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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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dans l’exercice du sacerdoce. Alexianus sera désormais voué au service exclusif d’Élagabal.
    — Si tu imagines un seul instant que ma sœur va te laisser faire, tu te trompes lourdement !
    Le lendemain, Varius retrouvait son cousin dans les appartements de Mammaea. L’enfant était avec l’un de ses professeurs, manifestement occupé à étudier le De oratore de Cicéron.
    — Ouste ! fit l’empereur à l’adresse du grammairien. Dégage ! Je dois m’entretenir avec mon fils légitime.
    L’autre s’inclina cérémonieusement et fila sans demander son reste. Alors qu’Alexandre, aussi surpris qu’impressionné par cette visite inattendue, lui jetait un regard chargé d’appréhension, il l’enlaça affectueusement.
    — Il est temps que je m’occupe moi-même de ton éducation, dit-il en posant ses deux mains sur ses épaules. D’ailleurs nous allons commencer tout de suite ! Viens, suis-moi. Allons au temple !
    Alexandre sauta au bas de sa chaise et le dévisagea, hésitant. Sa mère lui avait interdit de se rendre à l’Élagabalium et il lui fallait obéir, mais il n’osait pourtant pas contrarier les volontés de l’empereur.
    Comme il restait là, indécis, Varius s’impatienta :
    — Allons, qu’est-ce que tu fiches ?
    Et, sans attendre une réponse qu’Alexandre d’ailleurs ne lui donna pas, il l’entraîna par le coude :
    —  Tata (134) va désormais te dire tout ce que tu dois savoir, lui confia-t-il avec un enthousiasme naïf et suffisant. Réjouis-toi : j’en sais davantage sur le divin que tous les prêtres d’Orient et de Rome réunis ! Je vais t’apprendre ce qu’aucun de tes maîtres ne saura jamais t’enseigner !
    Et il commença ainsi l’éducation religieuse d’Alexandre. Les jours qui suivirent, son cousin l’emmena au temple, lui parla sans relâche du Soleil, lui expliquant que l’astre étincelant était à l’univers ce que le princeps était au monde humain : un maître invincible et tout-puissant. Il le fit participer aux sacrifices et le pria de s’abandonner, comme lui, à la contemplation solitaire de la pierre sacrée.
    Emporté par sa mission, il déambulait joyeusement dans le sanctuaire, Alexandre lui emboîtant le pas à contrecœur, et paraissait ressentir dans tout son être une excitation, un transport extatique qui frisait la démence. Il racontait à son jeune cousin tous les mythes de l’Orient, ces mythes qui avaient nourri son enfance et auxquels il associait la supériorité de leur race, tentait de lui faire découvrir la vérité nue et limpide de l’univers, exaltait la supériorité de son Ba’al. Qu’étaient les pauvres dieux des Romains et des Grecs face à la puissance d’Élagabal, cette puissance lumineuse et qui s’animait dans chaque chose, cette puissance unitaire dont ils étaient tous deux les fils immortels ?
    Alexandre écoutait, mais gardait le silence. Et plus il parlait, plus Varius lisait dans ses yeux l’incompréhension de ce qu’il lui expliquait. Car Mammaea, qui n’avait jamais marqué aucune espèce d’attachement au culte du bétyle, avait préféré inculquer à son fils, entre autres vertus, la piété romaine et le respect des vieux rites latins, plutôt que de l’initier aux folles liturgies syriennes.
    — C’est Élagabal qui m’a fait empereur, avoua un jour Varius à Alexandre. Comme c’est Élagabal qui m’a conseillé de te faire César, afin que toi aussi, tu imposes au monde sa suprématie.
    — L’empereur ne tient-il pas son pouvoir de Jupiter ?
    — C’est ce que tu penses ?
    — Oui, et c’est ce que pensent tous les Romains.
    — Nous ne sommes pas romains ! s’emporta Varius. Et il serait temps que ce peuple d’abrutis comprenne que c’est d’Élagabal qu’émanent toutes les grâces, tous les bienfaits, toutes les bénédictions dont il profite ! Élagabal est le roi de l’univers, le dieu souverain ; aucun autre dieu, aucune autre force ne sauraient égaler sa toute-puissance ! Jupiter, la grosse Junon, Mars, Minerve, Vénus… tous ces minables dieux sont tout juste bons à lui servir de domestiques, d’esclaves ou de concubines !
    L’incompréhension, chez Alexandre, céda bientôt la place à un scepticisme amusé puis à l’ennui, bien qu’il s’obligeât à ne laisser paraître aucun de ces sentiments et à garder une réserve habile face à son impérial cousin. Varius, pourtant, ne fut pas dupe très longtemps. Il lui

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