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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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commençait à gigoter sur le lit. Décidément, Macrin ne semblait pas vouloir comprendre que la situation était grave.
    — Ne comptes-tu rien faire pour contrecarrer ses plans ? demanda-t-il en se redressant. Le jeune Varius représente un danger que nous ne pouvons ignorer !
    L’empereur recracha les pépins de sa pastèque et laissa l’esclave lui essuyer la bouche.
    — Je ne pense pas que cet enfant soit une menace, dit-il en haussant les épaules.
    — Détrompe-toi, César. Le jeune Varius jouit déjà d’un certain prestige aux yeux de l’armée.
    — J’ai du mal à croire que mes soldats se soient entichés de ce petit Syrien sorti de nulle part…
    Julianus et Gibberius échangèrent un regard choqué.
    — Ce garçon est le descendant d’une puissante dynastie royale !
    — Une dynastie royale ? s’esclaffa Macrin. Une famille de Bédouins qui conduisait autrefois des chameaux ! Je te rappelle que la Syrie a été conquise par le grand Pompée il y a près de trois siècles ! Voilà une souveraineté tout à fait fictive et bien dérisoire que celle de ces soi-disant rois d’Émèse !
    — L’enfant est aussi le grand prêtre du Soleil, continua Julianus. Il a hérité de cette fonction religieuse à la mort de son grand-père.
    — Je sais, je sais, coupa l’empereur. On m’a rapporté qu’il officiait régulièrement dans le temple d’Émèse, affublé d’une robe et d’une coiffure ridicule. On m’a raconté tout cela. Je sais également qu’il honore son dieu solaire au son des cymbales et des tambourins, et qu’il danse de façon grotesque pour le plus grand plaisir de la foule. Ce petit Syrien n’a rien d’autre à faire que de partager les transes de ses prêtres et de s’enivrer des fumées d’encens… !
    Macrin se releva lentement et posa les deux pieds par terre. Il fit signe à son esclave de lui remettre ses sandales.
    Cette discussion avait assez duré. Pourquoi Julianus persistait-il à l’ennuyer avec ces histoires sans importance ?
    Il était fatigué et ne désirait pour l’instant qu’une seule chose : jouir des douceurs d’Antioche avant de rejoindre l’Italie et de soumettre Rome.
    Quoi qu’il en soit, d’autres soucis l’emportaient dans son esprit et il devait, pour l’heure, faire face à des impératifs nettement plus urgents : convaincre les sénateurs romains de lui confirmer l’ imperium (20) et de lui donner toutes les investitures qui feraient de lui le véritable empereur, s’assurer la neutralité des Parthes, en particulier dans la région frontalière de l’Arménie, prendre des mesures fiscales, réorganiser les légions…
    Qu’avait-il besoin de s’inquiéter des manigances d’une vieille folle dont le seul entourage consistait en une cour de bouffons et d’eunuques, et d’un gamin mystique, entièrement voué au sacerdoce d’un dieu oriental ?
    — Les soldats de la légion gauloise sont mal payés et inoccupés depuis trop longtemps, le prévint Julianus. Ils s’ennuient de leurs familles et commencent à se lasser. Leur seule distraction, depuis des mois, consiste à venir flâner dans les rues d’Émèse et à rôder aux alentours du temple…
    — Le spectacle du jeune et beau Varius, couvert d’or et de joyaux, se déhanchant langoureusement devant l’autel de sa pierre sacrée est devenu leur occupation favorite, ajouta Gibberius. Les légionnaires sont de plus en plus nombreux à venir l’admirer lorsqu’ils se rendent en ville.
    Macrin dévisagea le préfet d’un air mi-sceptique, mi-moqueur :
    — J’ai du mal à croire que mes rudes soldats se laissent impressionner par un enfant attardé qui danse devant un gros caillou noir…
    — C’est pourtant ce qui est en train d’arriver.
    Julianus et Gibberius s’étaient levés à leur tour et faisaient face à l’empereur. Une farouche détermination marquait l’expression de leur visage. Ils étaient venus à Antioche pour convaincre Macrin de réagir au plus vite, il n’était pas question qu’ils repartent du palais en ayant failli à leur mission.
    — Ce n’est pas tout, César, dit le questeur. À présent les soldats le considèrent comme l’héritier légitime de Caracalla.
    Cette fois une fugitive lueur d’appréhension passa dans les yeux de l’empereur.
    — Que dis-tu ?
    — Comme il ne leur suffisait pas d’acheter l’armée, Maesa et sa fille Soemias font à présent courir le bruit que Varius est l’enfant

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