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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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ce flot d’éloges, dont il ne perçut absolument pas l’hypocrisie pourtant flagrante, Maesa comprit qu’elle venait de toucher enfin la corde sensible. La perspective de l’immortalité, entretenue par le souvenir de sa progéniture, ne pouvait que flatter la vanité démesurée de cet enfant pétri de suffisance.
    — Je ne crois pas qu’une femme saurait me rendre heureux, rétorqua pourtant l’adolescent, poussé par une ultime réticence.
    — Laissons la quête du bonheur aux âmes vulgaires, Varius. La grandeur d’un homme et, à fortiori d’un empereur tel que toi, se mesure non pas à sa façon de vivre le présent mais à son ambition d’étendre sa gloire dans l’avenir.
    Varius resta songeur et observa sa grand-mère d’un air entendu.
    — Bien, dit-il finalement. Qui proposes-tu ? Car je suppose que tu as déjà pensé à quelqu’un ?
    Maesa hocha la tête.
    — Julia Cornelia Paula, la fille du grand jurisconsulte Paulus. C’est la meilleure candidate. Non seulement elle est jolie, mais elle est également douce et docile. Son père prétend qu’elle a de l’esprit, juste ce qu’il convient à une femme, et qu’elle n’est pas dépourvue d’humour, ce qui devrait t’agréer. Si tu l’épouses, elle te fera de beaux enfants et tu cloueras définitivement le bec à ces sénateurs qui mettent en doute la légitimité de ta naissance. Tu ne peux pas trouver de meilleure alliance que celle-ci. Tes héritiers descendront des Sévères et de la très noble famille patricienne de la gens Cornelia.
    — Quel âge a-t-elle ?
    — Elle n’a que trente ans.
    — Que trente ans ! C’est une vieille !
    — Je t’ai apporté un portrait que son père a bien voulu me remettre pour toi. Regarde et juge par toi-même.
    Elle lui tendit une peinture miniature, enchâssée dans un médaillon serti de nacre. Varius vit une jeune femme au visage long, sans pommettes, avec de petites lèvres charnues en forme de cœur, de grands yeux noisette sous des sourcils fins.
    — Je ne vois que son visage.
    — Eh bien, n’est-il pas agréable ?
    — Hum… Et son corps ? Comment est-il ?
    — Son corps ? Mais il est… il est très bien.
    — L’as-tu vu ?
    — Bien sûr. Je l’ai rencontrée plusieurs fois. Elle m’a semblé bien faite, elle a beaucoup d’allure.
    — Mais son vêtement de matrone peut cacher des difformités, décréta Varius en rendant le portrait à sa grand-mère. Qui sait si elle n’est pas affreusement maigre ou énorme ? Peut-être est-elle couverte de boutons ?
    — Je peux t’assurer qu’elle est parfaite.
    — Qu’elle se présente devant moi dans une tunique transparente, décréta Varius d’un air hautain. Ainsi, je pourrai m’assurer de la qualité de la marchandise qu’on veut me refiler.
    Maesa sentit sa patience l’abandonner et une bouffée de colère lui monta aux tempes.
    — Cornelia Paula n’est ni une courtisane ni une génisse ! s’emporta la princesse. C’est la fille du plus grand juriste de Rome ! Il n’est pas question que tu formules une telle requête !
    — Je ne vois pas le rapport entre sa naissance et le fait qu’elle a peut-être des seins tombants ou de grosses fesses.
    — Cesse de parler comme ta mère, Varius ! Cesse de me provoquer, tu n’y gagneras rien !
    L’empereur s’apprêta à répliquer mais les yeux noirs de sa grand-mère l’en dissuadèrent immédiatement. Les pupilles dures de la vieille Syrienne lançaient à présent un éclair hostile et tellement menaçant qu’elles le firent vite ravaler ses propos.
    Dominé par une puissance supérieure à la sienne, il se sentit tout à coup comme une misérable petite bête devant un oiseau de proie, contraint de subir son regard homicide et de se soumettre à sa loi.
    — Quand devrai-je l’épouser ? demanda-t-il avec l’amertume de la capitulation.
    — Le plus vite possible. Plus tôt elle te donnera un héritier, mieux ce sera.

CHAPITRE XV
    Le mariage de Varius Antonin fut célébré le huitième jour précédant les nones (90) d’août.
    Le matin de ce jour fatidique, l’empereur, accompagné de sa famille et de ses courtisans, se rendit dans la maison de Paulus, située sur la colline de l’Esquilin, pour y retrouver sa fiancée.
    Il découvrit une jeune femme timide et silencieuse, habillée du costume requis par la tradition. Cornelia Paula avait revêtu une longue tunique sans ourlet, simplement maintenue par une ceinture

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