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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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essaya de la vider complètement. Mais, ne réussissant pas à rire et à boire à la fois, il s’étrangla et recracha la gorgée de vin sur sa tunique de soie.
    Soemias, passant son bras sous celui de son fils, redressa son corps chancelant contre le sien et le guida jusqu’au lit.
    — Une nouvelle Rome… répéta Varius en ricanant, tandis que sa mère le soutenait et le traînait vers sa couche. Je leur montrerai de quoi je suis capable… Ils vont voir… ce dont je…
    La suite se perdit dans un gargouillement confus d’ivrogne.
    * * *
    Hiéroclès revenu, l’empereur se montra de nouveau gai, léger, épilé et paré, mais n’en oublia pas moins ses funestes projets.
    Son esprit était maintenant pénétré de l’heureuse conviction qu’il lui suffisait de supprimer tous ceux qui, dans l’ombre, soutenaient son cousin, pour retrouver son pouvoir.
    Au début du mois de février, tenant la promesse qu’il s’était faite devant Soemias, il ordonna d’abord la liquidation des professeurs d’Alexandre. Mais ses tentatives furent immédiatement contrecarrées par Mammaea, laquelle, avertie des dangers qui pesaient sur l’entourage de son fils grâce à la complicité de quelques serviteurs du palais sessorien qu’elle avait généreusement soudoyés, fit prévenir les précepteurs de leur exécution imminente.
    Le rhéteur Silvinus fut lâchement liquidé à son domicile par l’un des rares centurions restés fidèles à l’empereur, mais le grammairien Scaurinus, le vieux Frontinus et Julius Granianus eurent le temps de s’enfuir.
    Quelques jours plus tard, conforté par ce demi-succès, Varius enjoignait à tous les sénateurs de quitter Rome, sous peine de subir le même sort que l’infortuné Silvinus.
    Gagnés par la panique, les clarissimes ne se firent pas longtemps prier pour déguerpir de l’ Urbs. Ce fut l’affolement général dans les rangs de l’ordre sénatorial : jamais, de mémoire de Romain, aucun empereur n’avait ordonné l’expulsion de six cents sénateurs !
    — Les Pères conscrits quittent la ville ! s’exclama Comazon en entrant dans les appartements de Maesa. Ils partent tous ! Il n’y a plus une voiture, plus un char, plus un cheval dans la ville !
    Maesa se tut, les bras croisés et les yeux ouverts, fixés droit devant elle. Ses paupières restèrent ainsi, sans battre, pendant une longue minute. Comazon s’inquiéta aussitôt de cette étrange fixité :
    — Est-ce que tout va bien ? demanda-t-il en s’approchant. La vieille femme tourna légèrement la tête :
    — Les clarissimes ont toujours eu peur de tout, dit-elle calmement. Ils auraient même peur de leur ombre si on leur disait qu’elle les menace.
    — Et ils ont raison de s’effrayer ! intervint à son tour Mammaea. Ce dément a promis de les tuer jusqu’au dernier s’ils ne s’exilaient pas sur-le-champ !
    — Ce ne sont que des mots, répliqua sa mère.
    — Des mots qu’il a accompagnés d’actes ! dit Mammaea.
    J’ai bien peur que ce soit bientôt notre tour ! Je suis certaine qu’il va s’en prendre à Alexandre !
    — J’ai fait renforcer la garde devant ses appartements et aux portes du palais, la rassura Maesa. Il lui faudrait au moins un détachement de deux cents hommes pour forcer l’entrée de la Domus Augustana. Or, il ne dispose que d’une poignée de soldats. Nous n’avons rien à craindre.
    — Mais Silvinus est mort !
    — Silvinus s’est fait surprendre chez lui. Cela n’arrivera pas à Alexandre. Cela n’arrivera à aucun d’entre nous. Nous sommes parfaitement protégés.
    — Je n’aime pas ça non plus, renchérit Comazon. Nous le pensions fini et voilà qu’il se rebiffe comme un lion furieux, prêt à déchiqueter tout ce qui passe à sa portée !
    Maesa leva la main dans un geste d’apaisement. Puis elle se mit debout et un pli ironique creusa son large menton.
    — Varius vient de commettre la plus grave erreur de sa vie, dit-elle froidement. Sa décision de supprimer le Sénat a eu pour effet de semer un vent de panique sur la ville et de le faire passer définitivement pour le fou dangereux qu’il a toujours été. Sans compter que cet exil précipité des Pères conscrits a semé le trouble dans la garde prétorienne. Les tribuns militaires et les centurions sont maintenant convaincus qu’après les sénateurs, la folie meurtrière de l’empereur va s’abattre sur eux.
    Elle esquissa un mouvement des lèvres, une

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