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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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prier en ce logis, sis à Aix même, à un jet de pierre du palais… un logis où à chaque instant l’on peut te joindre, est-ce une vraie retraite ? Frère Antoine, de passage ici – je t’apporte l’assurance de son respect et de son dévouement –, m’a vanté les mérites du monastère dans lequel il accomplit actuellement une récollection : une bibliothèque et des scriptoria bien pourvus, des clercs érudits, des écoliers studieux et des serviteurs zélés, une chapelle où l’on s’applique notamment à restaurer le chant dit grégorien avec les lumières de Théodore, fameux chantre romain, une vie dévote, harmonieuse, sous la conduite de l’abbé Magulphe…
    — Veux-tu parler de ce monastère de Gorze, fondé par Chrodegang, évêque de Metz du temps du roi Pépin ? Je le connais d’autant mieux que nombre de mes amis saxons et irlandais y ont séjourné et y séjournent encore et que mes travaux m’y ont conduit moi-même à deux reprises, naguère. En outre, j’apprécie Magulphe, homme de savoir, avisé et ferme.
    Le Saxon se caressa le menton.
    — Mais pourquoi, subitement, évoquer cette abbaye et pourquoi un tel panégyrique ? dit-il avec un léger sourire.
    — C’était à propos de frère Antoine, je crois, répondit le Goupil.
    — J’entends bien ! Mais, encore une fois, pourquoi ?
    — Cette abbaye, seigneur, n’est-elle pas digne à tous égards de t’accueillir pour la vraie retraite, aussi pieuse que studieuse, que tu appelles de tes vœux ? Une retraite qui, d’ailleurs, pourrait bien ne manquer ni d’intérêt ni d’utilité… à quelques lieues de Thionville…
    Erwin jeta à Timothée un regard amusé.
    — Vraiment ? dit-il simplement.

CHAPITRE II
    Childebrand tournait et retournait dans ses mains l’objet que Sauvat venait de lui remettre.
    — Quand as-tu découvert cela ? demanda-t-il.
    — A l’aube, devant la porte de la chambre que nous occupons Doremus et moi. Je m’étais levé un peu avant lui et je sortais pour aller à la fontaine quand j’ai vu cette peau qu’un lien maintenait enroulée autour de cette pierre… tout cela bien en vue sur je seuil… Nous te l’avons apportée, seigneur, immédiatement.
    — L’avez-vous déroulée ?
    — Non, évidemment. C’est tel que nous l’avons trouvé.
    Le comte défit l’attache, développa avec précaution le parchemin qui entourait un galet qu’il déposa sur une table. Il put lire alors, à haute voix, ce message : « Combien cette pierre pèse-t-elle de deniers ? »
    Perplexe, il examina le document pour voir si n’y était pas écrit autre chose que cette étrange interrogation. Puis il le tendit à Doremus. Celui-ci le plaça devant la lumière et la chaleur d’une torche pour mieux l’étudier. Il fit une moue de mécontentement.
    — Il va falloir, je le crains, se satisfaire pour l’heure de cette énigme, affirma-t-il. Cependant…
    Il reprit en main le parchemin.
    — … il nous fournit quand même quelques informations intéressantes. Cette peau est de qualité… et neuve. Il n’est pas exclu que nous puissions en découvrir la provenance. Les lettres sont bien formées ; celui qui a rédigé ce texte est, sans nul doute, un homme instruit, un clerc peut-être… Ce message a été écrit tranquillement, dans de bonnes conditions, et non à la hâte dans des difficultés. Il a plu cette nuit ; la peau est sèche. On a dû le mettre sur le seuil peu abrité de notre chambre, ce matin. Quant à l’écriture…
    Il montra le texte à Childebrand.
    — … tu as remarqué, seigneur, qu’elle était d’usage courant avant que ne se répande notre belle caroline ; on l’utilise encore en plusieurs pays. Enfin l’aspect de l’encre prouve une rédaction récente.
    — Et n’oublions pas, gronda le missus, qu’on a déposé cela sous notre nez, ce qui signifie que ces canailles ont des complices dans la place ou, pire, peuvent aller et venir à leur guise… Ventre-Dieu, nous narguer ainsi !…
    — Nous narguer, je ne sais, seigneur. Mais pourquoi ? Oui, pourquoi un tel défi… Ces voleurs et assassins sont parvenus, pour le moment, à leurs fins. Mais ils doivent bien se douter que tu n’auras de cesse, et nous avec toi, maître, que tu ne les aies découverts, fait arrêter, juger et condamner. Ils connaissent à coup sûr l’ampleur et la force des moyens dont tu disposes. Tout leur commande donc de se tenir loin, très loin de toi et de nous, avec leur butin. Et ils

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