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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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sœur avait le nez plus long, objecta sèchement Maesa.
    — Peut-être. Le nez plus long, les yeux plus étirés, les sourcils plus fournis… Mais aussi peu de cœur.
    Maesa lui tourna le dos, dédaignant de répondre, et alla reprendre la pose.
    — Viens t’asseoir, proposa-t-elle au bout d’un moment. Viens et discutons.
    — De Varius ?
    — De ce mariage qui semble te contrarier.
    Mammaea obéit et elles furent de nouveau face à face.
    — Si par chance Varius et sa nouvelle épouse ont un héritier, crut bon de lui expliquer Maesa, celui-ci ne sera plus seulement le petit-fils présumé de Septime Sévère mais le descendant direct de l’empereur Marc. La légitimité de notre dynastie s’en trouvera définitivement assurée.
    — Je comprends tes arguments, fit Mammaea. Mais ce que je comprends moins, en revanche, c’est que tu sois allée jusqu’à encourager Varius dans son projet d’exécuter un sénateur. Prendre la vie d’un homme, dans le seul but de renforcer par le sang notre dynastie pseudo-antonine…
    — Je ne l’ai pas encouragé, j’ai consenti.
    — Le résultat est le même.
    — J’ai non seulement l’espoir que cette femme lui donnera rapidement un fils mais que cette nouvelle union fera oublier au peuple de Rome toutes les provocations de Varius. Et j’espère aussi qu’Annia Faustina saura assagir cet écervelé.
    — Personne ne peut réaliser un tel prodige, répliqua sa fille en levant les yeux au ciel.
    Cresilas abandonna son bloc de marbre et vint à leur hauteur. Il se pencha vers le visage de la princesse, lui releva avec un doigt le menton qu’elle avait involontairement baissé, lui fit reprendre la pose qu’il convenait.
    — Non, cela suffit pour aujourd’hui, protesta Maesa avec impatience. Nous reprendrons demain.
    Le sculpteur s’inclina avec respect et disparut en emportant ses outils, après avoir recouvert d’un drap son œuvre inachevée.
    — Comment a-t-elle pris la nouvelle ? interrogea encore Mammaea.
    — Qui ?
    — Annia Faustina.
    Masea hésita une seconde avant de répondre :
    — Mal.
    — Je suppose que c’est naturel, fit Mammaea. Apprendre que l’on est contrainte d’épouser le meurtrier de son mari et cela, le jour même où l’on se retrouve veuve, voilà une mésaventure peu banale. Et apprendre du même coup que l’on est invitée à partager le lit d’un gamin impuissant et cruel est une perspective assez peu réjouissante.
    — Elle va devenir impératrice, répliqua sa mère avec dédain, cela devrait suffire à la consoler.
    — Il se peut très bien qu’elle ne coopère pas.
    — Si elle est intelligente, ce que je présume être le cas, elle comprendra vite que nous avons agi dans son intérêt. Et puis Varius lui plaira. Il lui plaira parce qu’il est beau, jeune et puissant. Aucune femme, bien qu’elles prétendent toutes le contraire, n’est indifférente à la beauté physique et aux honneurs.
    — Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis.
    — Et alors ? Peu importe ce que je pense ou ce que toi tu penses, rétorqua sèchement Maesa. Ou même ce que Varius pense. Seule importe la raison d’État.
    Mammaea se leva pour partir. Elle déposa un baiser sur le front de sa mère.
    — Où se trouve Annia Faustina ?
    — On l’a conduite au palais. On la prépare pour la cérémonie.
    — On devrait tenir éloigné de sa portée tout objet tranchant.
    Maesa s’effraya un peu :
    — Tu penses qu’elle pourrait s’attaquer à Varius ?
    — Non, répondit sa fille en lissant son chignon. Mais si j’étais elle, je crois que je mettrais fin à mes propres jours.
    Mammaea ne croyait pas si bien dire en affirmant qu’Annia pût être traversée par l’idée du suicide.
    Quelques heures auparavant, lorsque les soldats étaient venus la chercher pour l’escorter jusqu’au Palatin, ils avaient trouvé, accrochés sur la façade de sa demeure, les symboles funéraires traditionnels. La pauvre Annia avait, dès les premières heures du matin, fait recouvrir les murs de rameaux de cyprès et de pin teintés en rouge. Le corps de Pomponius ne lui ayant pas été rendu, car les condamnés à mort pour haute trahison étaient privés de sépulture, elle avait néanmoins tenu à observer les rites du deuil, selon les coutumes ancestrales. Ainsi, elle avait fait dresser dans l’atrium un lit de parade pour y exposer un mannequin représentant son époux.
    Elle se tenait là, agenouillée

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