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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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quelques pierres sur le corps du moine. On le voyait toujours, mais quelqu'un jetant juste un œil dans le moulin pourrait ne pas y faire attention.
    — Nous allons chez M. de Tilly, lui dit-il. Il nous aidera.
    *
    En ce jour de la Transfiguration du Christ, Gaston était chez lui. Surpris de voir arriver Bauer et Marie, il écouta l'histoire de la domestique avec d'autant plus d'attention qu'elle ressemblait étrangement à celle de Mme Dufresne. Lorsqu'elle lui révéla que son confesseur était un moine de la Merci lui ayant proposé de l'exorciser, il lui demanda son nom.
    — Le père Clément, monsieur.
    Ce nom ne lui disait rien. Ce pouvait-il que ce soit celui de Mme Dufresne ?
    — Porte-t-il une barbe noire ?
    — Non, monsieur.
    Elle termina son histoire que Bauer compléta avec son arrivée et son intervention.
    — Le cadavre est-il encore là-bas ? interrogea Gaston.
    — Oui, monsieur. Mais on a dû me voir… on va me reconnaître… j'ai besoin de votre aide.
    Tilly réfléchit un moment avant de se rendre à la bibliothèque, où se tenait Armande, pour lui dire qu'il s'absentait pour l'après-midi. Après quoi, il écrivit une courte lettre à l'attention du greffier de la basse geôle du Châtelet, salle où l'on mettait les cadavres découverts sur la voie publique. Lorsqu'un corps arrivait, le greffier transcrivait sur un registre la nature de la dépouille et le chirurgien juré du Châtelet tentait de déterminer les causes du décès. Son mémoire se voyait ensuite transmis au commissaire du quartier où le corps avait été trouvé.
    Il glissa la lettre dans son pourpoint et partit.
    Le cheval de Bauer portait Marie en croupe, Gaston prit le sien. Au Temple, ils s'arrêtèrent afin d'aller voir le prévôt. Tilly obtint une charrette et deux archers. Ils se rendirent ensuite sur les fortifications et chargèrent le corps sur la charrette.
    — Bauer, ramène Marie rue des Blancs-Manteaux et rentre à Mercy demain. Tu raconteras tout ça à M. Fronsac et tu lui diras que je lui écrirai. Je m'occupe désormais de tout.
    Il ordonna ensuite à l'un des archers de porter le corps à la basse geôle et lui donna la lettre préparée pour le greffier. Après quoi, il repartit seul vers la rue de Notre-Dame-de-Nazareth. Il savait que Mme Dufresne avait repris son ancien logement et espérait bien la trouver chez elle en ce jour de fête, bien qu'elle eût désormais un travail de domestique.
    Elle était effectivement là avec sa sœur. Il lui demanda de l'accompagner au Châtelet pour reconnaître un cadavre. Bien qu'elle fût terrorisée à cette perspective, d'autant que Gaston l'avait prévenue d'une tête tranchée en son milieu, elle obéit et il l'emmena, en croupe sur sa monture.
    La basse geôle était constituée de deux salles en contrebas de la grande cour du Châtelet. On y entrait par une porte à gauche de l'escalier principal. La première pièce, minuscule, était le greffe. La seconde, beaucoup plus grande, se situait à presque une toise en dessous de la cour et on y accédait par quelques marches.
    Pendant longtemps, l'endroit avait servi de dépôt aux prisonniers pris en flagrant délit et dont on ignorait l'identité. Par des fenestrons, les gens de police venaient les morguer – c'est-à-dire les regarder – pour tenter de les reconnaître. Mais, depuis le début du siècle, comme la salle basse était toujours fraîche, on y déposait les cadavres trouvés dans les rues, ou dans la Seine, afin qu'un chirurgien ou un médecin juré vienne les examiner. Le nom de morgue lui était resté.
    Quand le greffier eut ouvert la porte et confirmé qu'on venait d'apporter le corps d'un moine à la tête fendue, Gaston fit descendre Madeleine Dufresne dans la grande salle.
    Les relents fétides de la mort les prirent à la gorge, mais après avoir subi les puanteurs du quartier de la Grande-Boucherie, cette odeur fade leur parut presque agréable. Sur quatre tables en bois aux pieds de fer étaient étendues cinq ou six dépouilles, dont deux noyés tout gonflés. Madeleine Dufresne eut un mouvement de recul et poussa un faible cri.
    M. de Tilly la prit par l'épaule et l'accompagna vers la silhouette à la robe de bure ensanglantée. La tête posée sur un côté, le profil du moine n'était pas trop défiguré.
    — L'avez-vous déjà vu ?
    — Oui, monsieur, murmura-t-elle. Chez moi.
    — Chez vous ?
    — C'était un ami de mon mari : le père Clément. Ils

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