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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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tes appartements à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ? s’étonna son coiffeur. Je ne savais pas qu’en m’honorant de cette faveur, tu en viendrais à imaginer un jour que je puisse attenter à tes jours. Moi, César ? Moi, ajouta-t-il avec un battement de cils significatif, moi qui attache plus d’importance à ta vie qu’à la mienne ?
    Rassuré, Varius se détendit un peu.
    — Je ne doute pas de ta loyauté, Claudius, avoua-t-il. Mais de celle des autres…
    — Les autres ?
    Il appuya sa paume sur ses yeux battus, ses lèvres se contractèrent douloureusement et un sanglot convulsif, s’échappant de sa poitrine, retentit dans la grande chambre.
    — Je ne veux pas parler d’eux, gémit-il. Il me suffit d’y penser pour me rendre malade.
    Voyant sa détresse, Claudius tenta de le distraire :
    — Gordius te fait dire que Hiéroclès concourra demain après-midi au grand cirque.
    Varius leva un sourcil intéressé :
    — Le fameux Hiéroclès ?
    Il n’avait pas oublié le jeune aurige dont Gordius s’était amouraché. Il n’avait pas non plus oublié avec quelle émotion son préfet de la ville avait évoqué son jeune amant, lors de leur première rencontre, ni son propre dépit de se voir évincé, dans le cœur du beau favori, par ce mystérieux petit cocher de cirque.
    — Oui, le fameux Hiéroclès, confirma Claudius. Nous allons enfin voir à quoi ressemble celui qui a ravi le cœur de notre cher Gordius.
    Varius fit mine de réfléchir un instant puis acquiesça en affaissant les épaules, comme s’il était recru de fatigue, mettant dans ce simple geste tout le poids de sa lassitude et de son tourment.
    — J’irai, dit-il simplement, en se laissant retomber comme un mort sur son lit.
    Puis il replongea dans ses méditations douloureuses, plein d’une profonde pitié pour lui-même, constatant avec horreur qu’il n’avait lui, l’empereur de Rome, personne pour l’aimer, mais tout un empire pour le détester.

CHAPITRE XXXIII
    Le lendemain, Varius patientait sans grand enthousiasme dans le pulvinar du Circus Maximus. D’une humeur aussi morose que la veille, l’œil terne et le geste lent, il regrettait amèrement de s’être levé et n’aspirait déjà plus qu’à se recoucher.
    — Es-tu certain que Hiéroclès concourt dans la première course ?
    — Oui et d’ailleurs le voici ! répondit Claudius en montrant du doigt, dans la pompa, les cochers revêtus de leur tenue militaire.
    — Où ça ?
    — En bleu.
    — Comment veux-tu que je le reconnaisse ? lui fit remarquer l’empereur d’un ton maussade, je ne l’ai jamais vu. En outre, ils sont vingt-cinq.
    — Au premier rang, le plus grand de tous. Celui qui regarde dans notre direction.
    L’empereur cligna des yeux mais ne distingua rien qui eût le mérite de retenir son attention. Il soupira et repoussa nonchalamment une petite mèche échappée de sa résille d’or.
    La procession terminée et les sacrifices rituels accomplis, l’organisateur des jeux donna enfin le signal du départ. Dès que le linge blanc toucha le sol, les portes des carceres (137) s’ouvrirent pour laisser s’élancer les chars des quatre factions. Subjugué par le galop des chevaux, le public se déchaîna aussitôt. Dans une sorte de folie collective, les spectateurs se mirent à hurler à tue-tête pour encourager les différentes écuries.
    Claudius, émoustillé par l’énergie virile des auriges qui se disputaient âprement la victoire, ne perdait rien du spectacle tandis que Varius, indifférent, promenait sur les tribunes un regard blasé.
    Dès le premier tour de piste, les Rouges se démarquèrent de leurs concurrents en prenant une bonne longueur d’avance. Les autres cochers durent mener leurs chevaux à une allure effrénée pour rattraper leur retard. Les bêtes galopaient trop près les unes des autres, presque flanc contre flanc, et les chars se frôlaient dangereusement en soulevant des nuages de sable qui gênaient la visibilité. Au second tour, les Rouges passèrent de nouveau l’extrémité de la spina largement en tête, tandis que les attelages des Verts et des Bleus, qui tentaient désespérément de remonter, ne parvenaient déjà plus à se dégager l’un de l’autre. La roue gauche du char que conduisait Hiéroclès frotta contre celle de son adversaire, faisant exploser un jaillissement d’étincelles. Elle se brisa aussitôt, déséquilibrant le véhicule et son

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