu’on déverrouille et la porte coulissa en grondant. Une chaleur de four déferla sur nous et nous nous retrouvâmes face au convoyeur tremblotant, mains en l’air, dont la chemise bleue était noire de transpiration et dont le nez dégoulinait de sueur.
    Comme Bob ne pigeait pas pourquoi le messager avait ouvert la porte alors qu’elle était cadenassée, il recula et demanda : « Il y a que toi là-dedans ? Tu es tout seul ? » Le convoyeur déglutit et indiqua que non de la tête. Le Texan se laissa retomber au milieu des sacs de courrier. « Merde, Williams ! Vachement malin ! » Broadwell et Grat montèrent à bord et mirent en joue le mercenaire dans le coin. Grat balança le fusil du Texan dans la nuit et je vis l’arme étinceler une fois, puis deux au clair de lune en tournoyant.
    « Elle te faisait bien envie, cette récompense, hein ? fit Broadwell. Ça aurait été Noël en juillet, pas vrai ? »
    Le chasseur de prime l’avait ignoré et avait foudroyé Bob du regard.
    « On te filera que dalle », avait-il proclamé.
    Mais bien entendu, ils avaient cédé. Ils invoquèrent l’argument éculé selon lequel ils n’avaient pas connaissance de la combinaison, Bob médusa Williams avec un tir qui lui frôla le caillou de si près qu’il lui brûla quelques cheveux et lui retentit aux oreilles pendant presque une semaine entière, et une fois le coffre ouvert, nous versâmes l’argent dans un sac postal et le jetâmes à l’arrière du boghei que Pierce avait ramené du château d’eau.
    Ce bœuf de Grat poussa le guichetier, le chauffeur et le mécanicien jusqu’à l’avant du train et leur ordonna de se dépêcher de quitter la ville. Puis il sauta du marchepied et fit choir le guichetier sur les

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