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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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poignarder en plein Sénat ! Et s’il m’était possible, je l’égorgerais maintenant, ici, sous vos yeux ! J’écraserais sous mes pieds ce rat immonde, je libérerais Rome de ce fruit pourri ! Votre empereur, cette putain syrienne, cette paillasse à cochers qui mène Rome à sa ruine ? Par tous les dieux, quelle plaisanterie ! C’est lui l’ennemi public, c’est lui l’ennemi de l’État ! Pas moi !
    Varius, les traits déformés par la rage, se leva d’un bond, avec une telle précipitation qu’il en renversa sa chaise.
    — Emmenez-le ! rugit-il, le visage congestionné. Qu’on le ramène au carcer  !Immédiatement !
    Et, désignant Messala d’une main que la colère faisait trembler :
    — Et celui-là aussi ! Qu’on le conduise au cachot !
    L’un des soldats tira brutalement sur la corde qui, étranglant Pomponius, lui arracha un cri de douleur.
    — De quel droit un tyran peut-il décider de la mort de ceux qui sont libres tout autant que lui ? hurla alors Messala. Et combien de temps encore allez-vous le laisser vous humilier et détruire nos institutions ? Que faites-vous de votre honneur ? Vous étiez autrefois les défenseurs de Rome et de la liberté !
    Mais partout où il tournait son regard, partout où il portait ses paroles, il ne vit que des hommes apeurés qui baissaient piteusement la tête et les yeux.
    — Esclaves ! s’écria-t-il encore, tandis que les gardes le traînaient vers la porte du temple. Esclaves ! Et toi, vociféra-t-il en jetant un regard de haine à Varius qui écumait de rage, toi, impudicus, fellator (128) , compte bien les jours qu’il te reste à vivre avant d’aller rejoindre ton pourceau de père dans les profondeurs du Tartare (129)  !
    * * *
    Les débats avaient pris fin au milieu de la matinée. Le procès n’avait même pas duré une heure. Le soir même de cette parodie de justice, Annia Faustina se rendit à la prison pour voir Pomponius. Il lui fallut soudoyer les geôliers pour obtenir l’autorisation de descendre jusqu’au cachot.
    Elle fut horrifiée de voir dans quelles conditions on avait tenu son époux enfermé pendant plus de quinze jours.
    Une odeur insupportable d’urine et d’excréments emplissait l’air de la minuscule cellule sans ouvertures. On avait jeté sur le sol une botte de paille qui servait de litière et déposé une cruche d’eau et un morceau de pain moisi.
    Pomponius se jeta dans ses bras avec cet empressement des hommes qui vont mourir et qui savent qu’ils étreignent pour la dernière fois un être cher.
    — Annia, Annia, répéta-t-il en enfouissant son visage dans le cou de son épouse. Annia…
    Elle lui caressa les joues que couvrait une barbe fine et blanche.
    — Oui, je suis là mon amour.
    — Tu n’aurais pas dû venir, lui reprocha-t-il. Tu mets ta vie en danger, quelle imprudence !
    — Ma vie n’a plus aucune importance, répondit-elle en s’effondrant complètement. Je ne te survivrai pas.
    — Ne dis pas cela, implora Pomponius en embrassant passionnément le front et les paupières de sa femme. Ne dis jamais cela.
    — Quel repos et quel bonheur trouverai-je sur cette terre sans toi ? Je préfère mourir.
    Comme il la bâillonnait de la paume, dans un geste de tendresse et de désespoir infinis, elle ferma les yeux et se blottit contre son torse.
    — Tu dois vivre Annia, ordonna Pomponius avec tendresse. Pour moi.
    Elle porta à sa bouche la main de son époux, y posa ses lèvres comme pour en goûter une dernière fois le goût et la chaleur, pour retrouver sa texture familière, rude et douce à la fois.
    — Je sais que le soleil continuera de se lever et de briller, dit-elle, amère. Je sais que les jours continueront de succéder aux jours. Mais la lumière de notre amour, elle, sera définitivement éteinte. Comment trouverai-je la paix sans cette lumière ?
    — Annia… ne dis pas de bêtises. Ma mort n’est rien, juste une égratignure du sort. Tu oublieras et tu seras heureuse.
    — Comment peux-tu dire une chose pareille ?
    — Tout homme doit, à un moment ou à un autre, affronter son destin et accepter la mort. Je l’accepte. Comme j’accepte l’idée que tu te remarieras un jour, que tu connaîtras de nouveau le bonheur et les joies de l’amour.
    Elle le regarda sans comprendre. Comment pouvait-il parler de bonheur dans un tel moment, dans un tel endroit ? Elle balaya du regard les parois que l’obscurité rendait plus effrayantes

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