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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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retrouver le devant de la scène et quelques parcelles de son ancien pouvoir.
    — Aussitôt après avoir tué Antonin dans la Curie et mis la garde devant le fait accompli, nous élirons l’un des nôtres.
    — Qui ?
    — Un homme compétent, répondit Pomponius. Un vrai Romain.
    Les autres l’interrogèrent du regard.
    — Je propose Sextus Luscus.
    Cette fois, ils approuvèrent à l’unanimité cet excellent choix. Luscus était strictement conforme à tous les canons de l’ordre sénatorial. Apprécié de tous, il était réputé pour son intelligence, son humilité et sa modération. C’était un homme d’action, mais aussi un homme sage et de caractère facile, ce qui laissait présager qu’il saurait limiter lui-même son autorité et ne s’en prendrait jamais à ses pairs ni aux institutions du Sénat. De surcroît, il était relativement âgé et, suprême garantie, n’avait pas d’héritier. Ainsi, non seulement il ne régnerait pas longtemps, mais en plus, il aurait l’élégance de mourir sans enfants ! Le plan de Pomponius visait, par cette priorité donnée à Luscus, à rompre tout lien possible d’hérédité, afin de privilégier, désormais, le choix de la Curie pour toute nomination impériale.
    Avec l’avènement de Luscus, les sénateurs réaliseraient enfin leur rêve le plus cher : le monde romain reviendrait, par personne interposée, aux seules mains des clarissimes.
    — Il faut agir, vite, annonça Pomponius.
    — Quand ?
    — Bientôt.
    — Où cela se passera-t-il ?
    — À la Curie. Nous mettrons les prétoriens devant le fait accompli. Puis nous procéderons immédiatement à l’élection de Luscus.

CHAPITRE XXV
    Le mois d’août finissait lentement. L’empereur avait pris l’habitude de passer ses après-midi dans les jardins de la Domus Augustana, à l’ombre des pergolas, recherchant la fraîcheur qui manquait dans les appartements étouffants du palais.
    Ce jour-là, il se tenait allongé sous une tonnelle, avec cinq de ses amis qui faisaient cercle autour de lui. On avait installé, devant leurs lits de repos, une table de jeu en bois de citronnier, incrustée d’écaille et d’ivoire. Près des favoris de l’empereur, à portée de main, des petits guéridons supportaient des coupes en verre débordant de cerises, d’abricots, de pêches confites et de pâtes de fruits.
    Le jeune empereur secoua mollement son gobelet en argent et lança ses tali (107) sur la table de jeu.
    — Le coup de Vénus (108)  ! s’exclama Protogène avec une pointe d’admiration. César, les dieux sont avec toi !
    — En effet, répondit l’adolescent en se frottant les mains. Tu perds ta mise et toi aussi, Gordius !
    Les deux auriges firent glisser vers l’empereur leurs tas de pièces en feignant la déception.
    — Ce que j’aime le plus dans les jeux de hasard, fit Varius en plongeant la main dans un sac empli d’argent, c’est que je suis certain que personne ne me laisse gagner ! De combien as-tu besoin, mon ami, pour te renflouer ?
    — Il me faudrait au moins mille sesterces… répondit Protogène en tendant la main.
    — Mille ? Tu y vas un peu fort !
    — Disons cinq cents…
    — Euboulos, montre-toi un peu généreux, pour une fois, chuchota l’adolescent à l’oreille de son voisin. Donne-lui la moitié de tes gains.
    Euboulos était un compatriote d’Émèse, un Syrien d’une quarantaine d’années, au corps maigre et à la face basanée. Varius lui avait confié, depuis peu, la responsabilité des finances impériales.
    Il jeta à l’empereur un regard faussement indigné :
    — Divin César, en ma qualité d’administrateur du Trésor public, dit-il cérémonieusement, je dois veiller à modérer tes dépenses et celles de ces jeunes fous. Gordius n’a qu’à miser moins, il perdra moins !
    Varius regarda son préfet des vigiles et le menaça du doigt en riant :
    — Euboulos a raison ! fit-il en pouffant. Si tu ne réussis pas ce coup-là, je ne te donne plus une seule pièce ! Allons, Protogène, tu as triomphé cent fois dans le grand cirque, ne peux-tu pas lancer quatre malheureux dés sans nous faire chaque fois le coup du chien (109)  ?
    Tous rirent de bon cœur et ils se remirent à jouer.
    Varius s’était passionnément attaché à Protogène et à Gordius, qui lui inspiraient une confiance sans bornes. Il les associait à toutes ses décisions, leur ouvrait son âme comme à des confidents complices et

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