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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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juste de flouer et de plumer des amis, que « comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez envers eux », etc., mais sur le coup, les mots m’ont fait défaut.
    « Je vois que ton frère te déçoit, a-t-il deviné.
    — Pourquoi tu as fait ça, Bob ? »
    Il a eu un sourire en coin et a pressé son cheval avant de s’écrier en me tournant le dos :
    « Par cupidité, mon cher Emmett ! L’un des sept péchés capitaux !»

11
    En Californie, Grat était toujours en prison. Avec une aide considérable de la part de mon frère Bill, il avait rédigé plusieurs comptes-rendus sur les mauvais traitements et les vexations qu’il avait subis durant son incarcération, et qui avaient été publiés dans le San Francisco Examiner. Et c’est en parcourant les dernières pages de ce même journal qu’il remarqua deux courts articles faisant état d’une attaque de train le 15 septembre, à Leliaetta, dans le territoire de l’Oklahoma, ainsi que d’une seconde le 16, à Ceres, en Californie, à trois cent vingt kilomètres de Visalia.
    Nous n’étions bien sûr pour rien dans celle de Ceres. Un cheminot de la Southern Pacific du nom de John Sontag avait été victime d’un accident du travail assez grave, mais la compagnie ferroviaire avait refusé de le dédommager. Sontag s’était donc associé avec un certain Chris Evans et, ensemble, ils s’étaient livrés à plusieurs petits coups de main dans tout l’État. À mon avis, c’étaient aussi eux les auteurs de l’attaque d’Alila, dont on avait fait porter le chapeau à Grat et à Bill. En tout cas, pour Ceres, je suis catégorique. Mais les Dalton étaient célèbres à l’époque et on nous attribuait pratiquement tous les méfaits commis dans les quarante-quatre États de l’Union.
    Grat replia le quotidien à la page des réclames, qui vantaient des costumes à dix dollars « façonnés à partir d’une honnête pièce de cashmere ». Dans l’allée entre les cellules, un détenu chargé du ménage poussait avec un balai à franges un seau à roulettes qui clapotait. C’était un colosse noir aux gestes lents, affligé d’un mal de dos incurable à force de cueillir du coton à Sarepta en Louisiane. Il s’arrêta devant Grat et l’interpella :
    « T’es au courant que la volaille vient encore d’alpaguer ton frangin Bill, histoire de lui poser des questions sur ces attaques de trains ? »
    Grat se lécha le pouce et tourna la page du journal ; soudain, il avisa une lame de scie à métaux sous le pied de son interlocuteur. Il la dissimula dans la couture intérieure de son pantalon pendant que l’autre rajustait la languette de ses chaussures montantes.
    « Pas la peine de me remercier, lâcha le Noir. J’ai été payé. »
    Il s’éloigna en tirant derrière lui son balai, qui laissa une traînée humide sur le sol, et disparut.
    Les évasions n’étaient pas très difficiles en ce temps-là. Mon frère sciait ses barreaux pendant la nuit, puis maquillait les dégâts avec du noir de fumée et du savon. Le dimanche 18 septembre au soir, après le dîner, trois jours avant que sa sentence soit prononcée, Grat Dalton fit sauter quatre des barreaux de sa fenêtre, qui tombèrent dehors dans le gravier avec un « bong », il escalada son lit et se coula dehors ; deux autres prisonniers quittèrent leurs cellules à sa suite et atterrirent dans la poussière derrière lui.
    Ils volèrent devant une église baptiste un boghei léger tiré par un attelage de chevaux gris assez robustes pour tirer un chariot à bière. À Goshen, les deux compagnons de Grat embarquèrent clandestinement à bord d’un train de marchandises, tandis que mon frère effectuait une quinzaine de kilomètres supplémentaires jusqu’au ranch d’un joueur professionnel de sa connaissance, un dénommé Middleton. Ledit Middleton était un type édenté qui portait constamment la même chemise blanche qu’il lavait une fois par semaine. Il offrit à Grat un matelas pour la nuit et alla abandonner le boghei et les chevaux à Tulare pour entraîner les détectives sur une fausse piste, puis prêta à mon frère un cheval Appaloosa, une tente en toile et la moitié de sa penderie. Enfin, il lui dessina une carte des contreforts de la sierra au-dessus de la ville de Sanger.
    « Je te rejoindrai là-bas dans une semaine avec du tabac et de la viande fraîche, lui déclara Middleton. Il se peut qu’un autre évadé du nom de Riley Dean

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