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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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coadjuteur ayant été l'ami de Louis plus que le sien. Il n'ignorait rien de son ambition insatiable, de son manque de scrupule, de son imagination féconde. Tout était bon chez lui pour parvenir à ses fins, notamment la religion et les femmes. Gaston désapprouvait les intrigues qu'il menait avec Fontrailles et Montrésor, les princes qu'il corrompait, les pamphlétaires qu'il payait pour attaquer la reine. Et pourtant, confusément, il gardait intacte son amitié envers Don Moricaud.
    Il espérait juste que celui-ci lui conservait aussi la sienne, car il allait lui réclamer un grand service.
    La pluie redoublait et l'eau avait encore monté. Entre deux maisons du Pont-au-Change, il aperçut la Seine, sombre et boueuse, qui charriait des troncs d'arbre. Plusieurs moulins flottants avaient déjà été emportés. Dans la Cité, les rues étaient inondées de plus d'un pouce. La cour du petit archevêché était aussi couverte d'eau. On entendait la rivière gronder, menaçante, toute proche. Malgré l'eau, la cour débordait de voitures et de montures et Gaston eut du mal à trouver quelqu'un pour s'occuper de son cheval. Un valet l'introduisit enfin auprès de l'intendant qui se trouvait dans l'antichambre.
    Tilly lui déclina son identité. Le maître d'hôtel l'écouta sans dissimuler qu'il lui faisait perdre son temps.
    — Beaucoup de monde attend pour rencontrer monseigneur, répondit-il d'un ton las. Même M. de Bouillon patiente en ce moment dans la grande salle, alors que monseigneur n'aura peut-être pas le temps de le voir… En outre, si l'eau monte encore, nous devrons déplacer tous les meubles à l'étage et les entretiens seront reportés à demain…
    Une vraie fin de non-recevoir.
    Gaston, peu patient, n'hésitait pas à forcer les portes. Mais au bas de l'escalier qui conduisait à l'appartement du coadjuteur se tenait une vingtaine de gentilshommes solidement armés avec, à leur tête, M. de Bragelonne. Il n'avait donc aucune chance. En cette période de rébellion générale, il ne pouvait en outre utiliser sa position.
    Il tentait de contenir sa rage quand il aperçut l'abbé Ménage en train de se rendre dans la grande salle. Il le héla.
    — Monsieur de Tilly ! Venez-vous, vous aussi, proposer vos services à monseigneur ? sourit le prêtre, avec une ombre de malice.
    — Pas vraiment, monsieur l'abbé. Il s'agit d'une affaire personnelle, et très urgente. Avez-vous un moyen de prévenir M. de Gondi que je souhaite le voir ? Je ne serai pas long.
    Le visage de Ménage se referma.
    — Je crains que ce ne soit pas possible, monsieur de Tilly. M. le coadjuteur est en réunion avec M. Broussel et d'autres conseillers. Il doit ensuite recevoir M. de Bouillon, puis MM. Fontrailles et Montrésor, et après encore M. le duc d'Elbeuf… Nous attendons, un peu plus tard, M. de Beaufort, murmura-t-il pour conclure.
    Beaufort ! Le duc était donc de retour ! Il ne manquait plus que le roi de Paris pour que le désordre soit complet ! songea Gaston, affligé.
    — Je vous en prie, dites seulement à M. de Gondi que je suis là ! Nous nous sommes connus au collège. Je suis son plus vieil ami, rappelez-le-lui ! J'ai besoin de le voir, en souvenir du passé !
    Après une brève hésitation, l'abbé hocha la tête.
    — Monsieur Rousseau, ordonna-t-il sèchement à l'attention de l'intendant (qu'il détestait), accompagnez M. de Tilly dans la grande salle. Je reviendrai dans un moment lui dire ce qu'il en est.
    *
    Une magnifique flambée réchauffait la grande salle, pleine de monde. Les bancs, les chaises et les fauteuils étant tous occupés, beaucoup de visiteurs se tenaient debout. Deux laquais servaient vin chaud et pâtés de volaille. Gaston balaya la pièce des yeux, plusieurs personnes le considérèrent aussi avec surprise, d'autres avec intérêt. Il reconnut des conseillers du Parlement et de la Cour des aides, des procureurs, des avocats, mais peu de gentilshommes. Lui-même se rapprocha de la cheminée, adressant juste un signe de politesse au marquis de Fontrailles, qui était en compagnie du marquis de Sévigné et du comte de Montrésor.
    Le sol était sale, couvert de boue et de crotte. Deux chiens sommeillaient près de l'âtre. Il tenta de faire sécher son manteau devant les flammes. Il aperçut alors Guy Joly, qui l'ignora, puis Robert Miron, le colonel du quartier de Saint-Germain-l'Auxerrois, en compagnie d'un autre conseiller. Celui-ci se leva pour,

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