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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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pouvoir n’est qu’un jouet entre les mains de celui qui le détient. Un gros jouet et rien d’autre.
    Puis, lui lançant un regard inspiré :
    — Quant à la grandeur, je vais te dire ce que c’est, Alexianus. La grandeur consiste à faire tout ce que l’on veut en dépit des coutumes, des traditions et de la morale. Être son propre maître, n’obéir qu’à ses instincts, qu’à sa seule volonté, voilà ce que c’est qu’être grand.
    Il s’était arrêté de marcher dans l’allée et avait levé les yeux vers le ciel, comme pour prendre à témoin l’immensité céleste.
    — Être grand, poursuivit-il, c’est oser ce que personne n’a jamais osé, c’est rire de tout, exiger l’impossible, démolir ce que l’on a fait bâtir, dépenser ce que l’on a gagné.
    Inspiré, il fit une pause d’acteur, étendit le cercle de ses bras autour de lui :
    — Être grand, c’est se lever à l’heure où les autres se couchent, vouloir la neige en été et le printemps en hiver, donner sans limites, dépouiller sans scrupule, avilir ce qui est respectable, élever ce qui ne l’est pas, jouir de tout, ne tenir compte de rien… Inventer des lois contraires aux lois, mettre sur un pied d’égalité la laideur et la beauté, la cruauté et la générosité… l’or et la merde.
    Il se tut de nouveau, renifla avec mépris, avant d’ajouter :
    — Quant à moi, tu l’auras compris, Rome est la chose qui m’intéresse le moins du monde.
    Consterné, Alexandre regarda son cousin comme on regarde une bête curieuse et nuisible. Comment un empereur pouvait-il tenir d’aussi exécrables propos ? Comment pouvait-il se vanter de trouver son idéal dans les plaisirs honteux, les débauches crapuleuses, la corruption, l’assouvissement de ses goûts scandaleux, de ses fantaisies humiliantes ?
    « Mère a raison, pensa-t-il. Il est fou. »
    * * *
    La rupture entre le père et le fils fut bientôt consommée. Réalisant qu’il ne parviendrait jamais à corrompre les mœurs d’Alexandre, ni à en faire un collègue convenable pour son sacerdoce, Varius cessa de persister dans cette voie. Il comprit à quel point il s’était laissé berner par sa propre famille : la gentillesse inhabituelle de Maesa, suivie de sa prétendue sollicitude, son assurance qu’Alexanius deviendrait prêtre d’Élagabal, jusqu’à l’apparente docilité de ce dernier… Comme il avait été crédule !
    La trahison des siens le plongea dans un nouvel accès de mélancolie. Il connut encore une fois ce malaise douloureux, ce dégoût de tout, cette envie de rien qui le laissait, au milieu des autres, égaré et geignant, lui donnait mille peines à sortir de sa chambre, même pour aller au temple, à paraître à table, à soutenir une conversation, même futile.
    Ni Gordius, ni Protogène, ni Myrismus, n’osaient plus l’approcher, se sentant totalement incapables de le distraire de sa peine. Ce fut Claudius qui, le premier, se décida à lui rendre visite, bien décidé à le ramener sur le chemin de sa vie fangeuse.
    — Divin César, tu ne peux pas continuer à faire le mort !
    Varius fut tout à coup tiré de sa sombre prostration par la voix aiguë de Claudius qui entrait dans la chambre. Plongé dans une torpeur éthylique, il n’avait entendu ni le frôlement du vêtement soyeux, ni le bruit de pas de l’efféminé préfet des vigiles.
    Il leva vers lui son visage torturé, le regarda d’un œil hébété et, pour toute réponse, lui lança d’une voix éteinte et pâteuse :
    — Va-t’en.
    Mais Claudius insista :
    — Ta compagnie nous manque, César. Un jour de plus sans toi dans ce palais et nous allons tous mourir d’ennui !
    — Que veux-tu que cela me fasse ? répliqua Varius. Et d’ailleurs qui t’a permis d’entrer dans ma chambre sans être annoncé ?
    Réalisant qu’aucun garde n’était posté devant sa porte, il eut soudain un mouvement de crainte, se redressa sur son lit.
    — Tout le monde entre ici comme dans une auberge ! N’importe qui pourrait m’étouffer dans mon sommeil !
    En entendant les mots qu’il venait lui-même de prononcer, une terreur confuse l’envahit. Il se cacha le visage entre les mains et se recroquevilla comme une petite fille épouvantée.
    — Il y a trois gardes devant ta porte, le rassura Claudius.
    — Alors pourquoi t’ont-ils laissé entrer sans m’avertir ?
    — N’est-ce pas toi qui as donné l’ordre de me laisser venir dans

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