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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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menace pour le pouvoir impérial. Dix mille militaires seulement étaient cantonnés dans l’ Urbs. Cependant, à ce nombre, venaient s’ajouter les soldats de la II e   légion parthique, installés à Albanum, à une étape de la ville. Seize mille soldats en tout.
    — Est-il assez riche, ce Carus, pour promettre un donativum aux soldats du camp albain ? s’étonna Messala. Qui est-il ? Et d’où lui vient cette fortune ?
    — Et surtout, renchérit Scaber, pour qui se prend-il, ce parvenu, pour prétendre à l’Empire ?
    Marcus Columba soupira :
    — S’il n’y avait que lui… J’ai également entendu dire qu’un dénommé Valerianus Paetus avait l’intention de gagner l’Asie pour soulever les légions d’Orient.
    — Albanum, l’Orient… répéta Pomponius, franchement irrité. Tout cela était à prévoir ! Nous n’avons plus de temps à perdre ! Si nous n’agissons pas très vite, ces deux arrivistes nous prendront de vitesse !
    — Eh bien, pourquoi ne pas les laisser faire ? suggéra Scaber. Peu importe que ce soient les légions qui nous débarrassent de ce dément pourvu qu’on nous en débarrasse !
    Pomponius se leva de son siège et se dressa de toute sa hauteur devant les trois sénateurs. Gonflant la voix, il déclara, avec une autorité prophétique :
    — La Toge ne doit pas le céder aux Armes ! Si nous laissons les soldats agir à notre place, nous perdrons tout contrôle sur la situation. Le passé nous a clairement montré le danger qu’une telle alliance pourrait représenter pour le Sénat. Du jour où nous avons frayé avec l’armée, nous avons dû abandonner toutes nos prérogatives. Si nous laissons, une fois encore, les légions ou les prétoriens destituer l’empereur, ce sont eux qui choisiront son successeur. Et alors, il y a de fortes chances pour que nous ouvrions, une fois de plus, la route à la plus odieuse des tyrannies.
    — Je suis entièrement d’accord, approuva Messala. Les militaires ont assassiné Caligula, Galba, Domitien, Caracalla… Était-ce pour le bien de la République ? Était-ce pour la grandeur de Rome ? Ils ont semé le désordre et la guerre, ils ont bradé l’Empire au plus offrant ! Qu’ont fait les prétoriens après la mort de Commode ? Ils ont donné Rome à Pertinax, un vieillard… qu’ils ont trucidé trois mois plus tard ! Ensuite, ils l’ont vendue à Julianus pour vingt-cinq mille sesterces par tête ! Laisserons-nous encore une fois les soldats porter à la pourpre un de leurs généraux ou pire encore, un parvenu incapable ? Est-ce vraiment ce que nous voulons ? Changer de tyran pour un autre ?
    Accablé par cette vérité mais néanmoins perplexe, Scaber laissa tomber ses épaules maigres et s’enfonça profondément dans son siège.
    — Si nous ne pouvons nous faire aider ni des cohortes urbaines, ni des vigiles, ni de la garnison d’Albanum, ni des légions, comment ferons-nous ? gémit-il.
    Pomponius planta son regard bleu dans les yeux du sénateur, avec une profonde détermination.
    — Peut-être pourrions-nous compter sur nous-mêmes, répliqua-t-il.
    Scaber se racla la gorge, visiblement mal à l’aise.
    — Ah oui ? fit-il. Et lequel d’entre nous ira égorger le Syrien ? Toi Pomponius ? Toi Messala ? Ou toi Columba ?
    Durant quelques secondes, sa question resta en suspens. Personne ne se regardait plus. Ce fut Pomponius qui, en se rasseyant enfin sur son siège, déclara, sur un ton d’une confidentielle gravité :
    — Moi. C’est moi qui le ferai.
    Et comme les trois autres soudain ne surent plus vraiment quoi répliquer, ils inclinèrent la tête silencieusement.
    — Bien, mais après ? demanda finalement Scaber. Qu’arrivera-t-il ? Que se passera-t-il lorsque tu lui auras porté le coup ?
    L’époque où les sénateurs complotaient contre les mauvais empereurs pour revenir à l’ancien régime républicain était désormais révolue. Ils avaient fait depuis longtemps le deuil de leur idéal politique et de leur rêve de gouvernement oligarchique. Les conjurations, désormais, ne visaient plus qu’à remplacer un princeps par un autre.
    — Alors ?
    Pomponius ne marqua aucune hésitation. Il avait déjà réfléchi au problème. Il espérait convaincre les Pères conscrits, après le meurtre du tyran, de désigner un successeur digne de l’Empire. Le complot qui devait mettre fin au règne de Varius permettrait au moins à l’ordre sénatorial de

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