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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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attroupement qui écoutait un chanteur de rue accusant Mazarin d'avoir enlevé le jeune Louis XIV :
    Nuitamment, ce perfide,
    A enlevé le Roy ;
    Le cruel mérite
    D'être mis aux abois.
    Faut sonner le tocsin,
    Din din !
    Pour prendre Mazarin !
    Mettez-vous sur vos gardes,
    Chargez bien vos mousquets ;
    Armez-vous de hallebardes,
    De piques et corselets.
    Faut sonner le tocsin !
    Din din,
    Pour prendre Mazarin !
    La foule autour reprenait en cœur :
    Faut sonner le tocsin !
    Din din,
    Pour prendre Mazarin !
    Décidément, les Parisiens ne pensent qu'à chanter et à persifler, même dans les situations les plus graves, ragea le prévôt des marchands.
    Au Parlement, on l'attendait. Dans la Grand-Chambre, on parlait déjà de mettre Paris en défense. Sans attendre, des bourgeois s'étaient d'ailleurs saisis de la porte Saint-Honoré. D'aucuns, bien informés, rapportaient que le prince de Condé avait assuré la reine qu'il prendrait Paris en quinze jours ; d'autres avaient entendu M. Le Tellier, ancien procureur du roi au Châtelet et bon connaisseur des problèmes de ravitaillement, affirmer que la fermeture des marchés affamerait vite la capitale.
    Le Parlement ordonna à son tour aux bourgeois de prendre les armes et de fermer les portes de la ville.
    *
    Au Temple, le comte de Bussy, revenu d'Autun, apprit très tôt le retrait de la Cour. Condé était parti, le siège de la ville allait commencer, et lui, fidèle du prince, serait certainement arrêté à la demande de la famille de Mme de Miramion. Il remplit donc ses malles et quitta sa maison. La porte du Temple étant déjà close, il se précipita à la porte Saint-Martin qu'il trouva heureusement encore ouverte. Son carrosse fila à grand train vers Saint-Germain.
    *
    Ce fut la cuisinière de Gaston, de retour de la boulangerie avec du pain frais, qui annonça à son maître la fuite du roi. Tilly se rendit aussitôt chez Séguier, où il apprit que le chancelier était parti. Il essaya d'en savoir plus au Palais-Royal, mais tout était fermé. On lui confirma seulement le départ du roi vers Saint-Germain. Il rentra chez lui en ne sachant que faire. Rejoindre la Cour ? Il n'en avait pas reçu l'ordre et que ferait-il à Saint-Germain ? De surcroît, il refusait de laisser Armande seule. Aussi décida-t-il d'attendre.
    *
    Le lendemain, un lieutenant des gardes du corps du roi vint au Parlement déposer une lettre de cachet par laquelle Sa Majesté ordonnait aux parlementaires de se rendre à Montargis y attendre ses ordres. Le Parlement, déterminé à ne pas obéir, rendit la lettre au lieutenant et en donna une pour la reine où il lui demandait, respectueusement, de nommer ses membres accusés d'avoir intelligence avec les ennemis de l'État. La majorité des parlementaires souhaitant l'accommodement, ils envoyèrent une députation à Saint-Germain, mais la reine refusa de la recevoir. Aussi, en soirée, la rébellion prit-elle le dessus sur la conciliation.
    Deux jours après le départ de la Cour, le Parlement déclara la ville fermée et le cardinal Mazarin ennemi du roi et de l'État, et perturbateur du repos public. Un décret enjoignit à tous les sujets du royaume de lui courir sus. Il fut décidé en outre que le prévôt des marchands lèverait quatre mille chevaux et dix mille hommes de pied. Dans ce but, chaque conseiller promit de donner cinq cents livres et exigea que chaque porte cochère paye cinquante écus.
    Ce soir-là, l'avocat Charles Régus – le futur mari d'Angélique – vint voir Armande et Gaston. Il leur annonça savoir de source sûre que le duc d'Elbeuf avait quitté la Cour pour venir offrir ses services aux magistrats, et que le duc de Bouillon, resté à Paris, s'était aussi déclaré en faveur du Parlement. On murmurait que d'autres grands envisageaient la rébellion, malgré les dix mille soldats placés par le prince de Condé autour de Paris pour arrêter les convois de nourriture.
    Mais ce n'était pas seulement dans ce but que M. Régus était venu. Il voulait prévenir Gaston que Broussel, le coadjuteur, et quelques autres conseillers radicaux, proposeraient le lendemain aux chambres du Parlement de réactiver la taxe de Corbie, impôt décidé en 1636 pour lever une armée afin d'arrêter les Espagnols, après la défaite du même nom. Chaque conseiller, président et maître de requêtes devrait payer cinquante mille livres.
    Gaston ne possédait que quelques milliers de livres ! Si on

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