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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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Myrismus ? Tu sauras enfin comment je choisis mes administrateurs…
    Il fit signe à son favori de soulever son vêtement, lequel s’exécuta, sans paraître gêné le moins du monde.
    — Eh bien, qu’en dis-tu Victor ? interrogea Varius en désignant de l’index le sexe de son protégé. Peux-tu te vanter de posséder une pièce d’une telle longueur ? N’ai-je pas eu raison d’en faire mon praefactus urbi  ?
    — Il ne nous appartient pas d’apprécier qui tu places au-dessus des autres et pour quelle raison tu les élèves, répliqua en rougissant le sénateur. Tu as reçu des dieux la souveraine décision en toutes choses, César.
    — Voilà qui est assez bien dit. Mais j’ajouterai à tes propos une importante rectification : j’ai en effet reçu, non pas de vos sinistres et pitoyables dieux, mais du mien, Élagabal, le pouvoir de décider de toutes choses. Dois-je mettre cette erreur sur le compte d’une insolence fortuite ou sur celui de ta stupidité ?
    Caecilius Victor, la gorge nouée, chercha en vain quelques mots d’excuses. Ce fut le sénateur Demetrius, qui, pour lui sauver la mise, répondit sur le ton d’une humilité déférente :
    — Et Élagabal nous a choisi le meilleur des empereurs. Nous l’en remercions. Buvons à la santé de notre maître qui nous comble de ses bienfaits et nous régale !
    Pomponius fut le seul à ne pas lever sa coupe. Il observa Demetrius qui souriait à Antonin avec une soumission ostentatoire et en éprouva un vif écœurement.
    — Oui, buvons et… mangeons ! ajouta Varius en faisant de nouveau claquer ses doigts.
    À ce signal familier, les esclaves vinrent apporter les premiers plats dans la grande salle. La petite troupe de serviteurs défila devant les convives pour leur présenter, sur des plats d’or et d’argent, de la charcuterie gauloise et des volailles. Ils posèrent sur les tables de gros jambons, des saucisses, des boudins noirs et blancs, disposèrent également devant les invités des palombes, des pintades, des rôts de volaille, des croupions de tourterelle et des foies d’oie accompagnés de légumes.
    Mais tandis que Varius et ses favoris commençaient à déguster les entrées, les sénateurs regardaient, interloqués, les plats qu’on venait de leur apporter : la chair des volailles était si dure que les lames des couteaux ne parvenaient pas à la découper ni même à l’entailler. Il leur fallut plusieurs secondes pour réaliser que les pintades, les palombes, étaient en réalité en plâtre et que la matière des jambons n’était en fait que de la terre cuite. On avait peint ces mets factices avec un art si poussé que l’imitation était extraordinaire. Quant aux bolets et aux boudins, ils avaient été visiblement façonnés dans du bois, comme une réplique exacte des aliments qu’on servait à l’empereur et à ses amis au même instant.
    Ciconia, poussé par sa gloutonnerie, fut le seul à ne pas s’apercevoir de la supercherie. Il saisit de ses gros doigts un croupion et le mordit avec voracité. Il y laissa aussitôt une dent. Et l’empereur pouffa en voyant sa mine déconfite.
    — Te voir manger de si bon cœur me ravit, Ciconia ! Allons, continue, je t’en prie.
    Les petits yeux incrédules de Ciconia, cernés par la graisse, s’élargirent un peu et observèrent tour à tour le faux morceau qu’il tenait toujours dans sa main droite et l’incisive tombée dans son assiette. Sa bouche, ouverte par la consternation, laissait apparaître un trou rouge sous la gencive.
    — Allons, insista l’empereur, mange donc ! Empiffre-toi, gros lard, goinfre-toi !
    Ciconia suffoqua, essaya d’inspirer un peu d’air et attrapa son ventre énorme à deux mains :
    — Je… je n’ai pas beaucoup d’appétit, César. Excuse-moi.
    — Pourquoi ? demanda Varius avec une pointe d’ironie. Ces plats ne sont pas à ton goût ?
    — Ils… ils le sont. Mais que l’empereur me permette néanmoins de lui rappeler que mes dents ne sont plus aussi bonnes que les siennes.
    — Je l’ai vu, constata Varius en faisant une grimace. Tu as les dents pourries, Ciconia.
    L’adolescent fit signe à son esclave d’agiter l’éventail plus près de son visage, comme pour en chasser une mauvaise odeur. Puis, se désintéressant complètement de Ciconia, il s’adressa cette fois à ses courtisans :
    — Allons mes amis, dégustons ! s’exclama-t-il en attrapant une cuisse de pintade.
    Les membres de

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