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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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pierre noire, Maesa et Gannys Eutychianus s’entretenaient avec Valerius Comazon, le préfet du camp militaire de Raphanae.
    Un peu désœuvrée, Soemias avait décidé de les rejoindre après son bain.
    — Ce soir, dit Comazon en baissant la voix, comme s’il craignait qu’on écoutât derrière les murs.
    Il se dirigea vers la porte et l’ouvrit pour vérifier qu’aucune oreille malfaisante ne traînait dans les parages, puis revint vers les princesses avec son air de conspirateur.
    Ses grands yeux globuleux roulaient dans tous les sens et ses grosses lèvres faisaient une drôle de grimace, une sorte de moue anxieuse et grotesque.
    — Ce soir, répéta-t-il, nous introduirons Varius dans l’enceinte du camp. Dès la tombée de la nuit, vous emmènerez l’enfant à Raphanae et nous le ferons entrer par la porte est, la porte du prétoire.
    Des quatre entrées qui ouvraient les camps militaires romains, la porte du praetorium était en effet de bon augure : c’est par elle que les troupes sortaient pour aller au combat.
    — Tout est organisé ? demanda Maesa, perplexe. Comazon tordit sa bouche pour sourire :
    — J’ai tout prévu. Les soldats seront rassemblés sur la via principalis, devant les campements des tribuns militaires. Des torches seront allumées tout le long de la rue. Une centaine de soldats porteront des lanternes et acclameront Varius dès qu’il arrivera devant l’autel du camp.
    — Sommes-nous certains que tous les légionnaires nous sont acquis ? Qu’il n’y aura pas de récalcitrants ?
    — Aucun risque, ils sont mûrs. Le prestige de Varius et les pièces qui emplissent leurs sacoches les ont définitivement convaincus. Et les prodiges ont fait le reste.
    Depuis plusieurs semaines, les agents des Syriennes faisaient courir la rumeur que de sombres présages menaçaient le règne de Macrin. Ils racontaient qu’à Rome même, une comète avait traversé le ciel tandis que la foudre s’était abattue sur l’amphithéâtre Flavien (31) , le jour même de l’anniversaire du Maure.
    Soemias et sa mère avaient également fait répandre le bruit que des animaux difformes étaient nés dans tout le Latium (32) depuis la proclamation de l’usurpateur : un cochon à quatre oreilles, des grenouilles à huit pattes, un veau sans tête…
    Or, les Romains attachaient la plus grande importance à ces signes horribles qu’ils qualifiaient d’omen ou de monstrum. Ils considéraient ces événements étranges, ces phénomènes hideux qui violaient l’ordre naturel des choses comme un funeste avertissement des dieux.
    — Sachez aussi qu’après l’acclamation, annonça Comazon, personne ne pourra plus sortir du camp, sous peine d’encourir le châtiment de Macrin.
    Soemias manqua de s’étouffer :
    — Nous allons devoir rester enfermées dans cette affreuse caserne militaire ? Mais pour combien de temps ?
    — Le temps que les autres légions se rallient et viennent nous rejoindre, répondit Maesa à sa fille.
    Cette dernière soupira, d’un long souffle qui fit voler, comme des plumes, les boucles égarées sur ses jolies joues.
    Il n’en fallut pas plus pour que Valerius Comazon se troublât et qu’une rougeur subite envahît sa grosse figure en forme de poire.
    — Macrin va certainement nous envoyer ses troupes dès qu’il apprendra que Varius a été proclamé empereur, dit encore Maesa. Pourrons-nous résister à une offensive de ses prétoriens ?
    — S’ils nous attaquent, ils s’y casseront les dents, répliqua Comazon en gonflant exagérément le torse. Nous allons les recevoir !
    — Bien, fit la vieille Syrienne, en gardant cette raideur hiératique qui lui seyait si bien. Ce soir, nous prendrons la route de Raphanae. J’espère que nous n’aurons pas à le regretter.
    * * *
    Le jour commençait à décliner lorsque Varius sortit des chambres souterraines du temple solaire.
    Il gravit lentement les marches du grand escalier jusqu’à une vaste cour entourée de colonnes. Puis il s’avança jusqu’à la balustrade de marbre rose, derrière laquelle se dressait, entre deux parasols brillants de joyaux, sa pierre sacrée.
    Lorsqu’il vit son divin bétyle illuminé par la lueur des torches, il éprouva un éblouissement vertigineux, comme s’il venait de tomber dans un gouffre de lumière : Élagabal se dressait majestueusement, cerclé d’un manteau de guirlandes dans l’atmosphère pâle du crépuscule. Tout s’effaça autour du

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