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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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face à face avec les marshals adjoints Kress et Severns et leurs hommes, debout dans leurs étriers, qui s’abritaient les yeux de la main pour nous distinguer.
    Nous avons tous les cinq cabré nos chevaux et les avons éperonnés en direction d’une pente meuble aboutissant dans une ravine. Nous nous y sommes engagés au galop, nous enfonçant profondément aux endroits où la pluie n’avait pas encore séché. Nos poursuivants se sont répartis le long des crêtes et ont bien failli avoir de la chance une fois ou deux.
    Un adjoint s’arrêtait pour éponger l’intérieur de son chapeau avec un pan de sa chemise et découvrait la bande des Dalton au petit trot au milieu des Badlands, moins de cinq cents mètres plus loin, ralentie par un cheval boiteux affligé d’un éparvin et un autre dont le mors dégoulinait de bave blanchâtre, tandis qu’un imperméable noir mal roulé se débinait derrière le troussequin. Mais avant qu’il ait le temps d’épauler son fusil, l’un d’entre nous tendait le doigt vers lui, un autre assurait son chapeau sur sa tête et nous nous ruions dans des défilés envahis d’arbrisseaux ou nous escaladions des éboulis de roches orangées et ne reparaissions pas d’une heure. Les quelques tirs que nos poursuivants tentèrent allèrent se perdre au loin et ricochèrent sur l’argile durcie avec un bruit de scie faussée. En une occasion, Kress avait levé les yeux depuis le fond d’un canyon ombragé et avisé Bob qui lui faisait coucou depuis la crête. Et un matin, comme j’allais remplir d’eau une poêle, j’étais tombé sur un adjoint en sous-vêtements longs au moment où il saisissait par la queue un serpent à sonnette qui claquait des mâchoires et où il le décapitait à coups de machette. Il m’avait remarqué au loin, en sous-vêtements longs et en bottes aussi, et faute d’arme pour me tirer dessus, il m’avait souri et avait brandi bien haut son trophée, dont le sang lui gouttait dans l’aisselle et sur le genou.
    Au bout de deux jours de traque, les chevaux étaient à l’agonie. Ça s’entendait à leur respiration. Des mouches noires s’agglutinaient sur leurs yeux et leurs oreilles et je me remémore encore l’impact sur le sol quand l’un d’eux s’est écroulé, terrassé par une insolation. On aurait dit la façade d’un bâtiment qui s’effondrait. Deux autres avaient perdu leurs fers, la monture de Grat avait été prise de ballonnements après avoir bu de l’eau sulfureuse et nous aurions été foutus si Bob et moi n’avions pas réussi à dérober cinq chevaux cherokees en bonne santé.
    Nous avons abandonné nos montures recrues à côté d’une vieille cabane de squatters ; quand Severns les trouva et qu’il vit les traces de nos chevaux frais, cela lui fendit le cœur. Peu après, ses hommes et lui avaient embarqué les bêtes survivantes dans un wagon à bétail et ils étaient solennellement rentrés en train à Guthrie. Kress avait pénétré dans la voiture fumeurs en boitant et il s’était affalé, harassé, en face de Severns ; à l’arrêt suivant, le marshal adjoint John Swayne s’était joint à eux.
    « Vous aussi, ils vous ont semés ?» s’était informé Swayne.
    Severns avait allumé une cigarette, il s’était carré dans son siège et en considérant les Badlands par la fenêtre, il avait lâché :
    « Enfants de putain… »
    Et le 17 juin, la Gazette de Stillwater annonçait : « Tous les détachements sont aujourd’hui de retour et la battue bel et bien finie. »
     
     
    Courant juin, Ransom Payne et seize autres hommes prirent d’assaut la maison du comté de Greer. Le marshal adjoint s’approcha de la véranda de la cuisine en chaussettes, dans son costume noir maculé de ronds de sueur blancs, et brisa la contre-fenêtre avec la crosse en nacre de son revolver. Il ouvrit les portes vitrées du garde-manger, en retira des assiettes en porcelaine neuves ; un de ses subalternes sonda la glacière marron en bois à côté de l’évier. Au-dessus d’eux résonnaient les pas des hommes qui fouillaient la chambre, extrayaient les tiroirs grippés de la commode et écartaient avec un tintement les robes sur leur cintre dans l’armoire. La femme qu’ils recherchaient n’était plus là. Elle était retournée à Guthrie pour espionner.
    Un jour, en son absence, Mundy était entré dans sa chambre, il avait éprouvé les ressorts du sommier et effleuré la pédale de la machine à

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