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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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volonté d’un adolescent de dix-sept ans qui les terrorisait.
    Un seul d’entre eux, faisant fi de sa peur, vota en faveur de Pomponius. Quand vint son tour de s’exprimer, Messala se leva et fixa intensément son ami. Celui-ci lui fit un signe de la tête, comme un avertissement, le suppliant du regard de ne pas commettre d’imprudence inutile. Mais Messala avait déjà pris sa décision. Il s’efforça de donner à sa voix un timbre haut et clair :
    — Cet homme est innocent, puisque nul ici n’a été en mesure de prouver sa culpabilité. Je m’élève contre ce procès inique, cet exercice tyrannique de la justice. Absolvo !
    Varius, imperturbable, l’entendit avec un visage dénué d’expression.
    — Tu l’acquittes ? Si tu veux…
    Il se leva, lissa les plis de sa robe en soie :
    — Pères conscrits, vous avez condamné le traître, dit-il froidement. Il revient à présent à l’empereur de lui infliger une peine à la hauteur de son crime.
    Puis il s’interrompit, poussa un petit soupir, jeta un regard faussement navré vers Pomponius, pencha la tête sur le côté en faisant mine de réfléchir, aussi habile à ce genre de suspension qu’un acteur :
    — L’empereur le condamne… à la peine de mort. Et décrète que l’exécution aura lieu… demain !
    En entendant la sentence, Messala ne fit qu’un bond. Sans y être autorisé, il se dressa de nouveau au beau milieu des gradins pour protester :
    — La loi impose un délai de trente jours entre la condamnation de l’accusé et son exécution !
    — Tu dis ?
    — Le jugement rendu par la cour ne doit être déposé au Tabularium que dans trente jours ! Il est illégal de mettre à mort un accusé avant l’écoulement de ce délai !
    Situé à quelques dizaines de pas du Tullianum et de la Curie, au pied du capitole, le Tabularium faisait office de dépôt des archives publiques.
    Le sursis d’un mois accordé aux condamnés, auquel Messala venait de faire allusion, résultait en fait de la nécessité d’enregistrer et d’archiver les documents portant la sentence du tribunal.
    Un silence de plomb tomba sur l’assemblée ; personne n’osait plus respirer.
    Varius se tortilla sur sa chaise, confondu par cette nouvelle rébellion, troublé par la véhémence de la déclaration de Messala.
    — Messala, dit-il cependant, en plantant ses yeux jaunes sur l’impudent, tout le monde sait que cette mesure n’a pour but que de permettre à l’empereur d’arbitrer en dernière instance, au cas où il n’aurait pas été informé du jugement prononcé par le tribunal. Dans l’affaire qui nous occupe, la logique du délai ne se justifie pas, n’est-ce pas ? Puisque j’assiste au procès et que c’est moi qui ai rendu la sentence.
    — Tu n’es pas au-dessus des lois !
    — Je suis au-dessus des lois humaines et des lois célestes ! s’écria l’empereur. Maintenant, tais-toi ou tu iras tenir compagnie à Pomponius dans son trou !
    Une moue vindicative noua ses sourcils blonds et ses yeux mauvais menacèrent l’assemblée des sénateurs :
    — Quant à vous, ajouta-t-il, hargneux, cessez de me regarder comme ça ! Ou je vous fais tous fouetter !
    S’avisant du malaise des clarissimes, il ricana.
    — Voilà qui est mieux, déclara-t-il, content. Cette attitude convient mieux à une bande de poules mouillées sur leur perchoir !
    Pour la première fois depuis le début du procès, Pomponius trouva la force de se relever sur ses deux jambes. Tirant sur ses fers, il toisa l’adolescent avec une haine indicible.
    — Pour qui te prends-tu ? cria-t-il, ivre de rage. Qui es-tu pour disposer de la vie des autres comme d’un jouet ? Tu prives les citoyens les plus honorables de leur liberté, tu les couvres de chaînes et tu les emprisonnes sans pouvoir apporter la preuve de leur culpabilité ! Tu jettes dans l’arène des membres du Sénat pour les faire mettre à mort par des gladiateurs, sans autre forme de jugement ! Ta cruauté ne parvient pas à se satisfaire des tourments que tu infliges aux clarissimes ? Tu fais périr sous la morsure de serpents deux cents innocents dans l’amphithéâtre Flavien ! Même le peuple n’échappe pas à ta tyrannie et à ta démence !
    Puis, se tournant vers l’assemblée des sénateurs, pour les prendre à témoin :
    — Oui ! avoua-t-il en criant à pleins poumons, oui, j’ai formé le projet de tuer ce monstre fardé ! Oui, je voulais le

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