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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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aussitôt :
    — Si tu l’avais vue, toi aussi, tu saurais de quoi je parle.
    — Mais certainement, mon chéri, dit Soemias, confuse, en passant sa paume sur les cheveux de son fils.
    Maesa, excédée, mit fin à leur petite scène.
    — Depuis quand t’intéresses-tu aux femmes ? demanda-t-elle aigrement.
    — Aquilia Severa n’est pas une femme ordinaire, je croyais que tu l’avais compris.
    — Justement ! coupa Maesa. C’est une vestale ! Sais-tu ce qu’il advient des vestales qui rompent leur serment de chasteté ? Elles sont enterrées vivantes ! L’empereur Domitien a fait emmurer vive une grande prêtresse accusée d’avoir manqué à son vœu !
    — J’aimerais bien voir qu’on enterre vivante l’épouse que j’ai choisie ! cria Varius en quittant les bras de sa mère.
    La vieille princesse fit quelques pas pour sortir.
    — Ne compte pas sur moi, cette fois.
    Mais son petit-fils la retint par la manche.
    — Au contraire, grand-mère, dit-il. Je vais avoir besoin de toi. Tu vas devoir m’aider à convaincre le Sénat.
    — Certainement pas !
    — Alors tant pis ! dit Varius en boudant. J’irai la chercher et je l’enlèverai de force !
    Cette fois, l’austère Syrienne se révolta tout à fait :
    — On n’enlève pas une vestale comme une Sabine ! As-tu définitivement perdu la raison ?
    — Je n’ai jamais été aussi lucide. J’épouserai Aquilia Severa et de notre union naîtra un dieu.
    Il passa ses mains potelées sur sa nuque et souleva avec grâce la masse de ses boucles blondes :
    — C’est le moins que je puisse attendre, non ?

CHAPITRE XXII
    Réunis dans la Curie, les Pères conscrits furent officiellement informés de cette décision par une lettre que le jeune empereur leur adressa par l’intermédiaire du princeps senatus.
    Ni Varius ni Maesa, qui brillaient tous les deux par leur absence, ne purent donc apprécier l’effet de cette nouvelle sur les clarissimes. Les divagations théologiques de Varius qui prétendait, dans son délire mystique, unir le Feu de Vesta et celui du Soleil Invincible par prêtre et prêtresse interposés, loin d’impressionner les sénateurs, ne provoquèrent que des exclamations scandalisées et des commentaires consternés.
    Le sénateur président, constatant les débordements que la lettre de Varius avait déclenchés dans l’assemblée, donna la parole à ses pairs, bien que cette décision impériale ne pût donner lieu, en principe, à aucun débat. Les volontés de l’empereur, comme ses édits, avaient valeur de loi et ne pouvaient être remises en question.
    Marcus Columba fut le premier à s’exprimer :
    — Aquilia Severa a été choisie comme vestale conformément à la tradition et aux règles de la lex Appia. Personne, même Antonin, ne peut la soustraire à son sacerdoce tant qu’elle n’aura pas accompli ses trente années au service de Vesta.
    Messala se leva lui aussi.
    — Se prend-il pour Néron ? hurla-t-il dans la Curie. Le laisserons-nous faire violence à une prêtresse du Feu sacré ?
    Ce rappel au tyran Néron, qui avait autrefois enlevé et violé la grande vestale Rubria, augmenta encore la révolte des Pères conscrits. Un brouhaha furieux répondit à la question de Messala et certains sénateurs commencèrent à taper du pied sur le sol. Très vite, ce mouvement rageur fut repris par les centaines de bottines noires qui martelèrent ensemble le marbre de la Curie.
    — Peut-être qu’Antonin n’a pas l’intention d’outrager la vestale ? osa un sénateur qui s’appelait Rufus Crassus.
    Messala fit un bond sur son siège :
    — Antonin a clairement exprimé son intention d’avoir un héritier avec Aquilia ! N’as-tu rien écouté ou étais-tu encore en train de dormir ? Il nous a assuré que de cette union naîtrait un enfant divin ! Comment crois-tu qu’il fécondera Aquilia Severa ? Par l’influx miraculeux de sa pierre noire ? En la regardant droit dans les yeux ?
    En haut des gradins, des gros rires saluèrent la plaisanterie. Le sénateur Rufus Crassus se rassit, honteux.
    La plus grande confusion régnait à présent dans la salle. Chacun s’interpellait, donnait son avis, laissait éclater son sentiment d’indignation.
    Ce fut au tour de Pomponius de s’adresser à ses pairs. Il ajusta sa toge sur son bras et enfla la voix :
    — Estimés collègues du Sénat de Rome, dit-il, je tiens à exprimer devant vous tous mon indignation et ma

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