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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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regard de travers de la part de l’animal.
    « J’ai l’impression qu’on s’est fait pigeonner », rouscailla-t-il.
    Son imperméable crissait au moindre de ses mouvements.
    « La bouffe est chiche, mes bottes n’ont plus de talon et ce fichu chapeau pourri me gratte », marmotta-t-il, avant de reprendre à voix haute : « Peut-être qu’il y avait pas de fumeurs dans ce train. T’as envisagé ça ? Peut-être que c’étaient des mormons.
    — Il faudrait sans doute mieux qu’on fasse pas de bruit, recommanda Broadwell.
    — Je peux savoir pourquoi ? rétorqua Doolin. Pourquoi on reste plantés ici ? Il me semble que ça fait quelques minutes déjà que le mécano a remis la vapeur. »
    À ces mots, nous avons entendu un second train et Bob nous a tous gratifiés d’un grand sourire.
    « Wouhou !
    — Si c’est pas quelque chose ! » me suis-je émerveillé.
    Une lanterne à pétrole s’alluma à l’intérieur de la gare et le train est arrivé ; des lampes à gaz brillaient dans toutes les voitures, certains stores étaient baissés, et même Doolin a souri.
    « Eh ben, ça alors, s’est-il récrié, ça alors ! »
    Sitôt le train à l’arrêt, nous avons éperonné nos chevaux. Grat obliqua seul vers la cabine de la locomotive et bouscula les deux cheminots contre leurs manettes, leurs tirettes et leurs leviers.
    Broadwell grimpa dans le fourgon de queue. Il faisait sombre à l’intérieur, mais il discerna des lits de camp.
    « Il y a quelqu’un là-dedans ? » hasarda-t-il.
    Un homme se redressa sur un coude.
    « Qui c’est ?»
    Broadwell se percha sur la rambarde et cala son fusil sur son genou.
    « La prochaine fois que tu te retrouves dans la même situation et que quelqu’un te pose la question, contente-toi de faire le mort. »
    Le reste d’entre nous longea le train à cheval. Nous n’avons pas poussé de cris, nous n’avons pas fait de bruit, ne nous sommes pas servis de nos armes et certains voyageurs endormis dans les voitures n’ont appris que dans les quotidiens du lendemain que le train avait été attaqué.
    Deux employés de la Wells Fargo ont plus tard prétendu qu’ils avaient échangé des coups de feu avec nous, mais je ne me rappelle rien de tel. Je me souviens juste que Bob, Doolin et Newcomb ont fait coulisser la porte latérale pendant que je caracolais à cheval au bord de la voie en braquant mon arme de-ci de-là.
    Bob enjoignit au convoyeur d’ouvrir la porte du coffre-fort, mais le bonhomme répliqua qu’il ne connaissait pas la combinaison. Bob avait déjà vécu ça à Wharton et il trouva ça un tantinet lassant. Il abaissa son foulard et défit les agrafes de son imperméable pour se rafraîchir. Il s’assit sur une chaise à balustres comme si cette petite comédie l’épuisait et les pans de son manteau bruissèrent sur le sol. Newcomb prit la suite et menaça le messager de toute sorte de représailles et de désagréments, jusqu’à ce que Doolin brandisse une masse qu’il venait de dégotter.
    « Ah ! se réjouit Bob. Ça devrait faire l’affaire. »
    Avec une horrible grimace, Doolin leva l’outil jusqu’au plafond et se figea, dangereusement près d’encastrer la tête du convoyeur dans sa cage thoracique. Bob eut un hoquet horrifié.
    « Non ! Non ! Je voulais dire pour le coffre !
    — Oh, je sais, Bob ! Bon sang, c’était juste pour rire… »
    Doolin tapota le mécanisme du coffre avec la masse, pour voir.
    Il asséna un coup sur la serrure et la porte s’enfonça ; au second, le verrou céda. Newcomb ouvrit le coffre avec un pied-de-biche et transféra l’argent dans un sac postal pendant que Bob bâillait et que Doolin farfouillait dans les colis.
    Bob sauta sur le ballast, attrapa les chevaux de Newcomb et Doolin par la bride et les entraîna jusqu’au wagon postal.
    Grat dévala les marches de la locomotive et je lui amenai sa monture, tandis que les autres s’éloignaient au trot le long de la voie.
     
     
    À Kingfisher, mon frère Bill consulta sa montre de gousset.
    « Fichtre, dix heures déjà ! s’émut-il. Si je ne file pas très vite au lit, je vais me changer en citrouille. »
    Chris Madsen s’essuya la moustache du pouce et posa sur la table basse son verre de madère encore plein.
    « Quelle était la raison de ce manège, ce soir ? se renseigna-t-il.
    — Vous savez garder un secret ? »
    Madsen tira le bas de son gilet par-dessus sa ceinture et dévisagea Bill,

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