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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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lorsqu’elle n’eut plus que son pagne et son soutien-gorge – car les honnêtes épouses romaines ne dormaient jamais nues – elle vint s’allonger à ses côtés.
    — Depuis quand évites-tu mes questions ? dit-elle, sans animosité, mais avec une pointe d’irritation.
    — Antonin a l’intention d’abolir nos traditions, répondit Pomponius. Il veut détruire le culte de nos ancêtres, il a le projet de conduire Rome à la ruine et à l’anéantissement.
    Annia perdit son habituelle sérénité et le regarda soudain d’un air affolé.
    — J’espère que tu n’as pas l’intention de risquer ta vie en t’opposant à lui !
    — Je ne prendrai aucun risque. Mais je ne peux rester sans réagir.
    — Comment peux-tu agir sans prendre de risques ? Ne me prends pas pour une sotte et ne me parle pas comme à une enfant, Pomponius. Je suis ta femme.
    — Tu es ma femme et je t’aime. Mais je dois faire mon devoir. Elle ressentit, au plus profond de ses entrailles, tout le danger que représentait une telle décision.
    — De quoi s’agit-il ? D’une conjuration ?
    — Pas pour le moment, fit Pomponius, pour la rassurer.
    — Pas pour le moment ? répéta-t-elle encore, en rapprochant les deux arcs de ses sourcils noirs. Mais que cherches-tu ? À mourir ? Tu sais comment ont fini tous ceux qui se sont opposés à Caracalla ! Pourquoi son fils serait-il plus magnanime à l’égard de ceux qui cherchent à le destituer ?
    — Je n’ai rien dit de tel. Qui te parle de destituer Antonin ?
    — Je te connais, Pomponius ! Je sais l’aversion que t’inspire cet enfant. Il n’est pas question que tu conduises une réaction ou même que tu y participes !
    — Depuis quand m’autorises-tu à faire ou ne pas faire quelque chose ? Reste à ta place, Annia.
    — Ma place est à tes côtés, jusqu’à ce que la mort nous sépare. Et je ne veux pas que tu meures avant moi à cause d’Antonin.
    — Voudrais-tu te taire ? la pria Pomponius d’une voix douce mais ferme.
    — Dis-moi ce que tu prépares, je t’en supplie. Je veux savoir.
    — Je n’ai pas l’intention d’en discuter ce soir, coupa Pomponius en soufflant sur la mèche de la lampe posée à côté du lit. Et n’insiste pas. Bonne nuit !
    Annia Faustina ne répondit pas, tout aussi blessée que surprise par la sécheresse de ces dernières paroles.
    Dans leur vie si tranquille, la courte discussion qui venait d’avoir lieu équivalait à une querelle. Jamais, en vingt ans de mariage, ils n’avaient élevé la voix l’un contre l’autre, jamais ils ne s’étaient ainsi endormis, comme des étrangers, dos contre dos. Ils avaient toujours vécu heureux, en parfaite harmonie, sans jalousie, sans heurts, sans déchirements et elle avait pris l’habitude de cette intimité qui connaissait parfois des averses mais jamais d’orages.
    Elle voulut, encore une fois, le dissuader de mettre son existence en danger mais finalement y renonça, de crainte d’augmenter sa contrariété. Elle s’enferma dans une réserve douloureuse.
    Pourtant, quelques minutes après leur échange, comme il commençait à s’assoupir, Pomponius perçut un bruit léger de soupirs, de petites suffocations, de souffles courts et retenus qui lui firent tendre l’oreille.
    Son épouse sanglotait doucement dans le noir, les deux mains sur son visage.
    — Pourquoi pleures-tu, ma chérie ? demanda-t-il.
    — Je vais te perdre, répondit Annia sans ôter les mains de sa figure.
    — Il ne m’arrivera rien, je te le promets.
    Désolé et confus, Pomponius se retourna et l’entoura de ses bras protecteurs. C’était la première fois qu’il faisait pleurer sa femme bien-aimée. Il se maudit pour son entêtement et son sot idéalisme qui plongeaient ainsi dans le désespoir la plus admirable et aimante des compagnes. Il caressa la nuque chaude, soulevée par les soubresauts du chagrin et un flot d’amour, de repentir et de désolation noya son cœur.

CHAPITRE XX
    Pomponius ne s’était pas trompé en affirmant que Varius n’hésiterait pas à s’emparer des sacra.
    Dans les jours qui suivirent l’inauguration du temple d’Élagabal, le jeune empereur convoqua les saliens et la grande prêtresse de Vesta afin de leur demander de bien vouloir lui remettre les fétiches divins qui étaient les gages protecteurs de l’Empire romain.
    Il reçut les prêtres de Mars et la grande vestale dans l’immense salle d’audience et de façon

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