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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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source sûre qu’il a voulu attenter à ma vie.
    — De source sûre ? Qui sont les délateurs ?
    — Des gens dont je ne saurais mettre la parole en doute.
    — Quels gens ?
    L’adolescent tordit nerveusement ses mains, une confusion soudaine empourpra ses joues.
    — Cet homme a voulu me tuer, dit-il à voix basse.
    — Quand ? Comment ?
    — C’était son intention.
    Sparus leva les bras au ciel.
    — Tu parles par énigmes, César. Sois plus précis !
    — Je sais qu’il est coupable, n’est-ce pas suffisant ?
    — Malgré tout le respect que je te dois, César, cela ne l’est pas. Le sénateur Pomponius n’a fait aucun aveu. Et manifestement, aucun témoin n’a été appelé pour déposer contre lui. L’absence de preuves et de témoins à charge le disculpe ipso facto.
    Varius perdait contenance. Une grimace douloureuse avait défait l’arc dédaigneux et enfantin de sa bouche, son expression était devenue misérable, comme celle d’un animal traqué.
    Il balaya des yeux la grande salle, s’attarda sur les centaines de visages qui l’observaient fixement. Les sénateurs, manifestement, avaient retrouvé leur morgue et semblaient se réjouir de sa déconvenue. Le jeune empereur vit leur air hautain, l’insolence de leurs regards. Il respira alors profondément et s’efforça mentalement de rester maître de la situation. Il se morigéna intérieurement : « N’aie pas peur, ils ne peuvent rien contre toi. Tu les connais, ce ne sont que des lâches. Des lâches… Un seul mot et tu peux faire tomber toutes ces têtes. Tu es l’empereur ! »
    Il se souvint alors de tous ceux qu’il avait raillés et humiliés au cours de ses banquets, victimes tremblantes et pathétiques de ses farces cruelles, de tous ces vénérables patres entièrement nus, en train de jouer de la flûte, leur sexe pendant entre leurs jambes. Il se rappela leurs faces apeurées, leurs mines suppliantes, leur désarroi. À ces pensées aussi amusantes que réconfortantes, sa figure reprit une expression tout à coup satisfaite.
    — Il se trouve que je suis le principal accusateur, dit-il en se redressant lentement. Insinues-tu que je mens ?
    — Non, César, bafouilla l’avocat, troublé par ce brusque changement d’attitude. Je m’efforce simplement d’établir la vérité.
    — La vérité sort de la bouche de l’empereur.
    — Mais la procédure et la loi exigent que l’on recueille des aveux, des témoignages…
    — Sparus ! tonna l’adolescent d’un ton irrité, je préfère t’avertir, cesse immédiatement de mettre en doute mes affirmations, ou sinon…
    Il fit une pause, se gratta la tête de l’index :
    — Ou sinon, je veillerai à ce que tu reçoives cent coups de bâton et cent coups de fouet plombé sur ta face de crapaud.
    L’avocat, consterné, cessa de respirer.
    — Je te ferai également couper la langue et arracher les mains, ajouta Varius. Et j’ordonnerai que ton cadavre soit exposé sur les marches des Gémonies (127) jusqu’au moment où je serai, de ma chambre du Palatin, incommodé par l’odeur de ta cervelle en putréfaction. As-tu bien compris ?
    Terrorisé, Sparus se laissa tomber à genoux aux pieds de l’empereur. Il rampa lamentablement jusqu’au bas de sa robe, qu’il embrassa servilement, tandis que les sénateurs suivaient la scène avec épouvante.
    À présent, les traits de Varius rayonnaient de leur mépris et de leur férocité naturels.
    — Vraiment, Sparus, tu as abusé de ma patience. As-tu quelque chose à ajouter, avant de passer au vote ?
    — Non, César ! gémit l’avocat.
    L’empereur se leva de sa chaise, laissant l’ orator ramassé en un petit tas honteux.
    — Maintenant, chers Pères conscrits, vengeurs de la Majesté Impériale, passons au vote… à main levée.
    Un brouhaha de protestations s’éleva dans le temple. Les sénateurs, comme les jurés des cours traditionnelles, rendaient ordinairement leur jugement par écrit en inscrivant « j’acquitte » ou « je condamne » sur leurs tablettes. En imposant cette nouvelle disposition, Varius supprimait volontairement le secret du vote et ôtait à Pomponius toute chance d’être sauvé.
    Sur les deux cents sénateurs présents dans le temple, cent quatre-vingt-dix-neuf jugèrent l’accusé coupable. Parmi eux, Scaber, Columba, Luscus et Fabius. Ces quatre-là, qui avaient pourtant participé au complot, n’eurent pas le courage de s’opposer à la

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