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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate
Autoren: Emma Locatelli
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tradition…
    — Non, c’est la preuve que ce ne sont que de pauvres demeurés.
    Sitôt après l’intervention d’Alexandre, les Pères conscrits ne manquèrent pas l’occasion, à travers leurs discours successifs, de formuler des souhaits de bonne entente entre l’empereur et son héritier ; leur message fut on ne peut plus clair :
    — Le Sénat se réjouit que vous assumiez ensemble la direction de l’Empire, lança le princeps senatus aux deux garçons. Que cette année nouvelle soit marquée par la concorde et l’affection que doivent se porter un père et son fils. Marcus Aurelius Antoninus et toi, Marcus Aurelius Alexianus, sachez gouverner ensemble, à égalité. Faites preuve de modération et de bienveillance et que les dieux vous préservent.
    Cette petite allocution acheva d’augmenter le malaise et le courroux de Varius. Mais on aurait pu tout aussi bien le croire sourd car il ne montra en aucune façon sa contrariété, pas plus qu’il ne montra qu’il avait entendu l’avertissement.
    Les yeux toujours fixés sur le plafond, il reprit son attitude forcée d’apathie morose et de méditation. L’esprit engourdi, mais la haine chevillée à l’âme, il se demandait si c’était bien lui, le maître de Rome, le grand prêtre du Soleil Invincible, qui demeurait impassible devant les allusions de ces esclaves en toge et devant les grands airs d’un gamin insignifiant.
    Pour se donner la force de surmonter cette nouvelle humiliation, il chercha le réconfort dans son délire intérieur : il se vit bondissant, empoignant son cousin à la gorge, le secouant jusqu’à le mettre à deux doigts de la mort, puis le jetant ignominieusement hors de la Curie ; il s’imagina conduisant le procès de tous les sénateurs, les uns après les autres, ordonnant leur exécution capitale, comme il l’avait fait pour Pomponius et Messala.
    La fin de la matinée s’étira en minutes si longues que Varius avait l’impression qu’elle ne se terminerait jamais.
    — Bien, c’est fini ? demanda-t-il en se levant tout à coup de sa chaise.
    Son geste marqua la fin de la cérémonie officielle et les membres de la famille impériale se levèrent à leur tour.
    Sur l’esplanade, le cortège commença à se reformer afin de prendre le clivus Capitolinus, la voie raide menant au Capitole. Le moment était venu de monter au sommet de la colline pour rejoindre le temple de Jupiter Optimus Maximus, afin d’y formuler les vœux d’usage et de sacrifier un bœuf blanc en l’honneur du dieu souverain de Rome.
    — Nous rentrons, dit soudain l’empereur à sa mère, alors qu’ils sortaient processionnellement de la Curie.
    — Varius, s’étouffa Soemias, nous devons aller au Capitole !
    — Vas-y toute seule si cela te chante, moi je rentre au palais.
    — Tu n’es pas sérieux ?
    — Si, j’en ai eu assez pour aujourd’hui.
    Il agita sa main grasse et toutes ses pierres précieuses jetèrent leur éclat dans la lumière blafarde de l’hiver.
    — Ils ne s’imaginent tout de même pas que je vais m’abaisser à sacrifier à leur Jupiter Très Bon Très Grand ? ricana-t-il. J’aimerais encore mieux qu’on me coupe les deux mains plutôt que de me prêter à ça !
    Et il s’immobilisa un moment sur les marches, dans une attitude butée.
    — Tu ne peux pas refuser de monter au temple, gémit Soemias. Tu dois célébrer les rites et prononcer les vœux solennels en faveur du Sénat, des chevaliers et de tout le peuple romain…
    Et, pour l’empêcher de commettre l’irréparable, elle le retint par la manche.
    — Tu ne peux pas partir ! répéta-t-elle.
    — Et qui m’en empêchera ? cracha Varius en dégageant son bras d’un geste brusque. Je ferai ce qu’il me plaît ! L’empereur n’a pas à demander la permission d’aller où il veut et de faire ce que bon lui semble !
    Ce nouvel éclat ne manqua pas de laisser l’assistance médusée. Aussitôt, le cercle de la famille impériale se resserra autour de lui. Alexandre et sa mère le dévisagèrent d’un air consterné tandis que Maesa, soutenue par le bras de Comazon, lui lançait un regard menaçant.
    L’humeur belliqueuse de la princesse semblait s’être rallumée comme une torche vive.
    — Ne recommence pas ! le prévint-elle en haussant le ton.
    — Ou sinon ? lança Varius. Que comptes-tu faire, vieille bique ? Me traîner par les cheveux jusqu’au Capitole ? Devant toute cette foule ?
    Il eut un
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