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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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propres traits. Et le contraste entre ces mines affreuses, ces visions répugnantes et son joli reflet avivait son formidable orgueil. Émerveillé, il s’adressait alors des sourires satisfaits, amoureux, enjôleurs, comme s’il eût été épris de lui-même et de sa propre beauté.
    Toutes ces frasques donnèrent évidemment à Maesa de nouvelles raisons de s’alarmer.
    Elle s’était naïvement imaginé, et à tort, que le culte d’Élagabal continuerait d’occuper Varius, voire l’absorberait entièrement pendant qu’elle régnerait en toute tranquillité sur l’Empire. Mais, à présent, elle se désolait que l’enfant se soit quelque peu détourné de ses préoccupations religieuses et qu’il leur préférât d’autres distractions, nettement moins respectables. Et qui sait si, le temps passant, son goût pour les plaisirs interdits et les facéties douteuses ne l’entraînerait pas encore plus loin, c’est-à-dire au-delà de l’acceptable ?
    Il n’était pas question qu’elle le laissât mettre en péril, par ses extravagances, l’édifice qu’elle avait si soigneusement et si patiemment construit et ébranler les bases de ce pouvoir qu’elle avait espéré si longtemps.
    Mais Maesa doutait fort de pouvoir contrarier la nature profonde de son petit-fils sans déclencher un cataclysme. Comment ramener dans la voie de la raison un être qui en était totalement dénué ou qui, du moins, n’en avait pas une conception ordinaire ? Le meurtre de Gannys Eutychianus continuait de la hanter et de l’inciter à la prudence.
    Une idée lumineuse s’imposa pourtant à elle, un matin où elle était en proie à ses inquiétantes réflexions. Elle songea que, peut-être, une autre femme, hormis elle ou Soemias, pourrait avoir quelque emprise sur cet écervelé et le détourner de ces farces grotesques et de ses débauches.
    À partir de ce jour, elle se lança dans la quête de la perle rare qui saurait, avec une ferme douceur, détourner Varius de ses déplorables fantaisies et l’assagir.
    Lorsqu’elle crut enfin avoir déniché la candidate idéale, elle décida que le moment était venu de lui en parler.
    Au cours d’un après-midi, elle alla rejoindre l’empereur dans ses appartements, s’efforçant de se composer, pour la circonstance, bien que cela lui coûtât, une mine avenante.
    Elle commencerait par une conversation futile et détendue, afin de le mettre en confiance. Elle savait qu’elle ne devait en aucun cas le brusquer si elle voulait obtenir son approbation et éviter un drame. Mais, dès qu’elle eut franchi le seuil de sa chambre, voyant Varius, comme à son habitude, mollement alangui sur son lit de repos, les yeux perdus dans une vague torpeur, son aversion reprit immédiatement le dessus et ses résolutions volèrent en éclats.
    — J’ai appris que tu avais recensé les architectes les plus compétents d’Italie, dit-elle en entrant trop précipitamment dans la chambre. Puis-je savoir pourquoi ?
    Varius n’esquissa pas le moindre mouvement.
    — Les meilleurs bâtisseurs et aussi les meilleurs artisans, dit-il sans bouger. Des charpentiers, des lapicides, des maçons, des stucateurs, des peintres, des doreurs…
    — Qu’as-tu encore en tête ?
    — J’ai l’intention d’entreprendre de grands travaux.
    — Ce n’est pas une mauvaise idée, mais cela me semble un peu précipité. Tu as bien le temps de songer à faire construire un monument dans Rome, tu viens à peine d’arriver.
    L’adolescent se redressa lentement.
    — Figure-toi que mon projet ne peut pas attendre. Le temps presse.
    — Puis-je savoir à quoi tu penses ? S’il s’agit d’un nouveau cirque, je te conseille d’y renoncer, il n’y a plus de place dans la ville. Un arc ou une colonne, à la rigueur. Quant à de nouveaux thermes, inutile d’y songer : il y en a déjà plus de neuf cents dans la capitale.
    — Qui te parle de bains publics ? coupa Varius d’un air dégoûté. Ni thermes, ni amphithéâtres, ni arcs de triomphe. J’ai d’autres impératifs que de divertir la plèbe. Et ne crois surtout pas que je vais gaspiller mon or pour la gloire de Rome.
    — De quoi s’agit-il alors ? interrogea sèchement Maesa.
    — D’un temple.
    La princesse se rappela le véritable objet de sa visite et se reprocha d’avoir repris malgré elle le ton des disputes familières. Elle s’obligea à retrouver un ton plus serein.
    — Un temple ? demanda-t-elle

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