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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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vêtement, accentuait le galbe généreux de sa poitrine.
    Après avoir rapidement jaugé cette splendeur et comme pour se mesurer à elle, Varius tourna deux fois sur lui-même, afin de se faire admirer lui aussi dans sa toilette. Il avait mis une tunique très vaporeuse, qu’il avait choisie sur les conseils de Claudius « du rose opalescent de l’aurore », et s’était couvert les épaules d’un châle diapré de vert, de bleu et de blanc et censé reproduire, à chacun de ses mouvements, toujours d’après Claudius, « les vagues ondulantes de la mer ».
    Lorsqu’il eut enfin terminé sa parade, il vint s’étaler langoureusement sur ses coussins de soie, mais en ayant soin de lever haut les bras et de faire tourner ses poignets, afin que chacun pût contempler les riches bracelets d’or qu’il portait.
    Puis, sur un claquement de doigts, de jeunes esclaves à demi nus apparurent avec des cruches et des carafes. Certains apportèrent aussi des aiguières contenant du miel, de l’eau de pluie, de l’eau de mer, du suc de fleur, pour couper le vin pur selon le désir des invités. En voyant les coupes qui, toutes, se levaient au passage de ses serviteurs, Varius eut une moue vaguement irritée.
    — Vous voilà bien pressés de boire mon vin, lâcha-t-il sans hausser la voix. Dire que vous étiez prêts, hier encore, à laisser des traîtres me voler mon trône…
    Il leva son sourcil droit, tordit sa bouche dans une mimique gamine :
    — N’est-ce pas vrai, Flavus ? ajouta-t-il à l’adresse de l’un des sénateurs.
    La petite assemblée fit silence. Flavus devint pâle et fit mine de ne pas comprendre l’allusion.
    — Ignorais-tu que pendant trois semaines un certain Seius Carus a poussé mes soldats d’Albanum à la sédition ?
    Flavus glissa un coup d’œil à la dérobée vers ses voisins de table, hésita avant de répondre.
    — Je ne connais ce Carus que de nom, César, répliqua-t-il. On le dit très riche et ambitieux mais, de sa trahison, je n’avais pas entendu la moindre rumeur.
    — Menteur…
    Ce simple mot alluma dans le regard de Flavus une crainte misérable.
    — Je te jure, César, que…
    — Ne te donne pas cette peine… coupa Varius. De toute façon, le problème est réglé. La cause de ce maudit Carus n’a même pas été entendue : il a été exécuté. Tout comme ce chien de Galate, Valerianus Paetus, qui projetait, lui aussi, de soulever mon armée. J’espère que vous avez bien entendu ? Ils sont morts, tous les deux. Je leur ai fait trancher la tête… et autre chose.
    Les invités, y compris les favoris, baissèrent les yeux dans un même mouvement. Personne n’osa, après une telle annonce, croiser le regard jaune de l’adolescent, qui en éprouva aussitôt une satisfaction extrême. Il les sentit trembler et un frisson de plaisir lui parcourut délicieusement l’échine. Puis, après un long moment de scrutation muette, il s’adressa à l’ensemble des sénateurs et leur demanda abruptement :
    — Flavus dit ne rien connaître de cette révolte, mais vous en savez peut-être plus long que lui ?
    De nouveau un silence de plomb accueillit sa question.
    — Allons, dit-il en se calant plus confortablement sur les coussins, tout le monde sait, vénérables Pères conscrits, que vous êtes des comploteurs-nés. Il n’y aurait rien d’étonnant que vous ayez eu vent de cette fâcheuse affaire, ou que vous y ayez participé. On dit que certains d’entre vous pensent sérieusement à se trouver un autre empereur…
    — Ce ne sont que des calomnies, César, répondit le sénateur Demetrius. Tous ici, nous te sommes entièrement fidèles !
    — Ah oui ? Si tu le dis…
    Il se tourna vers son favori et tendit vers lui sa bouche enflée, charnue comme un fruit mûr. Il l’embrassa goulûment, plongeant ses mains entièrement couvertes de bagues dans ses cheveux longs.
    Puis, une de ces idées folles, fréquentes chez lui, si brusques qu’il ne pouvait ni les prévoir ni les endiguer, venues, semble-t-il, d’une seconde personnalité indépendante et fantasque, lui traversa l’esprit :
    — Que dis-tu du choix de mon nouveau préfet, Caecilius Victor ? N’est-il pas plus joli que Comazon ? Et ce qu’il cache sous sa tunique !… Un vrai bijou !
    Le sénateur qu’il venait d’apostropher et qui était allongé près de Myrismus, en laissa tomber, de surprise, sa mâchoire.
    — Victor, veux-tu voir sous la tunique de

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