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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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aussi têtu qu’un âne. Savez-vous ce qu’il a fait lorsque nous étions à Faustinopolis ?
    Gannys et Maesa, dans un mouvement parfaitement synchronisé, haussèrent un sourcil interrogateur.
    — Il a fait exécuter un portrait de lui en tenue sacerdotale et il l’a envoyé au Sénat, lâcha Mammaea d’un air dégoûté.
    — Il n’a pas fait ça ? s’étrangla Maesa.
    — Si. Il a posé avec sa robe safran, toutes ses amulettes et sa tiare solaire…
    La jeune femme, un demi-sourire de triomphe sur les lèvres, savourait l’effet de la mauvaise nouvelle sur sa mère.
    — Ce n’est pas tout, poursuivit-elle en tournant les talons. Il a exigé, dans une lettre qui accompagnait son portrait, qu’on fixe le tableau dans la Curie, pour que les Pères conscrits puissent l’admirer chaque fois qu’ils siégeront en attendant son arrivée. Il pense que ce grotesque cadeau les fera patienter !
    — Je lui parlerai, fit Gannys Eutychianus en secouant la tête d’un air préoccupé. Il faut le ramener rapidement dans la voie du bon sens.
    — Autant essayer de faire boire une mule qui n’a pas soif ! ricana Mammaea en sortant.
    Puis elle ajouta, en s’enveloppant dans son grand châle sombre :
    — Ma sœur devrait peut-être songer à éduquer son impossible gamin. S’il en est encore temps !
    * * *
    L’éducation de Soemias, pour l’heure, se résumait à partager avec son fils et sa cour ambulante les moments de volupté et d’oisiveté que leur offrait l’ancienne résidence des rois de Bithynie.
    Le soir même, l’adolescent fit organiser un grand banquet, dont l’invité d’honneur n’était autre que Crésus, le cinaedus qui avait enflammé ses sens, quelques mois plus tôt.
    Si le joli bouquet de lis et de narcisses que lui avait offert Varius avant sa proclamation n’avait eu guère d’effet sur le jeune homme, son élévation au trône, en revanche, avait eu vite fait d’allumer en lui une flamme ardente et non moins intéressée. Aussi Crésus avait-il rejoint le cortège impérial au cours de l’été et depuis, il ne quittait plus d’une semelle le nouvel empereur qui le couvait d’attentions et de baisers torrides.
    Dans la salle du banquet, allongé sur un grand lit disposé en arc de cercle, en forme d’un sigma lunaire, Varius, Crésus et Soemias, accompagnés d’une dizaine de courtisans, dégustaient le troisième plat de résistance que leur offraient les pueri delicati, ces jeunes esclaves ravissants que les maîtres de maison recrutaient pour servir leurs invités et pour les divertir.
    Ces ganymèdes, à peine sortis de l’enfance, vêtus à la mode grecque, c’est-à-dire assez dénudés, étaient les objets de luxe indispensables à toute maison digne de ce nom et Varius n’en possédait pas moins d’une vingtaine pour son usage particulier. Ils constituaient, en quelque sorte, son harem de garçons, servant tout aussi bien dans la salle à manger que dans sa chambre à coucher. Varius se réjouissait de leur présence juvénile ; ils étaient à la fois ses serveurs de banquet, ses petits chanteurs de poésie, ses compagnons de jeu et ses partenaires sexuels.
    Lorsque l’un de ces ravissants garçons se pencha vers le jeune empereur pour lui tendre un plat, ce dernier le refusa d’un air blasé.
    Il avait bu plus que de raison, dévoré du melon à la menthe et des asperges, des escargots, des tétines de truie et des grives en sauce, aussi rechigna-t-il à goûter aux côtelettes de mouton, présentées sur leur lit de laitue et de truffes, que lui proposait le délicat petit esclave.
    L’odeur un peu écœurante des viandes grillées et du vin, qui se mêlait aux essences capiteuses des roses, des lis et des violettes répandus sur le sol, lui souleva tout à coup le cœur. Saisi par une soudaine indisposition, il se pencha au-dessus du lectus (71) pour vomir.
    Un autre de ses serviteurs accourut aussitôt pour lui essuyer les lèvres et verser sur ses mains une eau fraîche et parfumée. Varius le renvoya brutalement.
    Depuis le début du repas, l’adolescent semblait préoccupé et d’humeur maussade. L’excès de vin l’avait rendu plus taciturne et plus susceptible que d’habitude.
    — Pourquoi Eutychianus ne soupe-t-il pas avec nous ? demanda le jeune homme à sa mère en la fixant avec un air contrarié.
    — Il m’a fait savoir qu’il était fatigué, répondit Soemias en attrapant une côtelette avec les doigts.
    — Et moi,

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