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Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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d’un air préoccupé, comme si lui étaient venues à l’esprit des pensées désagréables, irritantes qu’il ne parvenait pas à chasser.
    — Sans doute, dit-il, dans des circonstances qui avaient tout pour susciter ton ressentiment, as-tu agi au mieux de tes intérêts en conservant la maîtrise de toi-même. Mais cela pouvait-il faire taire les effets de sa déloyauté ? Toute colère t’avait-elle quittée ? Étais-tu certaine, d’ailleurs, qu’avec ce Clodulf, bâtard de Charles, ta dame d’atour ne représenterait pas, quelque jour, bientôt peut-être, un danger pour toi-même et tes enfants, surtout en ces temps où l’empereur – tu ne l’ignores pas – fait rédiger, à toutes fins utiles, ses volontés testamentaires ?
    — Où veux-tu en venir, seigneur ? lui demanda-t-elle, subitement alarmée.
    — A Rikhilde et à ses enfants qui sont morts assassinés ! lança le missus dominicus.
    — Oui, par des bandits qui n’ont pas hésité à se frayer un chemin de sang vers le butin qu’ils convoitaient.
    — Est-ce si certain ?
    — Comment ? s’écria-t-elle stupéfaite. Mais ces crimes abominables ont été…
    Le comte l’interrompit d’un geste.
    — Je veux dire : est-il certain que le vol des coffres ait été le véritable objectif des bandits ?
    — N’ont-ils pas été emportés ?
    — Certes. Mais peut-on exclure qu’il n’ait été, en quelque sorte, que le déguisement de ces crimes, que la mort de Rikhilde et de ses enfants n’ait pas été leur vrai dessein ?
    Childebrand s’attendait qu’en énonçant cette supposition et en l’ayant rapprochée des sentiments de haine que Régina pouvait nourrir à l’encontre de Rikhilde – ce qui constituait, sans qu’elle fût formulée, une terrible accusation – il provoque une vive réaction, de l’indignation, de la colère, de véhémentes protestations. Au lieu de cela, la concubine du prince demeura droite sur son siège, le regard au loin, avec un air soucieux et seulement des mouvements de ses doigts qui trahissaient son émotion. « Quel sang-froid ! Quelle femme ! » pensa le Nibelung. Elle fixa les yeux sur lui.
    — J’ai très bien compris où tu voulais en venir, articula-t-elle sans élever la voix, avec un sourire dédaigneux. C’est tout simplement abominable et – permets-moi de te le dire – sans fondement, ni raison… ni digne de toi, ni digne de moi… mais peu importe pour l’heure ! Car voici beaucoup plus grave : ce que tu as avancé, à savoir que l’objet principal du coup de main était non le vol de deniers mais l’assassinat de Rikhilde et de ses enfants, dont le bâtard de Charles, était-ce seulement une vue de l’esprit ou bien cela repose-t-il sur des preuves ?
    — Crois-tu que je me serais engagé dans cette voie – oh ! bien à contrecœur ! – sans de solides raisons ?
    — Si solides en vérité ?
    — Aussi solides qu’elles peuvent l’être en l’état actuel de nos recherches.
    Régina respira profondément.
    — Tu affirmes donc et tu maintiens, seigneur, que les bandits – mais ne faudrait-il pas les appeler « tueurs à gages » ? – se proposaient ou plutôt avaient reçu l’ordre de passer par le logis attenant à celui qu’occupent Hunault et sa domesticité pour y tuer Rikhilde et ses fils ?
    — Assurément, je le maintiens, quelles que puissent être mon amertume et mon affliction. Mais pourquoi t’exprimer ainsi ?
    — Pourquoi, comte Childebrand ?… Oh ! j’aurais dû te le dire tout de suite, cela nous aurait épargné une douloureuse méprise. Quand, venant d’Aix, nous sommes arrivés en cette résidence, tard dans la journée, je me suis installée dans le logement qui avait été prévu pour me recevoir avec mes enfants et Blanche, dans l’aile droite du palais…
    Elle s’essuya le front où perlaient quelques gouttes de sueur.
    — … dans le logement qui jouxtait celui de Hunault !
    — Que dis-tu là ? s’écria Childebrand.
    — Oui, dans ce logement-là, et Rikhilde avec ses fils et Odile occupèrent celui qui avoisinait le mien.
    — Celui où nous nous trouvons ?
    — Celui-là même ! Au matin, après avoir passé la nuit dans mon premier logis, je m’aperçus qu’il était moins vaste que le séjour attribué, Dieu sait pourquoi, à ma dame d’atour, et qu’il était, de plus, mal situé par rapport aux appartements de l’empereur. En outre l’activité, dès l’aube, des domestiques de Hunault le rendait bruyant. Aussi

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