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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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sa surveillance constante devinrent vite insupportables à Varius. En mère vigilante et suspicieuse, Mammaea ne perdait jamais de vue les deux adolescents, les épiait avec aigreur et intervenait dès qu’elle en avait l’occasion. Lorsqu’elle jugeait qu’ils avaient passé trop de temps ensemble, elle trouvait un prétexte pour mettre fin à leur discussion et éloigner aussitôt Alexandre de son dangereux cousin.
    Varius se retenait d’exploser toutes les fois où il la sentait s’approcher avec son allure de renarde rusée. C’était toujours le même manège : elle se penchait à l’oreille de son fils pour lui chuchoter, les bras croisés, quelque remontrance ou quelque prudent conseil, puis secouait lentement la tête et lui faisait signe de l’accompagner sur-le-champ.
    Force était de constater qu’Alexandre lui-même ne mettait guère de bonne volonté à suivre les enseignements de son extravagant père adoptif.
    Varius ne tarda pas à comprendre que le prude jeune homme n’appréciait pas davantage ses délires théologiques que les débordements licencieux de ses festins orgiaques.
    Lorsque l’empereur, au cours d’un repas, vautré sur les coussins, rouge d’avoir trop bu, jetait une blague obscène, le fils de Mammaea rougissait jusqu’aux cheveux et prenait, sans en avoir conscience, un air tellement choqué que l’ambiance s’en trouvait immédiatement refroidie. Quant à son attitude envers les favoris, elle ne laissait aucun doute sur l’opinion qu’il avait d’eux et de leur ignominie. Non seulement il ne faisait aucun effort pour s’attacher la sympathie des amis de l’empereur, mais il ne manquait jamais une occasion de leur faire entendre qu’il les trouvait ridicules et indignes, sans cependant formuler expressément sa pensée et sans courir le risque de froisser leur protecteur : une marque de dédain dans le regard, une froideur dans ses manières, exprimaient toute la haine qu’il ressentait à leur égard. Et lorsque l’un d’eux s’avisait de lui adresser la parole, il ne répondait rien, affectait un air de mépris qui exprimait parfaitement sa répugnance à se compromettre, même par un mot, avec un misérable giton.
    — Que ferais-tu si tu devenais empereur à ma place ? lui demanda un jour Varius abruptement, tandis qu’ils se promenaient dans les jardins.
    Alexandre pâlit et eut du mal à lui faire une réponse qui ne l’offenserait pas :
    — Je ne pourrai te répondre que lorsque ce jour viendra.
    — Mais si ce jour vient, lui répliqua vertement Varius, c’est que je ne serai plus là. Aussi, ne pourrai-je pas entendre ta réponse.
    La logique du raisonnement fit sourire Alexandre malgré lui. Il se retint, par prudence, de lui dire qu’il mettrait fin aux promotions scandaleuses dont il avait gratifié ses cochers et ses coiffeurs, qu’il rendrait au Sénat son importance politique et qu’il renverrait sans doute l’encombrant bétyle dans son pays natal.
    — Je pense que je commencerai par assurer nos frontières, répondit-il en imprimant à son visage juvénile une étonnante gravité. Les Germains se font de plus en plus menaçants. On dit qu’ils envisagent d’attaquer nos camps dans le Taunus (135) et en Rhétie (136) . Je veillerai aussi à mener une expédition contre les Perses, qui risquent de nous déborder en Syrie et en Mésopotamie. Ce peuple représente un danger permanent que nous ne devons pas ignorer.
    Vexé que son cousin, de quatre ans son cadet, soit plus informé que lui de la situation militaire de l’Empire, Varius eut une moue contrariée.
    — Est-ce là ce que tu comptes faire de l’immense pouvoir que j’ai accepté de partager avec toi ? Tu me déçois, Alexianus.
    Alexandre frémit un peu, mais persista :
    — J’utiliserai ma puissance pour servir l’État. Le bien de l’État me tient plus à cœur que mon propre plaisir.
    Varius fronça le front :
    — Par pitié, Alexianus, ne m’assomme pas avec des propos aussi grossiers !
    Mais, en bon élève, Alexandre crut bon de réciter la leçon que lui avaient maintes fois répétée Mammaea et ses professeurs :
    — À mes yeux, les vertus d’un prince sont le dévouement et le devoir envers la patrie. Le pouvoir n’a pas de raison d’être s’il ne sert pas à affermir la grandeur de Rome.
    L’empereur avança sa lèvre supérieure avec ironie. Puis il agita son index, rose et soigné, de droite à gauche.
    — Non, dit-il. Le

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